Lettre d’Ada 13 au garant de la concertation Syctom et réponse du garant

Paris, le 11 mars 2011

Monsieur Guihéneuf
Garant de la concertation
Syctom
35, boulevard de Sébastopol
75001 Paris

Monsieur le Garant,

Notre association a suivi avec un grand intérêt la première phase de la concertation engagée sur le projet de transformation du centre de traitement des déchets ménagers à Ivry-Paris XIII et apprécié positivement les évolutions constatées depuis que le projet a été présenté au débat public.

Il nous est apparu que le maintien à Ivry de la capacité d’incinération de 350 000 tonnes par an est surtout lié à la production de vapeur pour le réseau de chauffage urbain, et nous regrettons que ce choix n’ait pas été abordé de façon plus approfondie.
Quoiqu’il en soit, il n’est pas question pour nous de revenir sur cette phase de la concertation mais il nous semble nécessaire de tenir enfin le Forum public de restitution des ateliers qui a dû être annulé en décembre dernier en raison des conditions climatiques.

Il nous semble également nécessaire d’établir un calendrier précis pour la deuxième phase de concertation, normalement prévue dès la fin de ce mois de mars 2011. Nous comptons sur votre diligence pour faire avancer les choses sur ces deux points et nous exprimons notre confiance dans votre action pour la poursuite de cette concertation.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Garant, à l’assurance de notre considération la meilleure

Françoise Samain
Présidente d’Ada 13

 

**************************************************************************

 

Pierre-Yves GUIHENEUF
Garant de la concertation
Projet de transformation du centre de traitement Ivry-Paris XIII

Le 25 mars 2011.
Mme Françoise Samain
Association ADA 13
5 Avenue de la Soeur Rosalie

75013 Paris

Madame la Présidente,

Je vous remercie de votre courrier en date du 11 mars 2011.
Vous attirez mon attention sur l’importance que vous attachez à la tenue d’un Forum public
de restitution des ateliers et sur la nécessité d’établir un calendrier de la deuxième phase de
concertation.

En ce qui concerne ce forum, je considère comme vous qu’il est nécessaire de mettre en
place une action d’information du grand public présentant les résultats de la concertation et
les avancées du projet. Il me semble cependant que des conditions doivent être réunies pour
cela. Cette réunion doit pouvoir se tenir dans un climat apaisé, ne serait-ce que dans un
objectif de respect du public. Il serait regrettable qu’elle soit considérée comme un moyen de
prolonger des controverses qui n’ont pas pu trouver d’issue lors des précédentes réunions.
De mon point de vue, il ne s’agit pas de nier l’existence de désaccords mais d’en faire un
constat objectif sans utiliser le public comme un arbitre des différends qui subsistent.

J’ai fait état, dans le rapport d’étape que je transmets ce jour à M. Fournet pour communication aux partenaires de la concertation, de la nécessité d’organiser – avec
suffisamment d’anticipation – cette information du public. Je souhaite que ses modalités soient préalablement discutées dans le cadre du Groupe de coordination en charge de la préparation des réunions de la concertation. Si nous parvenons à un consensus à ce niveau, ce que je crois possible, il n’y a aucune raison pour que cette réunion publique ne puisse pas se tenir.

En ce qui concerne le calendrier des réunions de la deuxième phase, j’estime comme vous qu’il y a urgence à les préparer. La première pourrait être organisée fin avril et j’ai demandé une réunion rapide du groupe de coordination pour en fixer les modalités. Pour le moment, et
du fait des tensions qui sont apparues entre certains partenaires de la concertation, le
Syctom n’a pas confirmé sa participation à cette réunion préparatoire. J’ai donc fait état de
ma demande à ce sujet au Comité syndical du Syctom, qui doit se réunir à la fin de ce mois.
En vous remerciant de l’attachement que vous portez à cette concertation et de l’attitude constructive que vous manifestez, je vous prie de croire, Madame la Présidente, en l’assurance de ma considération la meilleure.

Pierre-Yves GUIHENEUF

Vers une mobilité durable, une mobilité désirable dans le 13e

Le projet Ecomobilité Paris-Rive gauche (http://ecocitoyen-parisrivegauche.org), développé depuis deux ans, s’appuie sur un tel modèle de « bonne mobilité ». Son objectif est de promouvoir un type de circulation qui recouse ce quartier neuf avec ses voisins de l’ancien 13e, eux-mêmes en pleine mutation ; mais aussi de changer les pratiques et les comportements pour mieux et moins se déplacer. L’idée est de passer d’une mobilité contrainte à une mobilité « désirable ».

