Réaménagement concerté à Oudiné-Chevaleret

Capture d’écran 2016-06-30 à 18.38.14Périmètre quartier Bédier-OudinéUn projet construit avec les habitants

Réaménagement du quartier Oudiné-Chevaleret, au sud du 13e arrondissement.   Des actions ponctuelles ont été engagées par Elogie qui a repris en 2013 à la Semidep le patrimoine de logements sociaux que celle-ci  gérait : la rénovation de l’immeuble Chevaleret est lancée. Elle prévoit la création de nouveaux logements, l’implantation d’activités et le relogement du centre social CAF.

En novembre 2015, plus largement, une étude urbaine a été lancée pour définir un projet de renouvellement du quartier. Dans le cadre  d’une nouvelle dynamique d’intervention en faveur des quartiers populaires, la Ville de Paris a décidé de lier ce projet à celui qui est en cours dans le quartier Bédier-Boutroux, au sud du boulevard Masséna.  Le diagnostic dressé pour ces deux secteurs montre en effet qu’ils présentent des similitudes qui permettent de dégager des objectifs communs plus ambitieux et d’assurer une continuité entre territoires.

Ces objectifs, définis par l’arrêté du 12 avril 2016, sont les suivants :

–  désenclavement par création de nouvelles voies, de dessertes locales, par fractionnement des îlots et par ouverture des façades

– renforcement de la mixité sociale par la création de logements intermédiaires ou en accession à la propriété

– renforcement de la mixité fonctionnelle en créant ou repositionnant des activités, en favorisant l’emploi local, en animant les rez-de-chaussée et en développant les liens

– création de continuités végétales avec la petite ceinture et le potentiel paysager existant

– renforcement des liens avec le secteur voisin e inscription du territoire dans la dynamique de l’Arc de l’innovation Paris-Rive gauche

– revalorisation des équipements publics, acteurs de la recomposition du quartier

– réflexion sur la place des immeubles de logement social existants et sur les améliorations à leur apporter.

En 2016, des ateliers  de concertation ont été mis en place : présentation du projet d’aménagement (9 mai), débat avec les habitants (30 mai et 13 juin), synthèse des échanges (29 juin). Ce projet a aussi été présenté le 17 mai 2016 à 15h00 dans une émission radio sur les ondes de monparisfm.com.

Lors de la réunion du 29 juin, le travail des ateliers était restitué, avec des cartes localisant les remarques et suggestions issues du débat. Deux options majeures se dégageaient : conservation totale ou partielle de la barre, avec réhabilitation ou destruction de cette barre qui serait remplacée par des « plots ». Les réactions ont divergé : il y avait ceux qui voulaient retrouver leur environnement et ceux qui voulaient du nouveau. Dans tous les cas il y aurait création d’une nouvelle rue, assurant la desserte locale, et d’un mail. Faut-il reconstruire le gymnase ou donner la priorité à un objectif d’amélioration de la qualité des logements ? Au-delà des choix d’orientation, la concertation a permis  de faire remonter les attentes de chacun et les observations tirées du quotidien (cour peu attrayante, parcours de circulation à améliorer, problèmes de sécurité…).

Une phase de la concertation est terminée. Il faut maintenant définir les orientations du projet définitif, éventuellement en recourant à une consultation des habitants concernés.

Ateliers concertation Oudiné- Synthèse des propositions-juin 2016

Circulation automobile difficile à Croulebarbe

panneau_travaux

La circulation des automobiles, des cycles et des piétons sera difficile dans le quartier Croulebarbe pendant plusieurs mois.

La mairie du 13e, avec l’appui de la RATP, d’Eau de Paris et en présence du directeur du cinéma UGC Gobelins a organisé une réunion à l’intention du CQ1 pour présenter les importants chantiers qui vont perturber les usagers et les riverains du boulevard Arago et de l’avenue des Gobelins pendant plusieurs mois à compter de cet automne. En voici un résumé.

