Enquête publique sur la révision simplifiée du PLU Masséna Bruneseau. Quelques réflexions sur les thèmes Développement Durable et Environnement – Emmanuel Leguy

Schéma des orientations d’aménagement proposés dans le cadre de la révision simplifiée du PLU

Schéma des orientations d’aménagement proposés dans le cadre de la révision simplifiée du PLU

Cette enquête Bouchardeau permet surtout d’apprécier les volets « développement durable », en particulier environnementaux du projet, qui sont porteurs de gros enjeux.
Les enjeux sociaux et économiques sont aussi déterminants , mais ils relèvent de la programmation initiale du projet et ont été certainement débattus plus en amont dans le cadre du CPC : il est trop tard pour y revenir.

Composition urbaine et paysage :
L’option centrale est la construction de tours dont au moins un IGH (Immeuble Grande Hauteur) .
C’est une option très déterminante pour la qualité urbaine et architecturale du projet et sur laquelle le débat pour ou contre les tours n’est plus d’actualité. La vraie question étant à ce stade d’apprécier si on se donnera les moyens de réussir des complexes immobiliers, mixtes, écologiquement acceptables, bien intégrés dans leur environnement et susceptibles d’apporter un vrai référentiel de qualité à ce paysage déstructuré de franges.
En assurant la bonne continuité urbaine annoncée entre Paris et sa banlieue, ce qui peut susciter quelques réserves quand on crée un ilôt de densité sur un faisceau d’infrastructures aussi complexe.

L’étude d’impact : Ce pavé est un modèle du genre, dont on n’attend plus grand chose et ceci pour des raisons qui sont maintenant bien connues et qu’on peut brièvement rappeler :
– financées par le maître d’ouvrage elles sont définitivement sous influence
– elles apportent les demandes et les réponses, le véritable débat est en amont
– elles ne hiérarchisent pas les problématiques abordées
– elles ne livrent pas de conclusion synthétique permettant un vrai débat sur des questions de fond.
Au demeurant, celle-ci est très bien faite, juste cafouilleuse sur l’hydrologie (prévention des crues) mais elle a le mérite de faire explicitement référence à une phase ultérieure de débat sur les thèmes environnementaux, qui seront intégrés dans les Cahiers de Prescriptions des Maitres d’Ouvrage promoteurs-constructeurs en phase avec le Plan Climat (cf infra).

Plus intéressantes sont les études thématiques sur le bruit et les pollutions urbaines, très techniques dans leurs analyses mais malheureusement conceptuellement encore très limitées dans leurs conclusions.

L’étude de bruit :
La campagne de mesures et la modélisation du trafic à terme permet d’extrapoler des niveaux de bruit à trois altitudes NGF sur le site (niveau sol, 1,5m et 20m) ; le résultat attendu est que l’exposition au bruit augmente avec l’altitude et que les zones de calme (inférieures à 60 dB) sont très limitées aux cœurs d’ilôts.
Paradoxal pour un site où l’on veut construire en hauteur ? Sûrement pas si on y construit des immeubles fermés, climatisés et fréquentés seulement aux heures de bureaux…
A défaut d’une diminution espérée du trafic sur un site très intermodal, mais qui restera un point de croisement des flux automobiles, les conclusions sont plutôt basiques : réduire les niveaux sonores de la circulation en adaptant les revêtements de voiries.

L’étude sur les pollutions urbaines : Cette étude sur la qualité de l’air est caractéristique du genre en l’état de nos connaissances actuelles sur le sujet : beaucoup de calculs d’experts sur de nombreux paramètres ( NO2, O3, CO, COVm , NOX , poussières …) , simulés à terme à trois altitudes ( différentes des précédentes) , pour aboutir à des conclusions lénifiantes qui masquent en fait notre ignorance sur les effets long terme de ces expositions polluantes sur la santé.

En conclusion :
Il n’est pas question de faire un procès d’intention à la SEMAPA sur les lacunes d’une procédure obsolète – l’étude d’impact- et des dossiers techniques inopérants-sur le bruit et les pollutions urbaines- parce que, par exemple, dix ans après la promulgation de la Loi sur l’Air nous sommes encore incapables de lutter efficacement contre les nuisances urbaines (1).