La démarche menée, allant du diagnostic à l’action, avait plusieurs finalités :
– Opérer une approche globale de la question, en articulant les différents niveaux institutionnels d’intervention dans une logique d’ensemble intégrant l’existant : infrastructures, aménagement, fonctionnement, offre de services
– Assurer un accompagnement professionnel de cette sensibilisation, en développant les systèmes d’information sur les déplacements et les formations ou animations pour encourager aux changements individuels et collectifs
– Mutualiser et coordonner les actions (covoiturage, installation de » cartes d’accessibilité »…)
– Favoriser les alternatives aux déplacements physiques en développant pour l’usager un rapprochement des services locaux, en donnant une meilleure visibilité de ce qu’ils offrent ; ou en promouvant le travail à distance.
L’opération a consisté à recenser les tendances lourdes, à dresser un état des lieux par des entretiens au niveau des entreprises ou des usagers et à organiser trois séminaires de créativité qui regroupaient acteurs locaux et experts (télétravail, mobilité durable, bouquet de services).
Les enseignements de cette étude ont abouti à trois projets :

– Rédaction de 12 fiches action consignant les axes à développer pour améliorer la mobilité
– Création d’une maison de la mobilité du 13e pour former et accompagner les usagers dans ces nouvelles pratiques
– Constitution d’un « GIP écocitoyen Paris-Ile-de-France » développant les synergies entre les acteurs locaux

En parallèle a été initié dans le 13e un dispositif destiné aux entreprises, le PDIE (Plan de déplacement interentreprises). L’originalité de ce projet par rapport à ce qui se fait ailleurs consiste à mener cette expérimentation dans un territoire relativement vaste (à l’échelle d’un arrondissement), où le réseau de transports publics est satisfaisant et qui s‘insère dans une Région où le maillage territorial est plutôt dense.

Tout part de PRG, où il existe un fort potentiel économique, culturel et social mais où les entreprises étaient peu sensibilisées jusqu’ici à ces problématiques. Cette démarche s’ancre dans une forte dynamique locale de concertation, que ce soit au niveau de l’aménagement de la ZAC qu’à celui du travail mené par Ecocitoyens. Des outils de dialogue ont été mis en place : entretiens, enquêtes, séminaires thématiques, ateliers de travail, rencontres entre entreprises et responsables municipaux. Tout cela a permis une acculturation très utile avant de passer à l’action.L’expérience pilote, ici développée, pourra servir de modèle à des démarches de même type entreprises pour promouvoir la mobilité.

Cette réflexion, prolongée par l’action, va dans le sens de ce que nous souhaitons à ADA 13 :une incitation à mieux et moins bouger se traduisant par des mesures concrètes, une implication des responsables politiques, institutionnels et au niveau de l’entreprise, une sensibilisation des usagers qu’ils soient habitants, salariés, étudiants ou visiteurs. Le fait d’associer ceux-ci au processus, en les consultant, les informant et les formant, semble être un gage de réussite.

Projet pour l’usine d’Ivry : les chiffres

Les scénarios du SYCTOM pour l’usine d’Ivry

TMB : Tri mécano-biologique
OMR : Ordures ménagères résiduelles issues de la collecte sélective des ordures brutes
CS : Collecte séparative des biodéchets

FCR : Fraction combustible résiduelle, issue du TMB, et destinée à l’incinération

Volume global d’OMR = méthanisation + incinération + valorisation + rejet

***************************************************************************

Mode de traitement :
– Actuellement en 2011, incinération des OMR
– A l’avenir (2023 et 2050) tri mécano-biologique (TMB) des OMR, orientées ensuite entre quatre filières :
– Recyclage (métaux, bouteilles plastiques…)
– Méthanisation de la fraction fermentescible (production de compost, biogaz…)
– Incinération de la fraction combustible résiduelle ou FCR (production de mâchefers, vapeur, électricité)
– Refus (stockage)

Volume global d’OMR à traiter à Ivry :
– Actuellement 570 000 t
– Projet du Débat Public pour 2023 : 490 000 t
– Prévisions de la concertation pour 2023 : deux scénarios sont proposés
– Dans le scénario 1 : 485 000 t (soit 460 000 t d’OMR + 25 000 t issues de la CS de biodéchets)
– Dans le scénario 2 : 482 000 t (soit 442 000 t d’OMR + 40 000 t OMR issues de la CS de biodéchets)
– Projection à 2050 : 365 000 t (soit 305 000 t d’OMR + 60 000 t issues de la CS de biodéchets)

