Ada 13 propose des solutions collectives aux problèmes concrets qui se posent pour les habitants au niveau de l’arrondissement. En s’appuyant sur son expérience, l »association a envoyé aux candidats une liste de questions. On trouvera ces questions dans La Lettre d’Ada 13 n° 37de mars 2020.
A- Il est de plus en plus difficile de se loger à Paris. Comment pensez-vous lutter à la fois contre l’étalement urbain et une densification excessive ? Plus précisément,
- Quelles sont vos priorités en matière de logements sociaux et intermédiaires et vos objectifs en matière de répartition entre les différentes catégories ?
Notre objectif est que plus personne ne soit obligé de quitter Paris à cause d’un loyer excessif. Les ménages ne doivent plus être contraints de consacrer plus de 20 % de leur revenu à leur loyer. Pour cela nous mobiliserons tous les leviers du logement social, construction, préemption, pour en produire 60 000 d’ici à 2026.
Nous revendiquons également pour Paris la possibilité de mettre en œuvre la loi de 1998 sur les réquisitions, qui est de la compétence du préfet dans la capitale – une exception à l’échelle de la France. Nous organiserons un référendum pour reprendre cette compétence. Dans l’intervalle, nous exigerons du préfet de Paris l’application de cette loi, qui nous permettra de mettre à la disposition du public de nombreux logements parmi les 110 000 vacants à Paris.
Notre programme au niveau parisien prévoit également une répartition des logements subventionnés qui réponde vraiment aux besoins des gens. Aujourd’hui les logements de type PLS, c’est-à-dire les plus chers du secteur social, représentent 30 % de la production, pour environ 5 % des besoins, alors que les logements PLAI, conçus pour les revenus les plus modestes, représentent 30 % de la production pour 67 % des besoins. Si bien que des logements restent vacants faute de candidats et des familles se retrouvent à payer des loyers au-dessus de leurs moyens.
Nous souhaitons aussi rééquilibrer la production des logements au niveau des arrondissements. Le seuil SRU est calculé au niveau de la ville. Cela ne veut rien dire, quand il y a 7 % de logements sociaux dans le 16e et 40 % dans le 13e. Pour garantir la mixité, il faut produire des logements sociaux partout.
- Êtes-vous favorables à l’encadrement des loyers ?
Oui. Nous encadrerons les loyers à la baisse. Nous initierons un référendum pour récupérer cette compétence qui aujourd’hui appartient à l’État et doit revenir à la commune. Enfin nous modifierons les modalités de contrôle du niveau des loyers. Aujourd’hui, c’est au locataire de contester. C’est à la fois une épée de Damoclès pour ceux qui craignent de se mettre en délicatesse avec leur propriétaire et c’est surtout une complication pour des gens qui n’ont pas le temps ni les connaissances des arcanes de l’administration et de la loi. La Ville doit pouvoir contrôler elle-même la conformité des loyers pratiqués dans le parc privé.
- Envisagez-vous de proposer un programme de transformation des bureaux vacants en logements ?
De la même manière que les logements vides doivent être mobilisés, les bureaux vacants pourront l’être. Nous souhaitons surtout réduire le nombre de permis de construire accordés pour les bureaux pour privilégier l’augmentation du parc de logements.
- Êtes-vous d’accord pour encadrer plus sévèrement les locations de type Airbnb ?
Non seulement nous sommes d’accord, mais c’est une des mesures que nous avons prévu de mettre en œuvre. Nous encadrerons plus fortement la durée maximale de location, de 120 jours à 60 au minimum. Et nous organiserons un moratoire sur les changements d’usage de résidences principales en résidences hôtelières.
- Ces dernières années, le 13e s’est fortement densifié et compte maintenant plus de 25 000 habitants au km². Que comptez-vous faire pour inverser cette tendance ?
Paris doit accueillir du logement mais n’a pas vocation à devenir une ville-béton. Le 13e est particulièrement concerné parce qu’il a accueilli beaucoup de grands programmes, de l’urbanisme sur dalle, des immeubles de grande hauteur, et la Ville continue à autoriser à tour de bras les constructions dans les dents creuses. Au lieu de tout bétonner, nous créerons de nouveaux parcs et jardins en association avec les habitants et acteurs locaux. Ce n’est pas incompatible avec une grande politique du logement social.
B- Comment envisagez-vous l’action de la Ville face aux désordres climatiques et au réchauffement, à la fois pour le limiter et pour s’y adapter ? Plus concrètement,
- Quelles sont vos propositions pour accélérer la rénovation énergétique des logements ?