Les travaux RATP boulevard Arago

Sans électricité, pas de métro ! Pour alimenter la traction (en 750 volts pour le métro et 1 500 volts pour le RER) ainsi que les stations, bâtiments et ateliers (en 400 volts), la RATP dispose d’un réseau indépendant de près de 2 000 kilomètres de câbles à haute tension qui sont pour l’essentiel enterrés sous la voirie. Ainsi un transformateur situé à Denfert Rochereau envoie du courant qui passe sous le boulevard Arago et le boulevard Saint Marcel et distribue de l’électricité à plusieurs lignes, notamment les 6 et 7, jusqu’au terminus de la ligne 11 Mairie des Lilas. Les câbles actuels ont plus de 50 ans et doivent être remplacés et prolongés pour atteindre Rosny-sous-Bois, nouveau terminus de la ligne 11 en 2022.

Du début du mois de septembre jusqu’à la fin du mois de décembre, le trottoir des numéros impairs du boulevard Arago sera ouvert puis refermé par tronçons de 200 mètres pour réaliser ces travaux. En 2017, ce sera le tour du boulevard Saint-Marcel, du côté du 5e arrondissement.

La circulation automobile et celle des piétons seront nécessairement perturbées, les cafés et restaurants devront démonter leurs terrasses.

Une piste cyclable boulevard Arago

C’est un engagement de la Ville dans le cadre du « plan vélos ». Depuis la Santé jusqu’au carrefour des Gobelins, l’espace réservé aux cyclistes sera, dans chaque sens, implanté sur la chaussée et non sur la voie cavalière, afin de laisser cet espace aux piétons. Les pistes, d’une largeur d’environ 1,5 mètre, seront protégées de la circulation automobile par un marquage au sol les séparant du stationnement des voitures. La place de l’automobile sera donc réduite d’environ deux mètres dans chaque sens. Le sujet le plus difficile à traiter est celui des arrêts de l’autobus 83 : des quais seront construits sur la chaussée et comprendront les abribus. Les voyageurs devront donc franchir la piste cyclable pour rejoindre l’arrêt.

Une bonne coordination entre la RATP et la Ville est indispensable pour que ces deux chantiers se fassent dans l’ordre et que cela n’aggrave pas les nuisances.

Le remplacement des conduites d’eau avenue des Gobelins

Eau de Paris va entreprendre à partir du mois de septembre un très important chantier de remplacement des conduites d’eau situées dans les égouts sous le trottoir des numéros pairs de l’avenue (donc côté Manufacture). Il s’agit de très gros tuyaux (40 centimètres de diamètre) qui transportent l’eau depuis le réservoir de Montsouris et alimentent les quartiers bas de la rive gauche : la fonte est ancienne, les points de jonction sont érodés et laissent passer quelques fuites, et la peinture qui a été utilisée contient de l’amiante. L’enlèvement et le remplacement des conduites se feront en trois tronçons, chacun d’entre eux nécessitant de creuser un puits de service pour le matériel et au moins un puits pour la sécurité des ouvriers. Les travaux dureront environ trois mois par tronçon et devraient s’achever au carrefour Gobelins Arago au mois de mai 2017. La « base vie » sera implantée rue Croulebarbe, en face de l’école maternelle

Eau de Paris nous a assuré qu’il n’y aurait pas de coupure de l’alimentation en eau des riverains (sauf ¼ d’heure en début et en fin de chantier du tronçon concerné). La circulation des piétons sera rendue plus difficile, celle des vélos (surtout dans le sens montant) plus périlleuse et les commerçants auront sans doute quelques bonnes raisons de se plaindre.

La démolition-reconstruction du cinéma UGC de l’avenue des Gobelins.

Presque un an et demi de travaux : le cinéma UGC de l’avenue des Gobelins va être entièrement démoli et reconstruit. Il n’est pas prévu d’augmentation significative du nombre de places, mais une augmentation du nombre de salles, qui passent de 7 à 11. Davantage de salles plus petites devrait permettre de programmer plus de films et d’enrayer la baisse de la fréquentation.

