Le nouveau stade olympique de Tokyo,
« un éléphant blanc » japonais

Lorsque l’architecte irako-britannique Zaha Hadid remporta le concours international pour un nouveau stade olympique de 80.000 places pour les JO de Tokyo de 2020, rien ne présageait que les choses prendraient une telle tournure. Et pour cause, son projet semblait le mieux correspondre aux nouvelles attentes du cahier des charges du CIO pour le stade : une capacité de 80.000 spectateurs, un toit rétractable, mais surtout un stade avec une excellente performance environnementale, réutilisable, et qui s’intègre dans le contexte urbain.

Mais dés la fin 2012, après avoir été accepté, le projet a du faire face à de vives critiques d’architectes (qualifiant le stade de « monstruosité de 80.000 places »), de l’opinion publique et des politiques, à propos de son esthétique et de son coût. Ce mouvement d’opinion pris ayant de plus en plus d’ampleur, le premier ministre Shinzo Abe a ordonné le 17 juillet 2015 l’abandon du projet et a lancé un nouvel appel d’offres.

Les raisons de la contestation du projet,
et de sa remise en cause

Le premier problème qui est apparu assez rapidement est celui du prix. Alors qu’en 2012 le stade devait coûter 946 millions d’euros, le Conseil japonais des sports (JSC) a révélé le 7 juillet 2015 que le stade devrait coûter 1,9 milliard d’euros, bien plus que n’importe quel stade olympique. Ce prix a été justifié par le dirigeant du JSC, Musao Yamazaki, par le fait que seules quelques entreprises peuvent le réaliser. Le cabinet de Zaha Hadid rétorque que cette augmentation ne peut pas découler du design car les matériaux et les techniques utilisés sont connus.

Le coût annoncé, ainsi que l’opacité entourant le projet, ont déplu aux Tokyoïtes, qui y ont vu un nouvel exemple d’échange secret entre politiciens, bureaucrates et businessmans. Ils leur reprochent d’utiliser des moyens très importants pour le stade, alors que les zones détruites par le séisme et le tsunami de mars 2011 doivent encore être reconstruites. De plus, le gouverneur de Tokyo, Yoichi Masuzoe, n’a pas voulu contribuer au financement du stade (à hauteur de 371 millions d’euros) comme l’avait exigé le gouvernement national.

Enfin, les raisons de la contestation sont d’ordre esthétique et urbanistique. En effet, alors que le projet a été sélectionné par un jury présidé par l’architecte Tadao Ando, un collectif de plusieurs architectes, les « Gardiens du Stade national » s’est formé en 2014 pour protester contre « la monstruosité de 80.000 places ». Le qualifiant « de casque de vélo », moquant sa forme sur Internet en parodiant le stade en WC ou en grille-pain. Si les raisons esthétiques et urbanistiques ont largement été utilisées, le fait que l’architecte du stade ne soit pas japonais a aussi bien sûr déplu aux Gardiens du Stade national.

De plus, la destruction du stade national pour construire le stade olympique, son impact environnemental sur le quartier vert des jardins extérieurs du sanctuaire Meiji, ont fortement déplu aux architectes. Et les tokyoïtes, qui utilisent ces espaces comme lieu de promenade sont également montés au créneau. Finalement, l’impact environnemental a été jugé préoccupant à un moment où Tokyo souhaite organiser des JO verts, en contradiction avec les faibles mesures prises par le Japon pour la COP-21.

Et maintenant ?

Des sportifs médaillés comme Yuko Arimori ont critiqué le projet, des manifestations ont été organisées, et même si les partisans du projet continuent à le défendre, que va-t-il se passer ? Le cabinet de Zaha Hadid a fait connaître son agacement et sa profonde déception, mais n’a pas décidé pour le moment d’engager une procédure. Un nouvel appel d’offres a donc été lancé, comme l’a annoncé le ministre des sports Hakubun Shimomura, avec pour objectif de choisir un nouveau projet en janvier 2016, parmi les architectes japonais, et de terminer ce nouveau stade d’ici au printemps 2020.

Malheureusement, cette échéance implique que le Japon ne pourra finalement pas accueillir la coupe du monde de rugby de 2019, et la fédération de rugby a exprimé « sa profonde déception » en attendant des précisions.

Si, comme le rappelle un éditorial du 18 juillet dans le journal de centre gauche Asahi, « la pagaille autour du stade révèle la réalité de la politique japonaise : les gens au pouvoir agissent pour eux en usant de leur influence », ce stade olympique est un autre exemple « d’éléphant blanc ». Ces projets controversés pour des raisons plus ou moins claires, le plus souvent financières, comme le Centre des Congrès de Lyon ou l’EPR de Flamanville. Cependant, si la tendance aux « éléphants blancs » semble à la baisse en France, cet exemple japonais doit rappeler que nous ne sommes pas à l’abri d’un tel imbroglio.

Forestier Arnaud.
Étudiant à l’Institut français de géopolitique

Le Corbusier dans le 13ᵉ arrondissement
La péniche Louise-Catherine (1929-1930)

La péniche Louise-Catherine (1929-1930) - Photographie : J.-F. E.

La péniche Louise-Catherine (1929-1930) – Photographie : J.-F. E.

♠ La péniche a été construite en 1919 pour alimenter Paris en charbon à partir de Rouen. Elle est alors appelée « Liège ». Elle est construite en béton en raison de la pénurie d’acier dans cette période, est longue de 70 m et large de 8 m, et elle pèse 700 tonnes.

♠ Désaffectée après guerre, la péniche est alors transformée en asile flottant, après avoir été rachetée en 1929 par l’Armée du Salut. Elle est baptisée « Louise-Catherine » du nom de Louise-Catherine Breslau, peintre et amie de Madeleine Zillhardt qui a financé le projet et de la princesse Singer de Polignac, mécène de l’Armée du Salut qui impose Le Corbusier, déjà engagé dans le projet de la Cité de refuge. Celui-ci, amateur de cargos, y aménage trois « nefs » où sont installés des dortoirs de 64 places chacun avec autant de casiers de rangement, un réfectoire de 36 places, une cuisine, des sanitaires, deux appartements pour le directeur et pour le marinier, un jardin suspendu. La surélévation du pont permet d’éclairer et de ventiler le corps du navire où sont installés à chaque extrémité les deux dortoirs, séparés par un bloc de service. L’architecte crée des soupentes pour casser les volumes, et il érige 36 poteaux en ciment armé qui portent le toit-terrasse et libèrent les façades de leur fonction porteuses selon un qui principe sera repris dans la maison « Dom-Ino ». Cet aménagement est en effet l’occasion d’expérimenter des théories de Le Corbusier qui seront développées par la suite. On peut noter aussi que les mesures de la péniche sont calées sur le futur Modulor qui servira à déterminer la structure et la taille des unités d’habitation.
La péniche doit accueillir des personnes en difficulté et servir l’été de colonie de vacances. La Louise-Catherine, inaugurée le 1er janvier 1930, connaît plusieurs emplacements sur la Seine : au Pont des Arts, à Saint-Germain-en-Laye puis au Pont d’Austerlitz. Elle est utilisée jusqu’en 1994 où elle est fermée pour des raisons de sécurité, la coque prenant l’eau.

♠ Après quelques années d’incertitudes, la péniche fortement délabrée est finalement revendue par l’Armée du Salut en 2006. L’association Louise-Catherine veut en faire un centre dédié à l’architecture. La restauration en a été confiée à l’agence Acyc. L’objectif de l’association Louise-Catherine, créée pour l’occasion, est de préserver et de faire revivre cette œuvre, emblématique de la modernité du 20e siècle et de « l’Esprit nouveau » et de rendre visible et lisible la péniche depuis les quais, le pont d’Austerlitz, les bateaux-mouches et le métro aérien. La restauration consiste à aménager trois nouvelles nefs en béton et de nouveaux accès, notamment pour les personnes à mobilité réduite. Pendant la durée des travaux, une structure métallique nommée Springtechture, réalisée par l’architecte Shuhei Endo, doit envelopper la péniche. C’est un gigantesque ruban métallique flottant, composé de trois séquences. La restauration est soutenue par la Drac, la Fondation Le Corbusier, la mairie de Paris et celle du 13e. Un appel à projets a été lancé par Ports de Paris désireux d’animer cette partie des berges.
Au moment de l’acquisition un état des lieux a été dressé par Michel Cantal-Dupart, président de l’association Louise-Catherine : examen de la coque pour sauvegarder la barge et identification des éléments d’origine (2 châssis, l’escalier principal, les soupentes, les placards, les poteaux).
La péniche doit devenir non seulement un lieu d’accueil, de rencontres et d’exposition sur l’architecture et sur Le Corbusier mais doit aussi rappeler son histoire.

Cinq patrimoines doivent être mis en valeur :

  • La barge en béton. Elle doit rendre visible la structure du bâtiment et permettre une lecture de l’histoire technique des bateaux en béton, une réflexion sur la rencontre entre construction navale et béton armé.
  • Le nom « Louise-Catherine ». C’est un hommage aux grandes figures des bienfaitrices, de l’Armée du Salut.
  • L’œuvre de Le Corbusier. Il s’agit de remettre en valeur l’aménagement de 1929 en rétablissant la lumière grâce à la restauration des châssis et guillotines, en retrouvant les couleurs d’origine et la perspective des 3 nefs (par enlèvement des ajouts), en restaurant l’inscription Louise-Catherine, le mât, les escaliers et soupentes, les casiers et placards, en réinstallant les cloisons, en terminant le jardin-suspendu jamais achevé.
  • La solidarité 1929-1994. L’histoire des 65 ans d’accueil des « sans-adresse, sans-repos, sans-taudis » doit faire l’objet d’une exposition d’archives de l’Armée du Salut (journaux, photos, films…).
  • Le patrimoine du futur « créer dans le créé » 2013-2023-3033. La Louise-Catherine synthétise les vingt premières années de travail de Le Corbusier selon M. Cantal-Dupart. C’est un point d’appui pour la réflexion, l’étude.

Ce « bateau-savoir » témoignera donc de l’histoire du lieu, sera un lieu d’exposition, de rencontres, d’information, d’éducation. Des partenariats doivent être établis avec des écoles et des universités : chantiers-écoles, formation qualifiante sur « la promotion du fleuve »… Ce sera un lieu culturel consacré à l’architecture fluviale : photos, vidéos, installations, et interventions d’artistes, inventions scénographiques.