Le plan climat de la Ville prévoit de rénover 1 million de logements d’ici à 2050. Cette échéance est trop lointaine. L’urgence climatique n’attend pas. Les villes doivent agir plus rapidement et Paris peut agir plus rapidement. À l’échelle de la capitale nous lancerons un plan massif d’isolation. L’ensemble du parc social fera d’ailleurs l’objet de travaux de réhabilitation thermique, acoustique et d’étanchéité d’ici à la fin de la mandature.
- Avez-vous des propositions pour créer des îlots de fraîcheur dans l’arrondissement, contraindre les copropriétés à protéger les espaces verts privés et les inciter à végétaliser les espaces intérieurs ?
Pour que la végétalisation et la création d’îlots de fraîcheur soit pérenne, il faut y associer massivement les habitants : associations de locataires dans le parc social, copropriétés et associations dédiées aux enjeux environnementaux. C’est l’un des axes forts de notre programme pour le 13e, car nous ne concevons l’écologie qu’en articulation avec la démocratie. Comme mairie d’arrondissement, nous initierons la discussion avec les acteurs locaux.
- Où réaliseriez-vous de nouveaux espaces verts dans le 13e ?
On peut étendre des espaces verts existants, en créer de nouveaux, même seulement des îlots de fraîcheur qui seront de plus en plus indispensables. Nous avons la chance d’être un arrondissement où il reste du foncier disponible. Il faut utiliser tous les expédients et surtout sortir d’une logique où chaque pousse de terrain est confié à un promoteur.
C- À côté de la démocratie représentative, le besoin de démocratie participative s’exprime avec toujours plus de force. Quelle place tient-elle dans votre programme ? Plus concrètement,
- Quelles sont vos propositions pour augmenter les compétences du Conseil d’arrondissement ?
Les compétences des conseils d’arrondissement sont très limitées par la loi PLM. Mais la démocratie réelle est au cœur de notre programme et c’est pourquoi nous voulons faire de la mairie du 13e une caisse de résonance citoyenne.
Nous instaurerons un RIC déclenché par 5 % de la population, pour proposer ou abroger des délibérations ou révoquer des élus. Nous mettrons en place une Assemblée citoyenne permanente dont les membres seront tirés au sort, sans condition de nationalité, pour participer aux délibérations de la mairie.
Le budget participatif sera porté de 5 % à 10 % du budget d’investissement et atteindra 25 % en fin de mandature.
Les habitants seront informés beaucoup plus largement et systématiquement de l’ordre du jour et des délibérations adoptées en conseil d’arrondissement.
- Comptez-vous encourager les associations à venir présenter leurs projets et leurs questions aux séances du Conseil d’arrondissement grâce au dispositif appelé CICA (art 16 de la loi PML du 31/12/1982) ?
Bien sûr, car la vitalité associative du 13e doit trouver à s’exprimer au CICA. C’est encore trop peu le cas, même si des associations en connaissent désormais bien le mécanisme. Mais cela ne suffit pas. Il faut plus de locaux pour que les associations puissent se réunir et une maison des citoyens par quartier.
- Quel rôle attribuez-vous aux Conseils de quartier ?
Le fonctionnement actuel des conseils de quartiers n’est pas satisfaisant de notre point de vue. Il faut les transformer pour qu’ils soient l’émanation des citoyens et que ceux-ci prennent vraiment les initiatives par eux-mêmes.
Dans notre vision, les habitants seront informés des conseils quartiers comme ils le seront de l’ordre du jour du conseil d’arrondissement, afin de se saisir pleinement de cette possibilité d’expression locale, qui ne doit pas être une tribune pour les élus.
- Envisagez-vous de décider un moratoire et d’organiser une consultation des habitants et de leurs associations sur l’avenir de l’Institut George Eastman ?
Le centre George Eastman sera conservé dans sa fonction actuelle de dispensaire et nous défendrons les autres centres de santé menacés dans l’arrondissement. C’est un engagement que nous prenons. Nous nous engageons également à consulter les habitants et leurs associations à ce sujet.
- Envisagez-vous de continuer à recourir aux « appels à projet » et de poursuivre les opérations du type « réinventer Paris » ? (cf. l’éditorial de notre Lettre n°36)
“Réinventer Paris” est surtout un prétexte pour faire des cadeaux au secteur privé. Nous ferons en sorte que tous les projets urbains soient conçus avec les habitants, dans un cadre vraiment participatif. L’Assemblée permanente citoyenne, les commissions extra-municipales, les conseils de quartier, la mairie même seront le lieu d’une délibération féconde pour porter des projets utiles à l’intérêt général et utiles aux habitants.