Mais on peut se poser, peut-être tardivement, quelques questions sur ce thème générique de l’environnement voire du développement durable :

Question 1 :l’opération Masséna- Bruneseau n’est-elle rien d’autre que la construction d’un complexe de tours sur un « échangeur », à une encablure d’un incinérateur ?
Pourquoi vouloir à toutes forces valider l’idée d’un quartier habité par des gens qui vivraient mieux ailleurs, alors qu’il s’agit en fait d’un pôle tertiaire dont rêve la SEM pour achever en beauté la ZAC aux portes de Paris ?
Avec un risque financier certain dans un marché tertiaire tendu, mais chacun ses risques…

Question 2: il y a eu un avant Plan Climat de Paris, voté en 2007, y a t-il un après ?
On aurait pu s’attendre à ce qu’il serve de cadre général aux études préalables en fixant des cibles stratégiques en matière d’émissions de GES ( Gaz à effet de Serre), de maitrise de l’énergie, voire de bilan carbone .
En fait le rapport de présentation sauve la mise en précisant ce qui suit :
« Les nouveaux programmes de bâtiments s’attacheront en matière de construction à respecter les objectifs du Plan Climat en matière de consommation et de production d’énergie. »
Dont acte ! Reste à rêver de tours écologiques…

(1) NDLR : cette appréciation sur les études d’impact n’engage que son auteur.

Enquête publique et exposition à la mairie du treizième sur la révision du PLU pour Masséna-Bruneseau

Enquête publique et exposition, du 10 février au 12 mars, à la mairie du treizième sur la révision du PLU pour Masséna-Bruneseau (ZAC Paris-Rive gauche). Vous pouvez aussi adresser vos observations au commissaire enquêteur, M. Marc Brion (Mairie du treizième, 1, place d’Italie, 75634 Paris Cedex 13).
Cette enquête débouchera sur une délibération du Conseil de Paris à l’été 2010 et sur des travaux à partir de 2013.
L’enjeu principal est la révision du plafond des hauteurs de 37 m actuellement à 50 m (logements) et 180 m (activités).

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ADA 13 donne son avis sur le projet de révision simplifiée du PLU Masséna-Bruneseau

1) Remarques sur l’opportunité du projet de révision
Cette révision vise à permettre l’édification d’un quartier de ville dense dans une zone excentrée et marquée par la présence d’infrastructures lourdes (périphérique, boulevard Jean-Simon, incinérateur d’Ivry avec sa future unité de méthanisation) apportant des nuisances exceptionnelles. Celles-ci seront combattues par « une implantation de bâtiments favorisant la circulation de l’air et par une végétalisation renforcée contribuant à retenir les poussières » ainsi que par des « bâtiments écrans dédiés à des usages de bureaux, de commerces, d’activités ou de services localisés le long du périphérique ». ADA 13 s’interroge sur l’efficacité des solutions proposées.

Le rapport de présentation justifie les révisions proposées par une amélioration des transports en commun dans la zone. Celle-ci paraît insuffisante pour répondre à l’accroissement des déplacements que ce projet génèrera. Au vu des surfaces susceptibles d’être construites, le quartier devrait accueillir entre 5 000 et 10 000 habitants et environ 8 000 salariés, or les transports en commun sont au bord de la saturation, aux dires même de la RATP, la prolongation de la ligne 10 n’est pas acquise, les stations de la ligne 14 et du RER C sont éloignées de la zone, la circulation aux portes de Paris est saturée, et les améliorations prévues ne relieront pas les nouveaux habitants aux centres du 13e arrondissement.

ADA 13 rappelle sa position concernant le développement du quartier Masséna-Bruneseau :
La création de logements dans cette zone extrême de Paris nécessite la recherche d’un bon niveau de qualité de vie pour les futurs habitants : qualité de l’air, bruit, accès aux transports en communs et aux équipements centraux.
Plutôt que d’essayer de gommer toutes les spécificités de la zone Bruneseau pour en faire un quartier banal de Paris, il serait possible de profiter des opportunités que cet espace représente en termes de nœud de circulation pour en faire un pôle logistique utile pour Paris et attirant pour un certain nombre d’entreprises artisanales.

2) Remarques sur le projet de révision simplifiée
Les équipements prévus (4 établissements d’enseignement, 3 équipements d’action sociale-enfance, un établissement de sport semblent insuffisants pour combattre le risque d’enclavement de ce quartier censé contribuer à la requalification du quartier d’habitation voisin Bédier-Boutroux. Pour répondre aux besoins des habitants, un bureau de poste devrait être créé. Devraient également être envisagés des équipements attractifs pour une population plus large : une piscine et un établissement culturel, par exemple.
Les inconvénients en matière d’ensoleillement dus au rehaussement des plafonds de hauteur sont limités par des études d’ensoleillement dans le cadre desquelles « toute construction devra se voir garanti un niveau d’éclairement satisfaisant, notamment pour les logements ». Cette réglementation peu précise risque d’être source de contentieux et d’alimenter de nombreux mécontentements.

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