Bibliographie

  1. L’asile flottant de l’Armée du Salut 1929-1930. Gilles Ragot, Mathilde Dion, Le Corbusier en France, Le Moniteur, 1997, p. 44.
  2. La Louise-Catherine : la péniche Le Corbusier. Décembre 2008, 20 pages.
  3. Aurélie Jacques, La péniche secrète de Le Corbusier. Inouï. C’est en réalisant cette œuvre que l’architecte a mis au point nombre de ses théories. Le Point, 18 octobre 2012.
  4. « Louise-Catherine » et Le Corbusier sont dans une péniche, Le Monde, 11 avril 2013.
  5. Olivier Flandin, La péniche en béton de Le Corbusier devient un centre sur l’architecture. Le Monde, 23 mai 2013.
  6. La péniche en béton de Le Corbusier transformée en centre d’architecture sur le quai d’Austerlitz. 28 mai 2013.
  7. Christophe Riedel, Péniche Le Corbusier restaurée : automne 2015. Parallèles potentiels, 20 octobre 2014.
  8. Édito, vidéo photos « 1919-1920 », « aujourd’hui », « demain » sur le site de Louise-Catherine SAS.
  9. Michel Cantal-Dupart, Avec Le Corbusier. L’aventure du « Louise-Catherine ». CNRS éditions, 2015.

Jean Walter et les Z : deux livres d’aventures à découvrir

Jean-Pierre Clerc, Jean Walter & Zellidja, ou le devenir-homme, éd. Kéraban, 2010, et Z, dix mille voyages initiatiques, éditions Barakah, 2011.

Zellidjalogo

L’auteur, habitant du 13e, ancien Zellidja et ancien journaliste du Monde, commence par nous conter la vie de Jean Walter. On connaît en tant qu’architecte le parcours de celui qui a débuté avec les maisons jardins, comme celles de la pittoresque « Petite Alsace » nichée dans la pente de la rue Daviel. Il s’est aussi illustré dans l’architecture hospitalière qu’il a contribué à renouveler. Son nom, associé à celui de Paul Guillaume, évoque par ailleurs la belle collection de tableaux impressionnistes rassemblés au musée de l’Orangerie. On sait moins que, jeune homme aventureux, il a sillonné à bicyclette les routes d’Europe ; convaincu du rôle pédagogique d’expéditions, menées dans la prime jeunesse avec un objectif de découverte qui va bien au-delà d’un simple voyage touristique, il a voulu en faire bénéficier des jeunes de 16 à 20 ans, en leur accordant une bourse, volontairement modeste. Il fallait partir seul, se débrouiller et, au retour, rendre un compte-rendu écrit. Les boursiers apprenaient à écouter, à voir, à être responsables et à prendre confiance en eux.

Jean Walter a pu financer ces bourses, grâce aux gains considérables réalisés dans l’exploitation d’une mine de plomb située au Maroc au lieu-dit Zellidja. C’est donc ce nom qui a été donné à la Fondation qu’il a créée en 1951. C’est ce même nom qu’a pris l’association constituée par des anciens « Z » pour se retrouver, s’entraider et faire connaître le dispositif aux générations postérieures. Grâce à leur conviction et à la satisfaction d’avoir pu vivre une telle expérience, Zellidja a pu survivre, malgré de nombreuses péripéties et, après 1968, une interruption de quelques années.

Au 60 de la rue Regnault, dans le 13e, est installée l’association Zellidja : vous pouvez vous y procurer ces deux livres qui relatent la genèse et l’évolution de la Fondation et de l’association Zellidja. Le dispositif d’origine s’est adapté en cours de route : le terrain d’aventure, d’abord métropolitain, s’est rapidement élargi au vaste monde ; les rapports de voyage font désormais appel aux multimédias ; le recrutement s’est démocratisé ; et, surtout, les jeunes filles y ont été « admises » et sont devenues largement majoritaires.

Ces livres nous font découvrir la richesse des expériences privilégiées dont ont bénéficié plus de 10 000 boursiers, et montre leur esprit de solidarité, l‘esprit « Z ».

www.zellidja.com

Qu’entend-on par Grand Paris ?

Carte du Grand Paris

L’idée d’un Grand Paris débordant des limites de la capitale a plusieurs fois été évoquée depuis le début du siècle dernier. La ville de Paris (2,24 millions d’habitants) ne couvre en effet que 100 km² alors que le territoire aggloméré (5,58 millions d’habitants) s’étend sur près de 1 600 km², soit une superficie comparable à celle de la ville de Londres (Greater London). L’idée progresse dès le début des années 2000, aussi bien du côté de la Ville de Paris que du côté de l’État, suite à l’« Appel pour le Grand Paris » lancé en mars 2005 par un groupe d’urbanistes, d’architectes et d’experts qui demandent la création d’un atelier de la métropole parisienne.

C’est ainsi que le 7 juillet 2006, 42 élus se rassemblent autour d’enjeux communs (les déplacements, le logement, le développement économique) dans le cadre de la Conférence métropolitaine, en réponse notamment à l’appel du Maire de Paris et du président de la Région, tandis qu’un an plus tard l’État propose des pistes de réflexion pour l’aménagement de la métropole parisienne.

Le discours-programme de Nicolas Sarkozy pour la Région d’Île-de-France (26 juin 2007)
Alors que le Schéma directeur de l’Île-de-France (SDRIF) est en cours de mise au point par la Région (sur la base d’une structuration de la zone dense par des rocades de transport en commun), le président de la République expose sa vision du développement de la métropole parisienne dans son discours d’inauguration du satellite nº 3 de l’aéroport Charles-de-Gaulle.

Il identifie quatre leviers de changement :

  • les infrastructures avec la construction de transports en commun circulaires,
  • l’urbanisme, avec le développement de l’habitat collectif en centre-ville et de l’habitat individuel en périphérie,
  • la recherche et l’enseignement supérieur, avec le renforcement de l’attractivité des campus universitaires,
  • l’organisation des pouvoirs, Paris étant la seule agglomération de France à ne pas avoir de communauté urbaine.

Nicolas Sarkozy propose une mobilisation des administrations concernées pour étudier ces questions et définir une stratégie, ainsi que le schéma directeur correspondant, à adopter fin 2008 au cours d’un Comité interministériel d’Aménagement du territoire dédiée à l’Île-de-France.

Le discours de Nicolas Sarkozy sur un projet de « Grand Paris » (17 septembre 2007)
Les propositions du président de la République se précisent quelques mois après dans son discours d’inauguration de la Cité de l’architecture. Il annonce son intention de lancer, par le biais de cabinets d’architectes français et internationaux, un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager pour contribuer à la définition d’un nouveau projet d’aménagement global du « Grand Paris ». Dans la foulée (27 décembre 2007), le ministère de la Culture lance une consultation internationale en vue de sélectionner dix équipes pluridisciplinaires chargées de produire des idées d’aménagement de la métropole du 21e siècle.

La création d’un Secrétariat d’État au Développement de la Région Capitale (18 mars 2008)
Christian Blanc est nommé Secrétaire d’État en charge du développement de la Région Capitale, avec pour mission de définir une vision pour la Région Capitale à l’horizon 2030, avec de grandes opérations d’aménagement (Plateau de Saclay, Plaine de France) et les réseaux de transport nécessaires au bon fonctionnement régional. Le Secrétaire d’État participe également à la consultation internationale sur le Grand Paris, les dix équipes d’architectes-urbanistes sélectionnés devant « produire des scénarios de développement du territoire de la Région Capitale à partir d’un diagnostic global ».

De 2008 à 2009 : parallèlement aux réflexions du gouvernement, les collectivités locales de l’Île-de-France poursuivent leurs actions en matière d’aménagement.

Le lancement des assises de la Métropole (25 juin 2008)
Plus de 200 élus faisant partie de la Conférence métropolitaine, réunis à la Plaine-Saint-Denis, lancent les bases d’un « syndicat mixte » pour tenter de peser face au gouvernement dans les projets d’aménagement de la métropole parisienne. Les statuts de ce syndicat sont élaborés dès octobre 2008 et leur validation en avril 2009 se concrétise par la création du Syndicat Mixte Paris-Métropole le 10 juin 2009.

L’adoption du SDRIF par le Conseil régional d’Île-de-France (25 septembre 2008)
Le SDRIF adopté prévoit une structuration de l’agglomération dense par une ligne de métro circulaire reliant les lignes de métro prolongées en banlieue et les différentes lignes ferroviaires.
Le document présente trois tracés possibles, au sein d’un fuseau irriguant la Première Couronne, pour ce projet de métro dénommé Arc Express.

La mise au point d’Arc Express
Le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif) affine le projet Arc Express dont il précise les tracés, les coûts et le mode de fonctionnement. Pris en considération par le Conseil d’administration du Stif en juillet 2009, le projet fait l’objet d’une saisine de de la Commission nationale du débat public (CNDP) qui approuve en septembre 2009 l’organisation d’un débat public sur Arc Express.

Après l’inauguration de l’exposition « Le Grand Paris de l’agglomération parisienne » par Nicolas Sarkozy, l’appellation Grand Paris tend à se focaliser sur le projet de métro.

La présentation des résultats de la Consultations des architectes-urbanistes (mars 2009)
Les dix équipes d’architectes-urbanistes chargées de donner leur vision de la future agglomération parisienne présentent leurs projets lors d’un débat « Le Grand Paris – À la recherche de nouveaux équilibres »  organisé par la Cité de l’architecture et du patrimoine. Ils prônent la multiplication de métros aériens, de tramways, de bus rapides, mais leurs projets n’auront pas de suite et la vedette leur est volée un mois plus tard par l’annonce du projet de métro du Grand Paris.

Le discours de Nicolas Sarkozy lors de l’inauguration de l’exposition « Le Grand Paris de l’agglomération parisienne » consacrée aux travaux des architectes-urbanistes (avril 2009)
Dans son discours, le président de la République annonce la création du métro du Grand Paris conçu par Christian Blanc. Destiné à relier les pôles d’excellence situés tout autour de la capitale, le projet se compose d’une double boucle et du prolongement de la ligne 14 jusqu’aux deux aéroports internationaux, ce qui totalise une longueur de 130 km. Le financement du projet, d’un coût de 21 milliards d’euros, doit faire l’objet d’une recherche de nouvelles sources, dont la valorisation foncière. Cette recherche est confiée à Gilles Carrez, rapporteur général de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, qui remet son rapport en septembre 2009. Ce dernier précise que les recettes liées à la valorisation foncière et immobilière ne doivent pas faire illusion et propose d’associer les Collectivités territoriales à la politique d’aménagement dans le cadre de contrats d’aménagement.

