L’avenir de l’usine Syctom de traitement des déchets d’Ivry : on se concerte !

Une première phase de concertation vient de se terminer à propos de la reconstruction par le Syctom de son usine d’Ivry, prévue pour 2023. Le projet prévoit un mode de traitement diversifié et hiérarchisé, en privilégiant la méthanisation puis l’incinération pour valoriser au maximum les déchets en les transformant en « produits » : gaz, vapeur, compost, recyclage… Le projet a évolué, en prenant en compte les observations liées au contexte (nouvelle réglementation, progrès techniques) et tirées du débat public de l’année dernière : on encourage le traitement des biodéchets, que ce soit par le biais du compostage domestique ou par l’encouragement donné aux communes à mettre en place des collectes séparatives (bacs dédiés aux biodéchets) ; l’apport extérieur d’ordures doit être réduit en ce qui concerne les ordures ménagères provenant du Nord-Est de Paris (Romainville, Blanc-Mesnil), hors du bassin versant ; la nouvelle usine à construire doit pouvoir être équipée afin de s’adapter aux fluctuations des quantités d’ordures à traiter;

La tendance générale est à une importante réduction du volume global d’ordures à traiter (490 000 tonnes en 2023 au lieu des 570 000 actuelles) en fonction des prescriptions édictées au niveau européen, national (Grenelle) et régional, incitant notamment les entreprises et les particuliers à renforcer la prévention. Le chiffre prévu à cette date pour l’incinération est fixe : 350 000 tonnes par an qui doivent alimenter en vapeur la CPCU afin de produire du chauffage urbain. Par contre, la méthanisation fait l’objet de deux scénarios. Dans les deux cas la méthanisation traite de déchets triés mécaniquement à Ivry mais aussi d’une part de biodéchets issus des collectes séparatives. Mais, dans le deuxième scénario, cette part de biodéchets est beaucoup plus importante (8 000 t au lieu de 5 000 t) et la capacité de tri mécano-biologique (TMB) de l’usine est réduite. On privilégie en ce cas le tri à la source des biodéchets qui assure une qualité du compost mieux garantie que celle issue du TMB.

La concertation a donné lieu à des débats portant notamment sur l’insertion d’une telle usine dans une zone en cours d’aménagement urbain qui prévoit un fort accroissement de population à Masséna-Bruneseau et à Ivry : mais aussi sur l’opportunité de construire une nouvelle usine d’incinération alors que les nouvelles réglementations supposent une forte restriction de cette technique au profit des autres modes de traitement.

On ne peut qu’être d’accord avec l’objectif du Syctom de ne plus recourir à la mise en décharge d’ordures ménagères pour l’ensemble de son territoire mais la technique envisagée, le tri mécano-biologique ou TMB et la méthanisation, n’ont pas encore vraiment fait leurs preuves en milieu urbain et en ce qui concerne la qualité du compost obtenu. Quant à la réduction du volume total d’ordures à traiter, elle ne dépend pas d’abord du Syctom mais elle dépend surtout de la capacité de ses partenaires à mettre en place des collectes sélectives et des nouvelles réglementations à venir concernant la responsabilité étendue des producteurs. Elle dépend surtout de la coopération des usagers pour un tri efficace à la source. Devant cesincertitudes, le maintien à Ivry d’une capacité d’incinération importante, quoique nettement moindre que l’actuelle, peut paraître prudente mais semble surtout liée à la production de vapeur pour le réseau de chauffage urbain.

Claude Gallaire, Brigitte Einhorn (représentants d’ADA 13 à cette concertation)