Le chantier s’annonce important, avec une noria de camions pour enlever les gravats, une réduction à deux voies de l’avenue, le couloir bus neutralisé et un parcours piétons un peu périlleux de ce côté de l’avenue

La coordination entre les travaux du cinéma et ceux du réseau d’eau s’annonce délicate.

plan Arago-Gobelins

 

À la découverte du quartier Croulebarbe

Plan quartier Croulebarbe-2

Le 24 juin, Pierre Deblock et Daniel Friedmann nous ont fait découvrir le quartier Croulebarbe, leur quartier. Promenade dans l’espace mais aussi dans le temps, car on y a trouvé un condensé d’histoire locale nous menant de Lutèce au Paris d’aujourd’hui. La visite nous a  permis de retrouver les vestiges actuels de cette Histoire.

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◙ Le quartier Croulebarbe était à l’origine rattaché à l’ancien bourg Saint-Marcel, nommé ainsi  en l’honneur  de l’évêque Saint-Marcel qui y a été enterré au Ve siècle. Les pèlerinages qui s’y sont développé aux siècles suivants ont été l’amorce de l’urbanisation dans le 5e arrondissement et au nord du 13e. La vie s’y est organisée autour des paroisses. Les noms de rue rappellent ce passé lointain : sise au 3-7 de l‘actuel boulevard Arago, l’église Saint Hippolyte, datant du XIe siècle et démolie au XIXe siècle, a donné son nom à une rue dont il subsiste une partie aujourd’hui. Le chemin de l’Oursine, devenu la rue de Lourcine (référence aux cendres ?)  évoquerait les nécropoles voisines. C’est maintenant la  rue Broca. La rue des Cordelières rappelle le couvent construit au XIIIe siècle dont il ne reste que quelques vestiges (baies en arc cintré, troncs de colonne et chapiteaux) intégrés dans l’hôpital Broca (anciennement de Lourcine). On a gardé aussi le souvenir du couvent des Dames  anglaises de la rue des Tanneries.

◙ C’est la Bièvre qui a joué un rôle essentiel dans le développement de l’ouest du 13e. La Bièvre était alors  en dehors de Paris et attirait ceux qui recherchaient le calme et la  verdure : les riches Parisiens, mais aussi les congrégations religieuses (Cordelières, Dames anglaises, Dominicains). Sont venues également s’implanter dans son voisinage les activités, chassées du centre de la capitale parce qu’elles étaient sources de nuisance. On appréciait aussi la qualité de ses eaux qui était particulièrement réputée. Parmi les métiers qui s’y sont développés, il y avait les teinturiers dont un sieur Gobelin, installé en 1443, qui a fait souche. Les membres de sa nombreuse famille ont été relayés par bien d’autres, mais c’est leur nom qui a subsisté. C’est ce nom qui a été donné à la Manufacture, fondée par Colbert en 1662, d’abord royale puis nationale, qui a impulsé le rayonnement national et international des métiers d’art (tapissiers, peintres, orfèvres, fondeurs, graveurs, ébénistes). Un secteur de la très ancienne rue Mouffetard est devenu  en 1869 l’avenue des Gobelins. Outre la station de métro qui porte ce nom, on parle volontiers du  « quartier des Gobelins » même si ce n’est pas son nom officiel. Par contre, d’autres  voies ont été rebaptisées, comme la ruelle des Gobelins appelée aujourd’hui rue Berbier-du-Metz. Malheureusement, la contrepartie de cet essor a été pour beaucoup les difficiles conditions de vie et de travail, la misère avec comme lieu emblématique le passage Moret ; et aussi, la pollution irrémédiable de la Bièvre qui entraîné son recouvrement, puis sa disparition totale en 1912.

Sur place, le souvenir de la rivière est partout :

– Le moulin Croulebarbe, cité dès 1214, a été démoli en 1840 mais il a laissé son nom à une rue, à une station de métro et au quartier administratif créé en 1860 (au moment de la constitution du 13e arrondissement).