Le premier semestre 2010 voit la mise en place d’outils institutionnels pour la réalisation du Grand Paris, en particulier pour le projet de métro.

La création de l’Atelier international du Grand Paris (février 2010)
Un Atelier International du Grand Paris regroupant les dix équipes d’architectes-urbanistes est créé, afin de les rassurer en leur prouvant que le Grand Paris ne se limite pas à un projet de transport. Les architectes-urbanistes pourront travailler ensemble pour modeler le Grand Paris, le faire évoluer et l’enrichir.

La promulgation de la loi relative au Grand Paris (3 juin 2010)
La loi établit les fonctions du Grand Paris et précise les moyens prévus pour sa mise en place :

  • L’élaboration et les outils de mise en œuvre du réseau de transport public du Grand Paris, pour lequel l’organisation d’un débat public a été validée par la CNDP en avril 2010.
  • La création de la Société du Grand Paris, établissement public chargé de concevoir et d’élaborer le schéma d’ensemble et les projets d’infrastructures composant le métro du Grand Paris et d’en assurer la réalisation en tant que maitre d’ouvrage.
  • Le développement territorial et les projets d’aménagement, à partir de Contrats de développement territorial (CDT) pouvant être conclus entre le représentant de l’État dans la région et les communes et les établissements publics de coopération intercommunale ; la région et les départements territorialement concernés peuvent également, à leur demande, être signataires des contrats.
  • Les dispositions relatives à l’établissement public d’aménagement de Paris-Saclay.

Le projet de métro du Grand Paris est en concurrence avec le projet Arc Express, jusqu’à l’accord de janvier 2011 entre l’État et la Région Île-de-France.

Deux débats publics menés en parallèle (30 septembre 2010 – 31 janvier 2011)
En mai 2010, les députés et les sénateurs, répartis en commission paritaire, s’accordent sur le lancement de deux débats publics, un pour le métro du Grand Paris, l’autre pour Arc Express. Ces débats démarrent simultanément le 30 septembre 2010 pour une durée de quatre mois.

Signature du protocole d’accord État-Région sur le projet de métro Grand Paris Express (26 janvier 2011)
Quelques jours avant la clôture des deux débats publics, l’État et la Région se mettent d’accord sur la réalisation d’un projet de métro dénommé Grand Paris Express constitué :

  • du projet de métro du Grand Paris de l’État,
  • de deux arcs de métro, à la charge de la Région, irriguant respectivement la proche banlieue ouest (Hauts-de-Seine) et la proche banlieue est (Seine-Saint-Denis).

Dans cet accord, l’État apporte un certain nombre de garanties, notamment des garanties financières complémentaires pour le Plan de Mobilisation pour les transports de la Région.

Les principales composantes du Grand Paris se précisent au cours du premier semestre 2011.

Extension de l’Atelier International du Grand Paris (AIGP)
L’Atelier International du Grand Paris bénéficie des adhésions successives du Syndicat mixte Paris-Métropole (11 mars 2011), de la ville de Paris (29 mars 2011) et de la région Île-de-France (8 avril 2011), ce qui met les collectivités locales et l’État à parité dans la gouvernance de l’AIGP.

Présentation du schéma d’ensemble du métro Grand Paris Express (mai 2011)
La société du Grand Paris présente le projet de métro arrêté suite aux accords intervenus avec la Région. La ligne 14 ira bien jusqu’à l’aéroport d’Orly mais elle ne sera plus prolongée jusqu’à l’aéroport de Roissy comme prévu initialement ; son terminus nord sera Saint-Denis-Carrefour Pleyel, important nœud d’échanges avec la ligne La Défense-Roissy et les deux arcs proches rajoutés par la Région. Le projet de métro Grand Paris Express comptera 160 km, desservira 72 gares et coûtera 32,4 milliards d’euros (y compris le coût de lignes supplémentaires à la charge de la Région) ; la mise en service du projet s’effectuera par phases successives à partir de 2017 (jusqu’au-delà de 2025).

Lancement des Contrats de développement territorial (décret du 24 juin 2011)
Le décret précise le contenu des Contrats de développement territorial prévus dans la Loi relative au Grand Paris pour permettre au nouveau métro de produire pleinement ses effets sur le développement local. Ce sont des outils de planification et de programmation pour la mise en œuvre des objectifs du Grand Paris, notamment en matière d’urbanisme, de développement économique, de logement. Concentrés en zone dense, les CDT couvrent aussi quelques secteurs de la Grande couronne. Il s’agit d’engagements de principe sur un projet de territoire entre l’État, les communes et les intercommunalités, pour une durée fixée par les partenaires (à défaut quinze ans).

Peu de temps après son élection à la présidence de la République, François Hollande lance le projet de Métropole parisienne.

Le discours de François Hollande à l’Hôtel de ville de Paris (15 mai 2012)
Dans son discours, le président de la République s’engage à « créer les conditions nécessaires à l’émergence d’une métropole parisienne capable d’affronter, à l’échelle pertinente, tous les défis qui se présente à elle, en s’appuyant sur une structure qui existe et qui a fait ses preuves : Paris-Métropole. La nouvelle confédération métropolitaine disposera de pouvoirs réels, notamment en matière de logement, puisque c’est là l’enjeu le plus immédiat et le plus urgent pour les familles ».

Le discours du premier ministre à l’université de Marne-la-Vallée (6 mars 2013)
Jean-Marc Ayrault apporte un certain nombre de précisions concernant l’évolution du Grand Paris :

  • L’État et les collectivités locales, notamment la Région, se sont mis d’accord sur le financement d’un projet de transport régional à mettre en service progressivement jusqu’en 2030. Ce projet, du nom de Nouveau Grand Paris comprend le projet de métro Grand Paris Express et tous les autres projets de transports en commun régionaux faisant l’objet de Contrats de projets Etat-Région, dont des investissements lourds de modernisation des réseaux ferrés,
  • L’espace métropolitain doit se structurer de manière privilégiée autour de grandes intercommunalités qui conforteront la logique des Contrats de développement Territorial. La dynamique des territoires (périmètres géographiquement continus regroupant au moins 300 000 habitants) de l’île de France doit être soutenue par une nouvelle gouvernance et, sur la base de la nouvelle carte intercommunale, sera créé l’établissement public de la Métropole parisienne le 1er janvier 2016.

La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (27 janvier 2014)
Le projet de loi vise en premier lieu à clarifier les responsabilités des collectivités territoriales et de l’État. En second lieu, il entend conforter les dynamiques urbaines en affirmant le rôle de trois métropoles (la Métropole de Paris, la Métropole de Lyon et la Métropole d’Aix-en-Provence). Le texte comprend également diverses mesures concernant ces métropoles et précise que leurs compétences porteront sur l’aménagement de l’espace métropolitain, la politique locale de l’habitat, le développement et l’aménagement économique, social et culturel, la protection et la mise en valeur de l’environnement, la politique du cadre de vie. Les dispositions spécifiques à l’île de France précisent que sera créé, le 1er janvier 2016, un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre à statut particulier dénommé la « Métropole du Grand Paris ».

Le décret relatif à la mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris (19 mai 2014)
Le décret précise les règles d’organisation et de fonctionnement de la mission de préfiguration chargée de préparer les conditions juridiques et budgétaires de la création, au 1er janvier 2016, de l’Établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre de la métropole du Grand Paris. Pour son fonctionnement, la mission s’appuie sur un Groupement d’intérêt public (GIP) constitué à part entière entre l’État et le Syndicat mixte Paris-Métropole. Le GIP est présidé alternativement par le préfet de la région île de France et par le président du Syndicat mixte Paris-Métropole, lesquels sont assistés d’un directeur qui assure la coordination et la direction de la mission. La mission comprend également deux conseils :

  • Un conseil d’élus qui oriente les travaux de préparation des rapports et émet un avis sur ces rapports (les maires et les présidents des EPCI de la première couronne, le maire de Paris, les maires des communes des autres départements en continuité de la Première couronne ou appartenant à un EPCI comprenant au moins une commune de la première couronne, les présidents des Conseils généraux, le président du Conseil régional, deux députés et deux sénateurs,
  • Un conseil de partenaires socio-économiques qui émet des avis et donne des orientations pour le diagnostic général.

Le Grand Paris se décline désormais en trois chantiers principaux : les transports, l’aménagement et la gouvernance.

Les transports
Le projet de transport du Nouveau Grand Paris concerne l’ensemble de la Région d’Île-de-France car il se compose :

  • Du projet de métro Grand Paris Express.
  • Des autres projets de transports en commun franciliens, y compris des projets de modernisation des réseaux ferrés et d’amélioration des services offerts.

L’aménagement
Les Contrats d’aménagement territorial passés entre les communes ou les intercommunalités et l’État encadrent le développement territorial du Grand Paris. Parmi les projets, l’État accorde une forte priorité à la construction de logements (nécessité de construire 70 000 logements par an dans la région) et au développement économique (le Grand Paris pourrait générer 800 000 emplois pérennes à l’horizon 2030) sur l’ensemble du territoire francilien.

Pour cela, l’État :

  • S’engage à travers le Plan de mobilisation pour l’aménagement et le logement à la relance de la construction et à la rénovation de l’habitat des Franciliens (soutien aux collectivités qui construisent, création d’une Opération d’intérêt national (OIN) multi-sites, transformation de l’Agence foncière et technique de la Région Île-de-France en Grand Paris Aménagement).
  • Prévoit de mieux utiliser les sept pôles de compétitivité existants, d’apporter son appui aux nombreux grands projets, publics ou privés, déjà engagés, de créer un système de gouvernance économique cohérent permettant le développement d’une marque « Grand Paris » facilement identifiable par les acteurs économiques.

La gouvernance
La Métropole du Grand Paris réunira les communes de la zone dense dès le premier janvier 2016. Cet Établissement public de coopération intercommunale ne doit pas créer d’échelon supplémentaire, ce qui impliquera la suppression des Conseils généraux dans la Métropole. Sur le reste du territoire francilien, une large concertation est engagée pour mettre en place une nouvelle organisation intercommunale avec des regroupements d’au moins 200 000 habitants.