- Avez-vous des réponses aux propositions des associations membres du Comité Permanent de Concertation de Paris Rive Gauche qui entendent donner un nouveau souffle à la concertation ?
Nous serons à leur écoute et prêts à fournir les moyens nécessaires pour qu’ils mènent à bien leurs missions. Sur notre liste, nous avons des candidats qui connaissent très bien le sujet de la concertation et des problématiques Paris Rive Gauche. Ils pourraient ainsi également apporter leur expérience pour l’intérêt général et pour améliorer le cadre de vie des habitants.
D- Une ville attirante est une ville diverse et sociable. Comment réaliser une ville qui ne fait pas fuir ses habitants ? Plus précisément,
- Comment voyez-vous la suite de l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée » ?
Nous renforcerons et étendrons le dispositif « territoire zéro chômeur de longue durée » dans le 13e arrondissement et agirons plus généralement pour favoriser un emploi tout à la fois relocalisé, stable et utile socialement. Nous prévoyons notamment un plan d’éradication de la pauvreté chez les personnels de la Ville de Paris et des aides ciblées sur les entreprises de l’économie sociale et solidaire, les Scop et les artisans.
- Quelles sont vos propositions pour accueillir dignement les personnes sans domicile, en particulier les réfugiés et exilés ?
Il y a 3 600 personnes sans domicile à Paris intra-muros. La Ville et l’État se renvoient la balle et la création de places supplémentaires au 115 n’a rien résolu. On assiste à la création de véritables bidonvilles dans le nord-est de la capitale, mais la grande pauvreté est également présente dans le 13e, avec des situations d’errance, de détresse psychologique, et, comme partout, de nombreuses familles avec enfants sans solution de logement. Pourtant, une ville riche comme Paris a largement de quoi accueillir toutes ces personnes. Il faut pour cela mobiliser du foncier et du bâti pour renforcer les capacités de prise en charge de tous les publics, quelle que soit d’ailleurs leur situation administrative – nous ne faisons aucune distinction. Il faut également prévoir un suivi adapté au cas de chacun. Sans oublier que c’est le logement pérenne qui reste l’objectif.
- Êtes-vous favorables à la réalisation de locaux à loyers réduits permettant à des artisans, des commerçants de proximité et des petites entreprises de s’implanter dans le 13e , notamment à Paris Rive Gauche ?
Nous pousserons en effet en faveur de loyers réduits pour permettre aux commerçants de proximité, artisans et TPE de s’installer au cœur de la Ville, partout dans le 13e arrondissement.
- Soutenez-vous le projet de créer un marché à Paris Rive Gauche ?
Oui. Totalement. C’est une de nos mesures programmatiques.
- Que comptez-vous faire pour entretenir la mémoire du passé industriel de l’arrondissement et garantir la pérennité des ateliers SNCF et RATP, qui sont les derniers établissements industriels du 13e ?
Maintenir les derniers bastions tels que l’atelier SNCF de porte de Vitry, les Frigos, les Docs en Seine et le quartier Bruneseau.
Soutenir toute association qui irait dans ce sens en leur donnant les moyens d’agir.
Permettre à des cheminots, des agents de la RATP ou des ouvriers de pouvoir se loger dans le 13eme et sur Paris Rive Gauche.
- Comment envisagez-vous l’amélioration des relations entre le 13e et les communes limitrophes, comment faire en sorte que le périphérique ne soit plus une frontière ?
Comme les autres arrondissements de Paris, le 13e n’est pas une commune de plein exercice… Cela limite forcément l’autonomie dans les relations avec d’autres communes. Mais cela n’empêche nullement de discuter avec Gentilly, le Kremlin-Bicêtre ou bien Ivry sur les problématiques communes et des partenariats ou projets éventuels.
- Quels doivent être la place et le rôle de Paris dans la Métropole ?
Celle d’une grande ville certes, de très loin la plus peuplée et la plus riche, mais surtout celle d’une ville parmi beaucoup d’autres dans une métropole de 7 millions d’habitants qui est et doit être de plus en plus polycentrique. Les habitants de cette grande agglomération ne doivent pas dépendre de Paris pour l’emploi ou le commerce, pas plus que les Parisiens ne doivent être contraints de quitter leur ville pour trouver des logements abordables. Il faut penser la relocalisation et le rééquilibrage de l’activité à l’échelle de la métropole.