– Les rues Paul-Gervais et Edmond-Gondinet sont alignées sur les deux bras de la Bièvre sur lesquels elles ont été édifiées à la fin du XIXe siècle

– Les galeries souterraines qui subsistent après recouvrement ne sont pas visibles mais le tracé des rues évoque le parcours sinueux de la rivière

– Le square Le Gall a remplacé l’île aux singes où, enserrés entre des deux bras de la Bièvre, se trouvaient les anciens jardins ouvriers des Gobelins. Aujourd’hui, ce sont les habitants qui peuvent y cultiver les parcelles d’un jardin partagé. Le square a conservé quelques pans des anciens murets bordant la rivière.

– Au XXIe siècle, les anciens métiers liés à la rivière ont disparu, mais la mémoire des lieux subsiste : la grande mégisserie de la rue Corvisart est devenue le lycée professionnel Corvisart des arts graphiques.  Le Palais du peuple de l’Armée du salut, rue Corvisart, et le lycée Rodin, rue des Tanneries, se sont installés à l’emplacement d’anciennes mégisseries .

– Le château de la reine Blanche, rénové en 2000-2002, nous rappelle les nombreux artisans des bords de Bièvre qui s’y étaient installés.

– La manufacture des Gobelins est toujours là. On peut voir ses bâtiments, sa chapelle, la plaque qui rappelle qu’elle a obligation d’entretenir la rivière devant ses bâtiments sur 137 m.

– Un parcours symbolique de la Bièvre a été établi : il donne des repères (regards d’égout, plaques) et des illustrations (sculpture de salamandre de Véronique Vaster au square Le Gall).

– De nombreux documents et des photos entretiennent le souvenir d’une rivière qui a façonné le quartier

◙ Au XXe siècle, après la disparition de la Bièvre, le quartier Croulebarbe a été remodelé : aménagement du square Le Gall, construction du Mobilier National et d’une extension des Gobelins ; puis rénovation urbaine et modernisation  des années 1950-1960. On envisage alors de prolonger l’avenue de la sœur-Rosalie par une véritable autoroute urbaine (les Champs-Élysées de la rive gauche) reliant la porte Dauphine à la place d’Italie qui aurait fait disparaître l’hôpital Broca et une partie du square Le Gall. L’objectif est de moderniser, d’assainir et de remédier à la crise du logement d’après-guerre. Ce plan d’ensemble n’a pas été réalisé mais des constructions et des aménagements sont intervenus.

On peut voir dans le quartier quelques réalisations d’architectes éminents :

– Le Corbusier a construit en 1926 une annexe de l’Armée du salut rue des Cordelières, 29 rue des Cordelières.

 – Les frères Perret ont  édifié le Mobilier National en 1934-1936 au 1, rue Berbier-du-Metz.

– Jean-Charles Moreux a aménagé le square Le Gall en 1938 sur l‘ancien jardin des Gobelins et a confié à Maurice Garnier des sculptures en rocaille.

– Adrien Brelet a été chargé en 1955du plan d’aménagement du quartier Croulebarbe. Son 2e projet prévoit une importante innovation : la construction de trois tours.

– Adien Brelet et André Le Donné ont construit de 1954 à 1957 un groupe d’immeubles HLM entre la rue Croulebarbe et le boulevard Blanqui

– Édouard Albert a édifié en 1960, au 31 de la rue Croulebarbe, la première tour de Paris, «  la Tour n°1 ». La tour Albert est la première de l’ensemble de trois prévu par le plan Brelet. Les deux autres tours sont situées au 42-52 rue Corvisart(1961)  et entre la rue Émile-Deslandres et le boulevard Arago (1969).

À lire :

– Gaston Digard, Le quartier Croulebarbe, éd. Municipales, 1995, 71 p.

, Simon Texier Le 13ème arrondissement : Itinéraires d’histoire et d’architecture, Paris, Action artistique de la ville de Paris, 2000, 143 p.

– Renaud Gagneux, Jean Anckaert, Gérard Conte, Sur les traces de la Bièvre parisienne : promenades au fil d’une rivière disparue, Paris, Parigramme, 2004, 156 p.

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