Danièle Navarre

Carte des transport du Grand Paris

Ada 13 :
50 ans à penser treizième

Panneau d’exposition | Une histoire parisienne de la démocratie participative

À l’occasion de son 50e anniversaire, Ada 13 vous propose
L’EXPOSITION
Une histoire
PARISIENNE
de la démocratie participative


Du 20 au 30 octobre 2014 ■ Mairie du treizième ■ Galerie Athéna
Ouverture du lundi au vendredi de 9 heures à 17 heures et le jeudi jusqu’à 19 h 30


Au sommaire de la manifestation

Ada 13 : de 1964 à 2014…
Début des années 1960 : la fondation

Ada 13 et le treizième : 50 ans d’histoire partagée

Histoire populaire du treizième
Terre d’accueil et porte d’entrée de la capitale

Les grandes opérations d’urbanisme depuis 50 ans

Opération Italie XIII
L’apprentissage de l’urbanisme concerté

1960-1970 : la défense du cadre de vie
Contre la rénovation bulldozer

De la tutelle de l’État à une mairie responsable
Ada 13 mobilise la population pour réformer le statut de Paris

Ada 13 et la démocratie participative

Enrichir le débat public

Les transports : un engagement permanent
aux côtés des usagers de la rue et des transports publics

Intrinsèque beauté des tours
« Les Parisiens veulent tout à la fois… Galaxie le leur offre. »

Un arrondissement marqué par la verticalité

La renaissance de la Bièvre à Paris
Évocation historique ou projet environnemental ?

Des projets en débat…
La Métropole du Grand Paris va rebattre les cartes

Relais Accueil : accueillir les jeunes travailleurs
Une aventure poursuivie depuis 50 ans


Événement organisé en partenariat avec
Icade - Mairie de Paris - Mairie du treizième - Ogic - RIVP - Semapa
et l’aimable soutien de Denis Baupin, député de Paris, et de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État.


Le treizième et Ada 13 :
50 ans d’histoire partagée

Cap sur la Métropole du Grand Paris ?
Programme du colloque
Le samedi 25 octobre 2014, à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val-de-Seine

Entrée de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val-de-Seine, quai Panhard-et-Levassor

Entrée de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val-de-Seine, quai Panhard-et-Levassor.

9 h – 9 h 15
Introduction
par Emmanuel Leguy, président d’Ada 13

Matinée
Les transformations du treizième depuis 50 ans
Un des plus vastes arrondissements de la capitale a connu en un demi-siècle de profondes mutations économiques, sociales et culturelles. Elles ont entraîné de véritables transformations du paysage urbain, de l’habitat et du « vivre ensemble » des différentes populations qui s’y sont succédé.

9 h 20 – 10 h 45
Les mutations
Table ronde, animée par David Even, journaliste, rédacteur en chef du magazine Le 13 du mois.

9 h 20 – 9 h 40
Les grandes mutations économiques de l’arrondissement, des usines aux buildings…
par Vincent Renard, économiste, directeur de recherches au CNRS.

9 h 40 – 10 h
L’histoire sociale, ou les différentes populations qui ont modelé le visage du treizième
par Pascal Dibie, directeur de la Fédération de recherches sciences de la ville, université Paris-7.

10 h – 10 h 20
L’histoire politique, l’alternance gauche/droite/gauche
par Matthieu Jeanne, doctorant à l’Institut de géopolitique, université Paris-8.

10 h 20 – 10 h 45
Débat avec la salle

10 h 45 – 12 h 30
Les métamorphoses
Plusieurs interventions décriront la profonde évolution du cadre de vie du treizième.

10 h 45 – 11 h 45
Les transformations architecturales et urbaines : les grands projets, la reconversion des friches industrielles
par Gilles-Antoine Langlois, urbaniste, professeur à l’École d’architecture de Bordeaux, accompagné de Laura Vasdebonscoeur, architecte, et Paul Smith, historien chargé du patrimoine industriel à la direction générale des patrimoines au ministère de la Culture et de la Communication.

11 h 45 – 12 h 15
Avec l’arrivée de l’université, le treizième, un nouveau Quartier latin ?
par François Montarras, ancien vice-président de l’université Paris-7.

12 h 15 – 12 h 30
Débat avec la salle
suivi d’un buffet sur place.

Après-midi
Nouveaux enjeux urbains, nouveaux défis démocratiques : quel rôle pour les associations, dont Ada 13, dans le contexte du Grand Paris ?
Née en 1964, Ada 13 a accompagné toutes les mutations de l’arrondissement en affirmant haut et fort le point de vue de ses habitants. Elle a pris appui sur toutes les formes d’actions et d’interventions dans la vie de la cité : actions revendicatives, défense des intérêts des habitants, participation aux conseils de quartier et aux instances de concertation, propositions et contre-projets…

14 h – 16 h 15
Retours d’expériences participatives

14 h – 14 h 15
Projection d’un film sur les 50 ans de l’association Ada 13
réalisé par Bruno Maruani, qui le présentera au public.

14 h 15 – 14 h 45
Ada 13 : histoire d’un engagement citoyen et de son influence
par Jacques Remond, ancien président d’Ada 13.

14 h 45 – 15 h 30
Le projet participatif de la place Pinel, un exemple du dynamisme des conseils de quartier.
avec Frédérique Lecocq, pour le conseil de quartier nº 4, Geneviève Dourthe, adjointe au maire du 13e, Jean-Marie Rozière et Bruno Duwez, habitants du quartier, Benjamin Le Masson, des services techniques de Paris, et Emmanuel Leguy, président d’Ada 13.

15 h 30 – 16 h 15
Le Comité permanent de concertation Paris-Rive gauche, une expérience historique de concertation sur un grand projet d’urbanisme
Table ronde, animée par David Even, rédacteur en chef du magazine Le 13 du mois.
avec Françoise Samain, Ada 13, Jean-François Gueulette, directeur général de la Semapa, Fabrice Piault, ancien président de Tam-Tam, et Bertrand Méary, garant de la concertation.

16 h 15 – 17 h
Perspectives urbaines et enjeux démocratiques
L’évolution récente du contexte législatif fait apparaître de nouveaux enjeux urbains et politiques, liés à la Métropole du Grand Paris, au réseau de transports Grand Paris Express, aux nouveaux projets d’urbanisme à Paris et dans la petite couronne. Que devient la démocratie participative dans ce cadre de référence ? Comment faire entendre la voix des citoyens ?

Table ronde animée Jean-Pierre Courtiau, fondateur du magazine Objectif Grand Paris (nos 1 et 2)

Vers la Métropole du Grand Paris : quels enjeux pour les Parisiens et comment seront-ils associés aux décisions ?
Intervenants : Dominique Alba, directrice de l’Apur, Marie-Pierre de la Gontrie, conseillère de Paris (13e) et première vice-présidente de la Région Île-de-France, Emmanuel Leguy, président d’Ada 13.

Débat avec la salle

Vers 17 h 15
Clôture
par Jérôme Coumet, maire du 13e arrondissement de Paris, et Emmanuel Leguy.


Pour participer à cette manifestation gratuite, nous vous remercions d’adresser votre demande par courriel à Ada 13 en indiquant votre prénom, votre nom, votre numéro de téléphone et la raison sociale de votre établissement (mention facultative), avant le 12 octobre 2014.
En vous remerciant de votre participation.


Ce programme est donné à titre indicatif, certains intervenants pouvant être amenés à être remplacés pour des raisons d’indisponibilité.
Il est téléchargeable au format PDF à ce lien (1,6 Mo).

Survie des Olympiades :
la mobilisation des habitants

Plan d’aménagement de la Dalle des Olympiades (2012)

Plan d’aménagement de la Dalle des Olympiades
Sources : lettre d’information Ensemble améliorons les Olympiades, nº 7, juillet 2012.

Les élections municipales ont été pour les habitants une occasion d’alerter les pouvoirs publics et l’opinion sur leurs problèmes spécifiques. La dalle est de statut privé mais elle est de fait un espace public. Les propriétaires en paient doublement l’entretien (taxes locales, charges). Le budget annuel est de 7,5 millions d’euros, soit 1,5 million pour l’investissement et 6 millions pour le fonctionnement. Le taux de participation par catégorie a été fixé dès l’origine par l’Association syndicale libre (ASL), gestionnaire de la dalle : 44 % pour les logements sociaux (Paris-Habitat), 36 % pour les propriétaires privés et 20 % pour les bureaux, commerces et équipements. Les copropriétaires des cinq tours de logements privés assurent la charge du surcoût induit par la réglementation sur les immeubles de grande hauteur (25 % du total).

Alors que les salaires stagnent, le montant des charges a augmenté d’environ 20 % en cinq ans. Le coût annuel représente entre 60 et 70 euros par m². En même temps, à Paris, les charges foncières et les taxes d’habitation ont explosé.

La Ville verse une subvention depuis 1977, date à la quelle la dalle et les rues souterraines ont été classées « voies privées ouvertes à la circulation publique ». Dans la première mandature de B. Delanoë plusieurs revalorisations notables sont intervenues, notamment au titre des dépenses de surveillance. En 2007, par contre, le montant en a été baissé en lien avec la mise en place d’un dispositif de correspondants de nuit : elle est passée de 681.000 euros en 2006 à 460.000 euros en 2007 (467.000 euros en 2013). Cette dotation est jugée insuffisante au regard du coût toujours plus élevé des charges communes de gestion et d’entretien (16,5 %) et des charges relevant du domaine public (32,5 %).

Le vieillissement de la dalle nécessite de grands travaux évalués à 20 millions d’euros au début des années 2000 : réfection des canalisations, remplacement d’équipements techniques, réfection de l’étanchéité des sols. Les copropriétaires doivent en assurer seuls le financement. Il faut y ajouter le désamiantage (1,2 millions d’euros pour les immeubles concernés). En plus de ces travaux de réfection, des travaux « d’amélioration du site » ont été jugés nécessaires : démolition-reconstruction de la crèche et de l’école maternelle, reconversion du stadium en gymnase municipal, rénovation des équipements publics. La Ville de Paris a financé intégralement cette rénovation indispensable. Par contre la Ville ne prend en charge que 90 % des frais du réaménagement des accès, entrepris pour la mise aux normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite : les 10 % restants (1,2 million d’euros) sont à la charge des copropriétaires. Notons qu’ils auront à payer l’intégralité des travaux de l’accès Baudricourt (55.000 euros) qui ne peut être mis aux normes alors que, de fait, cette rampe se révèle utile en cas (fréquent) de pannes d’ascenseur ou d’escalator.