Volume soumis au TMB :
– Projet du Débat public : 490 000 t
– Scénario 1 de la concertation : 485 000 t
– Scénario 2 de la concertation : 365 000 t
– Projection à 2050 : 365 000 t

Volume soumis à l’incinération :
– Projet du Débat public : 350 000 t (soit 240 000 t de FCR locales + 110 000 t de FCR «extérieures» )
– Scénario 1 de la concertation : 346 000 t (soit 240 000 t de FCR locales + 106 000 t de FCR «extérieures»)
– Scénario 2 de la concertation : 350 000 t (soit 139 000 t de FCR locales + 117 000 t d’OMR locales + 94 000 t de FCR et d’OMR «extérieures»)
– Projection à 2050 : 229 000 t soit 154 000 t de FCR locales + 75 000 t de FCR «extérieures»

Volume soumis à méthanisation
– Projet du Débat public : 180 000 t
– Scénario 1 de la concertation : 180 000 t (soit 175 000 t issues du TMB + 5 000 t de biodéchets)
– Scénario 2 de la concertation : 173 000 t (soit 165 000 t de TMB + 8 000 t de biodéchets)
– Projection à 2050 : 165 000 t (soit 150 000 t de TMB + 15 000 t (biodéchets)

**************************************************************************

Les conclusions :
→ Face à ces remises en cause, le SYCTOM a approfondi ses hypothèses et envisagé de nombreuses variantes par rapport au projet présenté au Débat Public. Mais une donnée n’a pas changé : c’est la quantité maximale d’OMR à incinérer qui est de 350 000 t à travers tous les scénarios prévus. Cela correspond sans doute à une recherche de valorisation énergétique des OMR pour alimenter en vapeur le chauffage urbain. C’est une des fonctions de l’usine d’Ivry qu’il ne voudrait pas abandonner.

Il souhaite un équilibre global dans le cadre de l’ensemble des communes qui relèvent du SYCTOM, équilibre qui doit tenir compte des évolutions en cours: recentrage de l’usine de Blanc-Mesnil sur la méthanisation des biodéchets issus d’une collecte séparative. Ses objectifs de base sont de supprimer tout recours à la mise en décharge des OMR et d’éviter l’utilisation des capacités d’incinération extérieures.

Je revendique le droit au banc !

Ils disparaissent progressivement, subrepticement, ces bancs qui nous accueillent au coin de chez nous ou nous permettent de nous arrêter un moment pour prendre le soleil, bavarder, lire ou simplement vivre la ville. On s’y repose, on s’y isole ou, au contraire, on y échange sous le regard de tous, mais finalement dans une certaine intimité.

Renseignement pris, il ne s’agit pas d’un vol opéré par quelque collectionneur de bancs mais d’une volonté délibérée d’enlever toute occasion de désordre perturbant les riverains qui se plaignent de nuisances. Cela veut-il dire que l’on ne sait plus cohabiter ? A la campagne, on assourdit les cloches, on fait disparaître les coqs, on met les chiens à l’index. Seuls restent les bruits de la vie courante et les voix, souvent perçantes, qui parfois vous réveillent intempestivement dès potron minet. A Paris, ce sont plutôt les SDF qui dérangent ceux qui ont la chance d’avoir un toit. On veut une ville lisse, aseptisée, bien pensante. Ce débat rappelle celui sur les terrasses de café. On en veut bien mais surtout pas près de chez soi.

Or les bancs jouent un rôle de service public en favorisant la convivialité, en permettant de faire une pause pour se reposer, se distraire, se recentrer, communiquer. Il est la Providence pour ceux qui ont du mal à se déplacer, pour les ados, pour les mères de famille, pour les amis et les amoureux, pour les contemplatifs. Sans oublier les SDF, qui pour ne pas être forcément des contribuables et des électeurs, n’en sont pas moins des usagers de la ville.

Cette disparition programmée qui fait bien des mécontents est-elle inéluctable ? N’est-elle pas contradictoire avec la politique d’encouragement aux circulations douces qui préconise d’aménager des lieux de pause, et entre autres des bancs, pour accueillir les marcheurs ?

Il est à craindre que les bancs publics fassent partie des vestiges d’une époque révolue et que nos enfants en ignorent tout. Pour eux, un banc, ce sera uniquement ce « machin » qu’on trouve dans les parcs et jardins protégés par des grilles.

Brigitte Einhorn