À la découverte du secteur Bruneseau Nord

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La maquette, exposée par la Semapa dans ses nouveaux locaux de la Maison des projets, apporte un plus par rapport aux plans, en donnant les volumes, en insérant le territoire de l’opération PRG dans son contexte, en mettant en évidence les infrastructures de transport et les liens avec le centre de Paris, avec le 12e, avec Ivry. Cependant, rien ne vaut une visite sur place  qui nous plonge en direct dans le contexte.

Côté Paris, on voit des ouvriers de chantier,  mais ni habitants ni promeneurs. Seuls d’énormes camions manœuvrent et les voitures circulant sur le quai donnent l’impression de vouloir s’éloigner au plus vite. On comprend pourquoi on n’a pas envie de venir dans ces lieux ingrats. On remarque  immédiatement que le site est enserré par la Seine, le périphérique et les rails de chemin de fer. Cette localisation explique qu’on trouve ici essentiellement des activités de logistique, indispensables, mais peu attirantes. On se demande comment implanter logements, commerces et équipements sur de telles parcelles, exposées au bruit et à la pollution. On  nous dit que les quatre tours prévues feront écran mais cette protection sera-t-elle suffisante ? Si le terrain prévu pour les tours Duo est conséquent, on se demande aussi comment on pourra caser  les autres tours sur des parcelles aussi exigües. Les conditions d’installation d’un nouveau quartier de ville ne semblent pas réunies.

Côté Ivry, c’est aussi un secteur d’activités avec des entrepôts, des magasins comme Truffaut et Leroy-Merlin, Baktor, les cinémas Pathé, l’hypermarché carrefour, le Syctom désormais bordé par les ciments Calcia. Ici aussi, les piétons ne sont pas très nombreux  car les clients des commerces locaux, les spectateurs des cinémas, ne viennent qu’occasionnellement, et en voiture pour la plupart. Si on pénètre un peu plus dans Ivry, on finit par trouver des logements mais ni commerces ni équipements de proximité. Il y a bien l’immeuble Niel, destiné à loger les usagers de la station F, mais on peut craindre que ceux-ci ne soient pas incités à s’insérer dans un quartier peu attractif. Ils voudront probablement rejoindre au plus vite le quartier Chevaleret, et  ce sera surtout en deux-roues car la desserte par les transports en commun est insuffisante : on est loin des bus et des métros et  le tramway, plus proche, ne propose pas un trajet qui leur permette d’aller au travail.

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Il est prévu d’améliorer les liens entre le sud 13e et sa banlieue, par le percement de l’allée Paris-Ivry. L’idée est séduisante mais qu’en sera-t-il réellement ? Le parcours devant se faire en passant sous le boulevard Jean Simon, puis sous les bretelles et les voies du périphérique, il est indispensable d’assurer une insonorisation et une sécurité  efficaces. Pour que ça marche, il faut que les gens aient envie d’y aller pour circuler mais aussi pour s’attarder. Il ne semble pas judicieux d’installer les commerces traditionnels (habillement, parfumerie) que l’on trouve à proximité, à Plein Ciel, ou à Bercy. On pourrait prévoir un marché, des jeux et activités pour les enfants et les jeunes, des lieux de loisir et de culture, des bistrots sympathiques… Au départ de l’allée, côté Paris, on est en plein en territoire étudiant à côté de l’École d’architecture,  à proximité de l’université Paris-Diderot et pas trop loin de l’Inalco-Bulac. On a un moment surnommé cette nouvelle voie « l’allée des étudiants » et cela pourrait inspirer le choix des activités à y installer. Pour que le lien soit efficace, il faudrait aussi que le débouché côté Ivry donne envie d’y aller voir et qu’il contribue à désenclaver le secteur Bruneseau.

Brigitte Einhorn

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