Il importe de remédier rapidement à ces difficultés financières qui risquent d’entrainer une insolvabilité généralisée des copropriétaires et la dégradation des Olympiades. Déjà la baisse du prix du foncier répercute une désaffection grandissante. Il serait dommage de laisser à l’abandon un espace où habitent 10.000 habitants et où existe une véritable mixité sociale ; il faut retrouver une dynamique de quartier et préserver la qualité de la vie sur la dalle qui est un lieu très animé et très fréquenté, surtout depuis la création des nouvelles stations de la ligne 14 et du tramway. Par contre, l’attractivité exercée par le commerce asiatique joue un rôle moindre depuis l‘interdiction d’ouverture des boutiques le dimanche après-midi, et cela juste après que les manifestations organisées en 2013 pour les quarante ans, et notamment l’exposition du Pavillon de l’Arsenal, aient fait redécouvrir l’architecture de Michel Holley.

Une municipalisation de la dalle pourrait être une solution. Elle a été envisagée en 2001 par la nouvelle municipalité, et exigée en 2005 par les habitants qui souhaitaient « la prise en charge par la Ville des charges communes d’entretien ».
Le rejet de cette demande a été justifié par une étude juridique concluant à l’impossibilité de municipaliser les Olympiades qui sont de caractère privé. Le débat est actuellement relancé. Une association locale, le Groupement de défense des intérêts des copropriétaires et des locataires des Olympiades ou GDI réactive l’action en ce sens. Elle a interpellé les candidats aux municipales, en demandant en plus de la municipalisation l’adoption de mesures contre la montée des charges et taxes, contre l’insécurité et l’insalubrité des lieux. Elle souhaite aussi un bilan de la gouvernance des Olympiades et réclame plus de transparence dans la gestion et une participation plus directe des habitants aux choix budgétaires.

Le collectif Dalle des Olympiades ne voudrait pas que la réouverture du débat sur la municipalisation serve d’alibi pour occulter la faible participation financière de la puissance publique. Dans une Lettre ouverte aux candidats, il demande le triplement de la subvention pour couvrir l’intégralité des dépenses communes d’entretien de la dalle, le financement des travaux liés à la fonction d’espace public de la dalle, la prise en charge des dépenses de sécurité de la dalle qui sont assurées aujourd’hui par les copropriétaires privés. Comme le GDI, le collectif souhaite que les propriétaires des tours soient mieux représentés à l’ASLO, mieux informés et puissent intervenir davantage sur les décisions de l’association gestionnaire, en particulier celles qui pèsent directement sur leurs finances. Pour éviter que la dalle ne devienne une friche commerciale, demande est faite de revenir sur le retrait du label de zone touristique du « quartier chinois » qui a entrainé une forte chute de leur chiffre d’affaires. Enfin le collectif, déplorant l’insuffisance du projet actuel de rénovation de la dalle qui ne permet pas de requalifier l’espace public, souhaite un projet urbain plus vaste permettant de tirer parti du potentiel d’attractivité de la dalle et d’accroître son rayonnement.


  1. Le blog de l’association Groupement de défense des intérêts des copropriétaires et des locataires des Olympiades
  2. La page Facebook du collectif Dalles des Olympiades
  3. Marc Ambroise-Rendu. Les Olympiades : une utopie inachevée et sous perfusion. La Lettre de l’Ada 13. P. 2-3. Numéro 15. Juillet 2013

Réponses d’Europe Écologie les Verts au courrier d’Ada 13 du 27 février 2014

Paris, le 10 mars 2014

Madame, Monsieur,
Comme suite à votre courrier du 27 février posant des questions particulièrement pertinentes, je vous adresse, ci-joint, les réponses que je peux vous apporter.
Celles-ci sont nécessairement succinctes et je reste à votre disposition pour approfondir tel ou tel point que vous souhaitez.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en mes sentiments les meilleurs.
Yves Contassot


Réponses au courrier du 27 février 2014

1. Révision du PLU
Avant toute nouvelle opération de révision générale du PLU, il conviendra de tirer un bilan détaillé de l’actuel PLU et du PADD. En effet ce dernier prévoyait, à tort selon moi, la construction de bureaux en nombre très élevé, la possibilité de dépasser les plafonds de hauteur et, de façon plus positive, l’obligation de réserver une partie des programmes en logements sociaux ou le maintien de commerces.
Afin de favoriser une démarche participative, il faudra repartir des 11 000 propositions formulées par les citoyens et leurs associations et examiner point par point, ce qui a été fait ou non et les conséquences sur les quartiers.
Cela prendra nécessairement beaucoup de temps et devra être organisé de façon très décentralisée. La création de comités locaux de pilotage de révision du PLU ayant comme mission première de tirer le bilan du précédent PLU me parait une nécessité. lls devront être composés de façon pluraliste intégrant les associations locales, les conseils de quartier (sans élu !), des citoyens, etc.

2. Densité
Paris a atteint déjà un niveau très élevé et la priorité n’est pas à son accroissement. À ce stade il convient plutôt d’avoir une approche métropolitaine afin de répartir les différentes fonctions de la ville à ce niveau : habitat, emplois, loisirs, espaces verts, etc.
De plus la création de nouveaux logements à Paris, notamment dans le parc social, s’est traduite par une diminution de la surface moyenne des logements passant de 80 à 60 m² ce qui implique une dégradation des conditions de logement et une densification par logement. Au surplus cela condamne un peu plus les familles à quitter Paris. En l’occurrence il s’agit d’un artefact permettant d’accroître artificiellement le nombre de logements sociaux, l’IAU ayant publié une étude montrant que 50 % des nouveaux logements ont été créés par découpage d’anciens logements.

3. Plan climat
La solution consiste à imposer la rénovation thermique au même titre que l’accessibilité avec une échéance suffisamment longue (environ 15 ans) pour que les propriétaires aient le temps de s’organiser. Cela dit il ne peut s’agit que d’une décision législative mais la ville peut y contribuer en incitant plus fortement les propriétaires. (Cf. mon programme)

4. Logement
À ce stade, il convient de modifier la répartition des programmes prévus sur PRG pour aller vers un rééquilibrage au profit des logements et au détriment des bureaux. De plus il faut impérativement accélérer la transformation de bureaux vides en logements.
Je préconise une réelle mixité des logements créés en établissant un zonage très fin : davantage de logements très sociaux dans le nord du 13e et plus de logements à destination des classe moyennes dans le sud.

5. Logement (suite)
Limiter la hausse des loyers passe par une lutte plus intense contre la spéculation immobilière, cette dernière alimentant la première. À cette fin la Ville pourrait mettre en œuvre la procédure de préemption renforcée dont elle dispose y compris dans le diffus. Toute DIA qui dépasserait un niveau fixé et rendu public se traduirait par la préemption par la ville faute pour le vendeur de vouloir baisser son prix de cession (pratique de Saint-Ouen). Par ailleurs il faut que les « zinzins » reprennent leur programme de construction, création de logements à prix limité afin de faire baisser les prix de référence prévus dans la Loi Alur.

6. Transports
La priorité consiste à améliorer l’existant par la généralisation des horaires en soirée pour tous les bus, assortie d’une augmentation des fréquences qui ne doit pas dépasser 5 min. en journée et 10 min. en heures creuses.
Je préconise également la mise en accessibilité de l’ensemble de la ligne 6 en commençant par les stations aériennes car cela est très facile et peu couteux.
J’ai proposé que le futur Tzen 5 ait pour terminus la Gare d’Austerlitz et non pas le milieu de l’avenue de France. J’ai proposé également que le 83 passe par Denfert-Rochereau et que soit créées des traverses supplémentaires dans certains quartiers.
En la matière la ligne générale est de privilégier les circulations douces et les transports en commun.

7. Environnement
Pour la Petite Ceinture, je me suis prononcé depuis très longtemps pour qu’elle devienne un lieu de promenade pour les piétons tout en préservant sa richesse au plan de la biodiversité. Quelques aménagements tels que des jardins partagés pourraient toutefois y voir le jour.
Pour ce faire il convient que la Ville de Paris ose enfin lancer une procédure d’achat ou de bail emphytéotique sauf si RFF accepte de mettre gratuitement à disposition l’emprise. La mobilisation de la population à cette fin devrait être organisée par la Mairie afin de peser sur RFF et le contraindre à sortir de l’immobilisme.

8. Environnement (suite)
L’installation de bancs en grand nombre figure parmi mes priorités. L’argument selon lequel les bancs seraient source de nuisance n’est pas acceptable au regard du service rendu.

9. Quartiers isolés du 13e
Au plan de la desserte, j’ai indiqué la nécessité de développer les traverses. Cependant je plaide également pour le prolongement de la ligne 5 jusqu’à la mairie de Montrouge ou la Porte d’Orléans pour désenclaver tout le sud de l’arrondissement.
Cependant l’isolement de certains quartiers ne ressortit pas seulement à la question des transports mais plus largement à la question de l’inclusion sociale, culturelle, éducative, environnementale.
Un effort tout particulier doit être fait pour investir massivement dans ces quartiers et ne pas laisser les associations seules face à ces quartiers.

10. Commerces et services
La création et l’action de la Semaest a été positive mais insuffisante. De même les protections du PLU sont utiles sous réserve qu’elles puissent se traduire au plan opérationnel. Or dans ce domaine la question financière l’emporte trop souvent et il faut que les dotations à la Sem soit plus importantes afin de lui donner des moyens d’agir à la hauteur des enjeux et ce, sur tout le territoire parisien.

11. Conseils de quartier
Actuellement les conseils de quartier sont en phase de déclin avec une faible participation des habitants et une main mise un peu trop avérée des élus et de la mairie sur les Conseils. De plus les moyens alloués aux Conseils sont très faibles notamment en matière de communication ou d’investissements. C’est sur tous ces points que les évolutions doivent intervenir : augmentation significative des budgets laissés à la discrétion des Conseils, suppression des élus référents dans les conseils, dotation de moyens d’information conséquents pour pouvoir informer l’ensemble des habitants des réunions, droit d’inscription automatique des vœux des Conseils de quartier lors de la réunion du Conseil d’arrondissement, etc.

12. Accueil santé
Dans mon programme figure la création de maison de santé (conventionnées en secteur 1) afin d’offrir l’accueil auquel les habitants ont droit. De plus la ville devrait soutenir plus activement les centres de soins pour éviter les fermetures. De même nous préconisons l’ouverture d’un centre de médecine chinoise conventionné au sein de La Salpêtrière (bien qu’un embryon existe déjà).

13. Sans domicile fixe
La question des SDF ne saurait se limiter à la question du logement même si cette dernière est cruciale. D’expérience, pour avoir accompagné des SDF dans leur démarche, je sais à quel point la question de l’accompagnement personnalisé est fondamentale pour la réinsertion de personnes désocialisées. Cela passe donc par un renforcement des moyens humains des services sociaux avec comme priorité d’aller sur le terrain au-devant et à la rencontre des SDF. Une fois ces contacts établis il faut encore du temps, hélas, avant que la plupart accepte de déposer une demande de logement. Le passage par des logements passerelles est à cet égard un moyen souvent efficace s’il est doublé d’un accompagnement de proximité.
Cela doit conduire à multiplier les structures d’accueil et les logements sociaux sous toutes leurs formes, tout en développant en parallèle la mobilité résidentielle, seule à même de sortir du goulot d’étranglement actuellement constaté.

14. Associations
Non seulement l’actuelle Maison des associations est trop petite vu la richesse associative du 13e, non seulement il en faut une deuxième, mais il faut aussi permettre aux associations d’avoir leurs propres locaux si elles le souhaitent.
Cela devrait passer par une tarification spécifique des locaux gérés par les bailleurs sociaux et la rupture avec la politique menée actuellement visant à louer systématiquement au prix du marché commercial.
De plus une deuxième maison ne saurait être localisée tout près de la mairie comme cela est envisagé mais au contraire en tenant compte d’une répartition harmonieuse dans le 13e.
On pourrait même à terme avoir d’autres maisons des associations de taille plus modeste dans plusieurs quartiers pour mailler l’ensemble de l’arrondissement.

15. Paris Métropole
EELV a déposé un amendement lors du débat parlementaire pour que les conseillers métropolitains soient élus au suffrage universel direct. Malheureusement ils ont été les seuls à défendre ce point de vue. En conséquence, les conseillers métropolitains seront élus au deuxième voire troisième niveau donc de façon totalement non démocratique.
Pour ce qui concerne la phase de préfiguration il faut attendre la publication du décret fixant la composition de la mission. Pour ma part je plaide pour une représentation des élus à la proportionnelle des résultats des élections et pas seulement en fonction du nombre d’élus au Conseil de Paris.

16. Paris Métropole (suite)
Le risque d’une distance encore plus grande entre les citoyens et les lieux de décision est réel. Cela implique encore plus la déconcentration au sein de la métropole du Grand Paris selon le principe de la subsidiarité. Cela implique que les niveaux infra-métropolitains disposent d’une autonomie budgétaire réelle pour les investissements à leur niveau, budget eux-mêmes subdélégués à des niveaux plus fins (cf. Conseils de quartier). De plus je plaide pour que les décisions concernant un territoire donné ne puisse se prendre qu’avec une majorité qualifiée afin d’éviter l’actuel système de majorité automatique.


Le projet de Zac Paul-Bourget. Un projet exigeant qui écrira sa propre histoire

Au moment de la publication de la prochaine Lettre d’Ada 13, l’enquête publique diligentée par la Mairie du Treizième aura pris fin et cet intéressant projet aura commencé sa propre histoire, qui le conduira au premier coup de pioche.

Cette note s’appuie sur l’analyse du dossier d’Enquête publique, elle n’est donc nullement exhaustive, mais elle propose un moment de réflexion sur les enjeux d’un projet d’exception qu’en jargon très (voire trop) technique on peut qualifier de « projet de démolition/construction avec opération-tiroir ». Derrière ces mots pas très élégants, mais explicites, se cache une opération complexe de relogement social après reconstruction, dont on peut dégager l’essentiel.

Tout d’abord le contexte. Située à la Porte d’Italie entre le Boulevard des Maréchaux et le périphérique, cet ensemble locatif social de 365 logements, est une ancienne cité d’urgence des années cinquante qui cumule mal-logement, chômage et délinquance. L’ensemble est inscrit dans le programme prioritaire de Politique de la Ville de la capitale et l’urgence à agir ne fait aucun doute, d’autant qu’un incendie a détruit l’un des bâtiments en 2008.

L’enjeu social est donc au cœur de ce projet. Il s’agit de démolir en totalité le parc ancien, très obsolète, et de reconstruire des immeubles locatifs où seront relogées celles des familles qui choisiront de rester.

La fameuse « opération-tiroir » consiste après démolition à reloger les gens dans une première tranche d’immeubles neufs, construite sur le site ou sur d’autres ensembles locatifs, le temps de finir les bâtiments dans lesquels on leur proposera de se réinstaller définitivement. Le processus est complexe et demande un fort accompagnement social, mais en général les bailleurs sociaux savent faire.

La pièce maîtresse de ce dispositif est une Charte de relogement cosignée par la mairie, le bailleur (la SGIM) et l’Amicale des locataires qui figure dans le Dossier d’Enquête. Ce document très structuré pour rendre acceptable ce contrat, car c’en est un, mériterait une analyse approfondie mais on se contentera d’un paramètre essentiel : le taux d’effort demandé aux familles pour accéder aux logements neufs du site n’excèdera pas 20 %  du loyer actuel (après APL ou AL).

En fait, le calcul loyer + charges est le vrai déterminant de la faisabilité sociale de l’opération, ce qui renvoie au contexte environnemental de celle-ci.

L’enjeu environnemental ou plus exactement de « développement durable » est en effet, l’autre facteur  stratégique qui doit attirer notre attention.

L’Étude d’impact sur l’environnement (EIE) figure réglementairement dans le dossier. Elle n’en dit pas plus que ne l’impose la procédure d’enquête et sa structure. Très linéaire, elle aurait mérité de mieux faire apparaitre les trois principes « ERC » (éviter, réduire, compenser) qui parlent au public. Par contre, elle souligne à juste titre que son objet est l’impact du projet sur son environnement et pas l’inverse. C’est important au regard du contexte urbain dans lequel va se construire le projet : un site enclavé dans un faisceau de circulations denses, des sols pollués et la perspective d’une grande opération de démolition. On peut rêver mieux pour installer un habitat agréable et durable…

Singulièrement, cette démolition qui devrait plutôt être une déconstruction sera un marqueur de la démarche durable du projet, avec à la clef une nouvelle étude d’impact (si le montant des travaux est dans la fourchette requise), un « chantier vert » et pourquoi pas ? un bilan Carbone.

Car ce qui rend fort intéressant ce projet urbain c’est qu’il  intervient, de droit — le foncier est du domaine privé de la Ville — dans le cadre de l’application du Plan climat de Paris et s’inscrit dans la réglementation thermique en vigueur (la RT 2012).

Dans les enjeux urbains ciblés par la Ville de Paris figure l’objectif d’un habitat aux performances environnementales et énergétiques exemplaires ; ceci devant être explicité dans un cahier des charges développement durable ou équivalent qui mérite d’être consulté.

Pour faire court, le dessin du projet traduit ces intentions en proposant un « aménagement à la petite cuillère », à opposer à celui dit « au bulldozer », qui réorganise le bâti en fonction des contraintes environnementales, ménage un espace vert central qui deviendra un parc public et désenclave l’opération (nouveau bouclage de voirie et passerelle vers le Kremlin-Bicêtre).

À l’issue d’un long processus découpé en phases techniques complexes, on établira un triple bilan économique, écologique et social d’un très grand intérêt. L’enjeu social croisant l’enjeu écologique puisque les performances environnementales et énergétiques de ce nouvel habitat devraient garantir de substantielles économies sur les charges locatives.

Un écoquartier sans le dire ?
Ce projet écrira sa propre histoire, sûrement passionnante à suivre.

Emmanuel Leguy
Urbaniste environnementaliste
Président d’Ada 13

En 2013, un nouveau président pour Ada 13

La passation de pouvoir (illustration de Françoise Samain d’après Raphaël)

La passation de pouvoir
(illustration de Françoise Samain d’après Raphaël)

À l’occasion de l’assemblée générale du 6 avril 2013, Françoise Samain, présidente d’Ada 13 depuis 2005, a « passé la main » à Emmanuel Leguy, urbaniste environnementaliste candidat à la succession.
Attaché aux valeurs de l’action associative, ses premiers projets de président seront de continuer l’entreprise conduite jusqu’ici par Ada 13 pour un développement et un aménagement concerté et durable du treizième arrondissement, et de mettre en place un groupe de travail ayant pour mission de préparer la célébration des cinquante ans de l’association (en 2014).
Prétexte à observer et à analyser le travail produit par Ada 13 depuis sa création en 1964, l’organisation de cet anniversaire devrait permettre de définir les objectifs futurs, les territoires nouveaux pour notre association.

Les Olympiades après l’exposition et les « 40 ans »

Les Olympiades, le plaisir des hauteurs

Le plaisir des hauteurs

Après l’exposition :

L’exposition au Pavillon de l’Arsenal Les Olympiades, Paris 13e. Une modernité contemporaine a connu en grand succès. L’image des Olympiades dans le public et les médias a été transfigurée, comme par magie !

Bravo à la brillante équipe de conception et réalisation, notamment Françoise Moiroux, Aurélien Gillier, Vincent Fillon, et bien entendu Anne Hidalgo, présidente et Alexandre Labasse, directeur général du Pavillon de l’Arsenal.
Quel chemin parcouru depuis octobre 2005 où dans ce même Pavillon de l’Arsenal se tenait l’exposition Aménager Paris conçue par Éric Lapierre. On y présentait le GPRU des Olympiades. L’objectif affiché à cette époque était de « corriger les erreurs du passé ».

J’étais présent le samedi 20 avril¹ à l’ESJ pour la présentation de deux documentaires d’Isabelle Bonté², suivie d’une discussion sur les Olympiades. Selon le sentiment général, l’objectif n’est plus de « corriger les erreurs du passé » mais de « valoriser un patrimoine architectural enfin reconnu ».
Les habitants, le conseil de quartier, les associations Envol³ et Ada 13 ont exprimé un légitime besoin de concertation à la mesure des circonstances nouvelles.
Personne ne pourrait comprendre qu’on ne respecte pas ce qui mérite d’être préservé, même s’il faut « donner du temps au temps ».
En revanche il n’y a pas de temps à perdre pour « corriger les erreurs du présent » commises par la Semapa faute d’avoir retenu l’avis des habitants et des associations (cf. destruction de la rampe de l’accès « Ivry » et création désastreuse du « tunnel »).

Ada 13 avait raison

L’architecte Michel Holley4 a été précurseur en matière d’accessibilité pour tous. Il a construit les Olympiades au début des années 70 (études à partir de 1968) avec un jeu de rampes en béton permettant tous les parcours mais avec des pentes pas encore limitées à 5 % (la première réglementation est postérieure). Les rampes ne tombent jamais en panne, les ascenseurs ne sont pas aussi fiables. Dans le cas de l’accès Ivry, la rampe ayant été détruite, l’accessibilité est défaillante parfois pendant plusieurs jours. Sans aucun doute, les ascenseurs étaient une nécessité mais fallait-il démolir les rampes ?

L’Ada 13, reconnue pour son expérience en aménagement urbain, a inscrit l’observation suivante au registre de l’enquête sur le PLU (Projet d’aménagement Olympiades-Choisy)5, 6 :
le projet de PLU prévoit d’aménager les accès en faveur des personnes à mobilité réduite.

Nous sommes évidemment d’accord avec cette proposition.
Nous demandons que soit également prise en compte la circulation des landaus, poussettes, caddies personnels, vélos d’enfants et les rampes nous semblent des voies d’accès complémentaires et nécessaires.

Nombreux sont les habitants qui se sont exprimés dans le même sens au cours des réunions et des consultations officielles (enquêtes DUP et PLU).
L’accès Ivry et son ascenseur sont propriété de la Ville de Paris (par expropriation « Stadium élargi ») malgré tous les efforts de M. Jérôme Coumet, maire du treizième, le problème de la fiabilité de l’ascenseur n’a pas trouvé de solution satisfaisante.
On ne va pas reconstruire la rampe. Le service dû aux PMR (personne à mobilité réduite) n’est pas assuré.
Est-ce acceptable ?
L’Association des paralysés de France (APF)7 17 boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13, a été consultée, elle remettra prochainement son positionnement et ses solutions.

Les autres accès :

  • S’agissant de l’accès Nationale, une rampe à 5 % a été réalisée pour se rendre aux nouvelles crèches (en complément de l’ascenseur et des escaliers).
  • S’agissant de l’accès Tolbiac, en complément à l’ascenseur, la rampe d’origine de l’accès Baudricourt proche est encore disponible (réaménagement différé).
  • Nota : Seul l’accès Ivry est municipal, les autres bien que financés à 90 % par la mairie, dépendent de l’ASL Olympiades qui en assume la maintenance.
  • Dans tous les cas, le fonctionnement des ascenseurs est aléatoire, sujet à de fréquentes pannes ou interruptions pour entretien.

La galerie du Stadium dite  « le tunnel »

Ce passage inachevé, sombre et sordide, est consécutif à la décision de l’aménageur de déplacer l’entrée du Stadium à grands frais (travaux excessifs et conséquences sur les commerces existants). Ce choix, contesté avec bon sens par les habitants, est responsable pour une part, de l’échec de la commercialisation des boutiques et du déficit de l’opération. L’insuffisance d’éclairage diurne et nocturne est un des principaux facteurs propices à l’insécurité. Les services techniques de la Ville de Paris ont été sollicités par la Mairie du treizième. À suivre…

Alain Joubaire


  1. Le compte-rendu du bureau d’animation du 20 avril 2013.
  2. À propos d’Isabelle Bonté, sculptrice et plasticienne.
  3. À propos de l’association Envol.
  4. À propos de l’architecte Michel Holley.
  5. Les Olympiades. Quelles perspectives ? (octobre 2001).
  6. GPRU Olympiades. Diagnostique urbain et propositions (décembre 2002).
  7. À propos de l’Association des paralysés de France.

Modernité des Olympiades

L’esplanade des Olympiades

Les Olympiades, une nouvelle ville dans la ville

L’exposition de Pavillon de l’Arsenal, consacrée début 2013 aux quarante ans des Olympiades, est maintenant terminée. Elle a été mise en scène par Françoise Moiroux à qui l’on doit aussi le n° Hors-Série de Connaissances des Arts Les Olympiades Paris XIIIe. Une modernité contemporaine. On y voit comment, sur les terrains ferroviaires de la Gare des Gobelins, tout le quartier industriel des anciennes usines Panhard s’est retrouvé remodelé. Des tours et des barres portant le nom de villes olympiques ont été construits sur dalle, formant le quartier des Olympiades. La hauteur avait pour raison de gagner de la place au sol, de séparer les fonctions (trafic ferroviaire, parkings, commerces et loisirs, habitat, bureaux) en les superposant et de séparer la vie des piétons de celle des automobiles. C’était le premier acte de l’opération Italie qui s’inscrivait dans un projet d’aménagement ambitieux (une autoroute urbaine, 55 tours dans l’arrondissement). La crise économique et la décision de Giscard d’Estaing de plafonner les hauteurs de construction à Paris de 1975 ont mis fin à ce type d’urbanisme. A la mixité des fonctions s’ajoutait une réelle mixité sociale puisque ont été construits des immeubles destinés soit au secteur privé, soit aux logements aidés et logements sociaux. Les constructions dues à Michel Holley présentaient un caractère pionnier et une qualité architecturale reconnus malgré les critiques soulevées par l’urbanisme de dalles[1].

Les associations locales, dont ADA 13, ont cherché dès le début à pallier les difficultés liées à ce bouleversement complet d’un quartier remodelé sur les ¾ de sa superficie : nécessité d’obtenir les équipements promis, relogement des anciens habitants (voir sur notre site :  http://www.ada13.com/historique/operation_italie.htm). Avec le temps, la desserte des transports a été améliorée, écoles et médiathèque ont été construits aux environs. Restent les problèmes liés au statut de ces espaces privés d’usage public et le surcroît de charges que cela occasionne pour les résidents. Cette question n’est toujours pas réglée malgré le reclassement de la dalle et des voies souterraines en 1976. La Ville a aussi procédé à des opérations de réaménagement (accès, Stadium) et d’action sociale. On regrette pourtant que ces opérations n’aient pas amélioré l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

Le regain d’intérêt pour ce site s’accompagne de l’idée d’en poursuivre l’aménagement qui avait été interrompu vers le sud avec la réorientation de 1975. Un tel projet irait dans le sens du regain de dynamisme de la partie sud de l’arrondissement vers Masséna-Bruneseau et des perspectives liées à l’essor du Grand Paris.

[1] Voir aussi La Gazette du 13e, n° 87, janvier 2013 et n° 88, avril 2013

En bordure du treizième : ça bouge !

La petite ceintureLe tramway T3 qui en périphérie du 13e cheminait vers l’Ouest, vite et bien, est depuis décembre 2012 prolongé vers l’Est et le Nord de Paris. Bien sûr, il y a rupture de charge à la Porte de Vincennes ce qui implique un changement de voiture et n’est pas très commode. Néanmoins, c’est un  progrès en termes de flux de voyageurs transportés, de rapidité des déplacements, de réduction de la pollution.

Le devenir de la Petite Ceinture encerclant Paris est aussi en débat, dans le cadre d’une concertation avec les élus et les habitants concernés. Cette voie est depuis longtemps désaffectée et seule subsiste une partie des 32 km du parcours initial. A l’Ouest, une portion est notamment utilisée pour la circulation du RER C. La convention entre RFF et la Ville de Paris, signée en 2006, prévoyait une réutilisation possible de ce circuit, surtout sous forme de promenades, mais seulement à titre provisoire pour en préserver le caractère ferroviaire. L’Atelier Parisien d’urbanisme (APUR) a procédé à une étude prospective qui propose une reconversion partielle de la Petite Ceinture : le RER C serait maintenu à l’Ouest, un tramway circulerait sur le tronçon Est, entre la gare Evangile et la Porte Dorée, en passant par les Buttes Chaumont et le Père Lachaise. Au Sud, serait installée une promenade pérenne.

La convention de 2006 étant arrivée à terme en 2012, les propositions de l’APUR de diviser le parcours en trois tronçons sont examinées et RFF envisage de céder certaines sections à la Ville. Dans le 13e arrondissement, la fonction ferroviaire de la Petite Ceinture serait abandonnée au profit du verdissement et les rails seraient supprimés. C’est l’utilisation à donner à ces terrains qui fait l’objet de la concertation : espaces verts, animation, loisirs, culture, art, sports et vie associative… L’imagination est au rendez-vous !

La reconversion de la Petite ceinture est contestée par ceux qui veulent préserver la vocation de cette ligne et la remettre en service. Cela permettrait de désengorger les transports en commun, en réutilisant une infrastructure déjà en place et en économisant l’énergie. Il est aussi à craindre aussi que la spéculation immobilière ne s’empare de cette opportunité.

D’autres, parmi lesquels figure l’association ADA 13, jugent par contre peu réaliste une remise en service de l’exploitation ferroviaire puisque le parcours est morcelé. Ils préconisent un aménagement végétal du site, sur le modèle de la coulée verte du 12e arrondissement, qui pour le 13e,irait de l’ancienne gare Rungis à celle de Masséna. La constructibilité  serait limitée et on  pourrait y installer des pistes cyclables, des parcours de promenade, des aires de jeu, des jardins familiaux… Cette réutilisation pourrait se faire en partenariat avec les habitants et les associations locales.

Concertation PRG : projet d’aménagement de la halle Freyssinet

Défilé de mode à la Halle Freyssinet

Un “événement” organisé à la Halle Freyssinet

Un groupe de travail de la concertation s’est réuni le 20 mars 2013 avec notamment pour objectif de faire le point sur les réflexions autour de la halle Freyssinet.

La halle (300 m de long, 25 000 m² au sol), occupée d’abord par la Sernam, est louée actuellement par la SNCF à la société Jaulain qui organise des évènements. Elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. La SNCF souhaite la vendre. Une convention de partenariat avec la ville de Paris, en cours jusqu’en novembre 2013, l’oblige à la vendre en priorité à cette dernière. La ville jusqu’ici n’a pas manifesté son intention de l’acheter mais elle pourrait donner suite à une demande de l’État.

En effet, la ministre déléguée à l’économie numérique s’intéresse à cet édifice pour y installer un grand quartier numérique pouvant accueillir un millier de start up ainsi que des services et équipements à usage mutualisé.

Les représentants des associations et des conseils de quartier ont signalé leur intérêt pour une telle utilisation. Une étude sur le développement des activités de production et de création sur Paris Rive Gauche, menée en 2011-2012 par l’institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile de France et le GRECAM, a montré la difficulté à atteindre les objectifs de 100 000 m² d’activités de ce type dans la ZAC et la nécessité d’une politique très ambitieuse tirant parti de toutes les opportunités pour s’en approcher. La Halle Freyssinet et les activités numériques faisaient partie des opportunités repérées.

Les membres de la concertation ont également rappelé leurs demandes concernant l’insertion urbaine de l’équipement qui s’installera dans la halle :

Assurer la connexion entre ancien et nouveau 13e par des passages traversant la halle et par un traitement approprié des différences de niveau entre la rue du Chevaleret, la halle et la dalle.

● Dégager  la dalle : par un aménagement de ses abords

● Prévoir la desserte massive de la halle : quelle que soit la destination future de la halle, il faut prévoir un regain d’animation par rapport au vide actuel, ce qui suppose une circulation accrue. L’insuffisance des moyens de desserte actuels est déjà patente à l’occasion des événements ponctuels organisés par la société Jaulin : mauvaise visibilité de la halle, forte circulation sur le boulevard Vincent-Auriol, places de parking insuffisantes, entrée unique et sous-dimensionnée.

Les Olympiades, un projet de rénovation

Conférence de Michel Holley, architecte en chef du projet Olympiades,
à l’université Pierre Mendès-France (Paris I) le 2 mars 2013

Conférence de Michel Holley

Michel Holley, architecte des Olympiades

À l’occasion des 40 ans de cette opération d’urbanisme,  deux court-métrages ont été projetés par Isabelle Bonté, réalisatrice et habitante de la dalle :le premier était une promenade de découverte du site actuel (2008) ; le deuxième était un extrait de la conférence donnée par M Holley au Pavillon de l’Arsenal en 2009. Celui-ci est ensuite intervenu puis il y a eu un débat consacré à l’historique de cette opération.

Le plan de 1968 prévoyait des immeubles atteignant 100 m de haut, alors que jusque là les constructions étaient limitées à 7 étages. Les tours ne devaient pas être alignées mais organisées en bouquets selon le rythme d’une composition quasi-musicale. Les fenêtres devaient être à l’échelle d’immeubles de grande hauteur, articulées en damier comme dans un tissu de pied-de-poule.

L’arrivée de de Gaulle au pouvoir a libéré les énergies et a fait émerger un modernisme difficilement accepté jusque là en surmonteant les pesanteurs antérieures. C’est le moment de la réalisation du plan Lafay  et où  Roussy fait appel à Michel Holley pour superviser l’aménagement parisien. Celui-ci a fréquenté tous les grands architectes du 20ème siècle et tout particulièrement Mies van der Rohe. Il a séjourné à Chicago et a parcouru toutes les grandes capitales du monde.  M Holley rassemble à l’Hôtel de Sens une trentaine de personnes qui répertorient au 500e toutes les maisons parisiennes. Il apparaît que ne sont appelées à durer que les bâtiments de moins de 100 ans,  d’au moins 7 étages et  dotés d’un certain confort. Tous les autres immeubles, plus bas et plus anciens, peu confortables, sont appelés à disparaître. Il en ressort que 1500 ha de terrains peuvent être réaménagés, avec des îlots de rénovation. Le modèle est celui des Etats-Unis avec ses placettes, l’implantation diversifiée de bâtiments, la disparition de la rue, l’émergence de la notion d’espace partagé et d’espace protégé. Le Front-de-Seine était conçu comme un balcon sur le fleuve, mais il y a eu dérive entre la conception et l’exécution du projet. La dalle piétonne devait être une promenade parisienne mais est devenue un ghetto et l’ensemble a pris l’aspect d’une forteresse. Il faut une surface minimale de 10 à 20 ha car un îlot isolé s’intègre difficilement.

Aux Olympiades, M Holley, chargé d’élaborer le plan-masse, a développé le système expérimenté au Front-de-Seine. L’avenue d’Italie devait s’articuler à l’axe autoroutier Nord-Sud. Il était prévu qu’un cinquième des immeubles (haussmanniens) seraient conservé et qu’un tiers de terrains seraient récupérés (terrains vides, friches industrielles). Une tour signal devait être construite à la Porte d’Italie. Il est décidé de construire un tiers HLM, un tiers logements libres, un tiers logements aidés. En 1965, M Holley propose à la SNCF de garder la gare et de construire au dessus : le principe en est accepté avec cession des droits à bâtir. Une place centrale et une rue piétonne et commerçante doivent être aménagées au pied des tours.

Le dynamisme de cette opération a été extraordinaire car elle a été réalisée en 5 ans (25 ans pour le Front-de-Seine, dans le contexte d’expansion économique des 30 Glorieuses. On a décidé de faire grand. Il y avait à la fois des besoins et les moyens. Le coup d’arrêt de ce boom, relatif mais vivement ressenti, a été l’affaire de Suez : on recensait 32 000 dépôts de permis de construire en 1972 et il y en aura seulement moins de 3 000 en 1974. La perte d’autonomie des moyens s’est accompagnée d’un dynamisme moindre malgré des périodes de reprise. Il y eu distorsion entre des projets ambitieux et leur réalisation, rendue difficile par le contexte. C‘est le cas pour le 13e arrondissement où une partie des 55 tours prévues  n’a pas été réalisée. Aux  Olympiades l’opération engagée avec aménagement sur les terrains ferroviaires n’a pas été terminée vers le Sud (couverture prévue, écoles, autres tours). Il faudrait reprendre le projet. Celui-ci n’a pas été arrêté pur des raisons idéologiques mais par manque de demande et de moyens, avec un retour aux réglementations anciennes. Valéry Giscard d’Estaing s’est impliqué pour des motifs personnels parce que de son bureau il apercevait les tours de la Défense qui bouchaient son horizon. On a alors critiqué la tour Montparnasse mais elle marque Paris. Les tours supposent un mode de vie complètement différent  de celui plus traditionnel des immeubles haussmanniens mais  qui a fini par s’imposer après avoir fait scandale. Elles entrent maintenant dans le patrimoine architectural comme l’a montré la conférence à l’Arsenal, sollicitée en 2009. Cependant il faut éviter un classement à l’inventaire des monuments historiques qui serait une catastrophe. La vie dans les tours implique cependant des contraintes de chauffage, éclairage, un coût élevé des charges et une nécessité de s’adapter aux évolutions.

Eric Offredo, élu du 13e et  habitant du quartier depuis son enfance, rappelle que les enfants du voisinage enviaient la qualité de vie dans les tours. A propos des projets de reprise de ce chantier, et notamment de couverture de la dalle, il fait remarquer que désormais les procédures sont plus lourdes, avec une phase de consultation des habitants et des associations. Cela prend du temps mais  mais les opérations sont mieux finies et mieux acceptées. Il y a aussi le problème toujours pas résolu de la gestion des espaces privés ouverts au public avec un surcroît des charges. L’origine tient à la phase d’expropriation avec collectivisation des droits à bâtir affectés à un îlot. C’est une survivance de ce qui se faisait pour les expropriations dans les campagnes depuis une loi de Napoléon III avec un partage des servitudes entre propriétaires privés.

Michel Holley, fasciné par l’audace des architectes américains qu’il a alors connus, a voulu donner l’accès à la lumière, libérer l’espace tout en conservant ce qui fait la spécificité de Paris : son horizontalité. Il a cherché à créer des espaces urbains intimes sur une place (la Plaza), lieu de circulation où les jeunes peuvent descendre et se déplacer sans danger. Si au lieu des 7 étages traditionnels on en fait 4 fois plus, soit 28, on conserve l’horizontalité et on gagne de la place.

Les immeubles de bureaux ont été construits en verre afin d’en assurer l’éclairage maximum sur le modèle New-Yorkais. Par contre les immeubles d’habitation ont été réalisés en béton pour assurer intimité, sécurité, avec seulement 10% de la surface pour les fenêtres. Ce béton est personnalisé avec un grain spécifique pour chaque bâtiment. Il y a ainsi différenciation du module de base à l’intérieur de constructions en série, mais cela seulement pour les tours en accession à la propriété. Il faut noter que si les ILN ont eu les moyens de construire en hauteur, à la différence des HLM qui ont été réduits à des barres, ils n’ont pas pu financer une peau luxueuse en façade et ont dû se contenter d’un décor minimaliste.

 

Des constructions innovantes sur Paris-Rive gauche

Des représentants de la concertation Paris-Rive gauche ont participé à trois jurys d’architecture pour un immeuble de 75 logements sociaux d’Immobilière 3F et deux immeubles de bureaux.

Le projet de l'immeuble-pont de Marc Mimram

À cheval sur l’avenue de France et la rue du Chevaleret,
l’immeuble-pont de l’architecte Marc Mimram.
En illustration, la perspective du projet.

Les logements sociaux seront construits par les architectes Jean et Aline Harari, avenue de France, en face du MK2, un peu à l’ouest de l’avenue Émile-Durkheim. Étant construits sur dalle, ils auront des caves en rez-de-chaussée + 1 et des celliers sur les balcons. Les habitants pourront disposer de parkings souterrains un peu plus loin, rue du Chevaleret.

Le promoteur Icade et l’architecte Marc Mimram construiront 16 000 m² de bureaux dans l’îlot d’à côté, T6C, entre la rue Charcot prolongée et une voie à créer à l’Ouest. Il s’agit du premier immeuble-pont qui traversera les voies ferrées en prenant appui sur l’avenue de France et la rue du Chevaleret. L’architecte a tiré parti des contraintes techniques nouvelles pour échapper au plan traditionnel des immeubles de bureaux avec de grandes façades lisses et vitrées.
Il propose un assemblage de deux types de structures, les unes, massives, aux percements limités, abritant au milieu de bureaux les poutres-ponts et les autres, légères et vitrées, s’accrochant aux premières pour d’autres bureaux. Cette organisation permet loggias, balcons, lieux de rencontres horizontaux, sur des terrasses abritées, ou verticaux dans des espaces à double hauteur, avec de belles perspectives sur tous les horizons du 13e.
Le promoteur Kaufman & Broad et l’architecte Christian de Portzamparc ont été choisis pour construire 23 000 m² de bureaux avec commerces et locaux d’activités en rez-de-chaussée sur l’avenue Mendès-France (îlot A9B). Bien que sur dalle, le programme prévoit des parkings pour voitures, motos et vélos sur les deux premiers niveaux. Ceux-ci donneront sur le belvédère côté voies qui ne sera peut-être pas aussi poétique qu’on aurait pu l’espérer, surtout s’il récupère tous les parkings et les locaux techniques des immeubles riverains.