Centre Syctom d’Ivry-Paris XIII : après le débat public, la concertation…

A l’issue du débat public, organisé du 4 septembre au 28 décembre 2009, le comité syndical du Syctom du 12 mai 2010 a décidé de poursuivre le projet de reconstruire sur le même site le centre de traitement des déchets ménagers d’Ivry-Paris XIII.

Le Syctom s’est engagé à mener une concertation sur ce projet pour les cinq ans à veniravec les partenaires qui le souhaitent. Trois membres d’ADA 13 participent à cette concertation dont le but est de rechercher des solutions et de faire que ce projet se rapproche le plus possible des attentes des différents publics.

Trois grandes étapes sont définies :
de mai 2010 à mars 2011, préparation du programme détaillé de l’opération sous l’égide d’un garant choisi par l’ensemble des partenaires,
d’avril 2011 à mi-2013, élaboration d’une charte de qualité environnementale de l’opération et de son suivi,
de mai 2013 à 2015, enquête publique pour le choix du concepteur/constructeur/exploitant fait par le Syctom pour ce projet.

Pendant la première phase de concertation des ateliers sont prévus pour préciser certains aspects du projet suite au débat public selon trois thématiques :
1- Adaptabilité des capacités de traitement à l’évolution des gisements selon un principe de réversibilité : gestion des déchets organiques, traitement de déchets provenant d’autres centres Syctom de l’agglomération parisienne, évolution du traitement par incinération, zéro déchets mis en décharge, continuité su service public.
2- Intégration architecturale et paysagère du centre : grandes options à définir, maintien ou non du panache, vocation pédagogique du futur centre.
3- Impacts et surveillance du centre : suivi du chantier et de l’exploitation, contrôle non réglementaire confié à un collectif d’associations, surveillance du site par des sentinelles représentant les habitants, choix des technologies les plus performantes

Pendant cette première phase le Syctom élaborera son plan de prévention 2010-2014 en concertation avec tous les acteurs concernés par cette prévention et fera connaître les résultats des différentes études portant sur cette question : gisement des déchets organiques à traiter, étude socio-économique sur l’évolution des tonnages à traiter, faisabilité du projet
Le1er juillet 2010 s’est tenue la réunion de lancement de la concertation, en présence de Pierre-Yves Guiheneuf, le nouveau garant. L’objectif était, outre une première prise de contact des partenaires, l’adoption de la charte de la concertation qui était proposée, le cadrage des modalités de fonctionnement de la concertation thématiques prévues pour les ateliers de la première phase. Thierry Catelan, adjoint au maire du 13e, a notamment fait état de la demande de participation de représentants des conseils de quartier 7 et 8 (voir blog ADA 13, rubrique « Conseils de quartier »).

Le suivi de l’avancement du projet peut se faire en consultant le site du Syctom. Vous y trouverez la délibération du 12/05les compte-rendus des réunions et les contributions des partenaires (y compris celle d’ADA 13 du 25 juin 2010).

voir site :[/url]
paris.fr/edi/comm/comm/ivry/concertation.html]

Vœu du conseil de quartier n° 8 sur le projet Syctom

Le conseil de quartier n° 8 regrette de ne pas avoir été associé au débat public organisé par la Commission Nationale du Débat Public, de septembre à décembre 2009, et de ne pas avoir participé à la sensibilisation des habitants au projet de transformation de l’Usine d’incinération d’lvry-Paris XIII. .

Le conseil de quartier n’étant pas associé en tant que tel à la poursuite du processus de concertation engagé autour du projet du Syctom, sollicite donc l’intervention de l’autorité municipale auprès du garant de la concertation afin qu’il procède à l’aménagement nécessaire à l’intégration d’une délégation du conseil de quartier dans les débats encore à venir.
En outre, il demande à ce que le Syctom mette tout en œuvre pour informer le plus largement possible les habitants sur les modifications apportées à cette usine au niveau des technologies mises en œuvre ainsi que des conséquences sur l’environnement occasionnées par celles-ci.

Il reste pour ce faire à la disposition du garant de la concertation pour étudier les possibilités d’implication du CQ et des habitants.

Centre socioculturel Kellermann-Rungis : bilan d’étape (juillet 2010)

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Le centre socioculturel qui doit ouvrir en 2012 sur la ZAC Rungis, est créé par et pour les habitants du quartier, organisés en association. Son équipement est élaboré de manière participative, à partir d’un « groupe-projet » représentant habitants, associations locales et institutions. En action depuis avril dernier, ce groupe organisé en petits ateliers, a restitué au public en juin, le résultat de ses premiers travaux concernant les besoins des habitants.
Le recueil de ces besoins s’est élaboré à partir d’un questionnaire transmis par les gardiens d’immeubles ou remplis entre voisins (43 questionnaires récupérés) ou autour des discussions au sein des manifestations conviviales (fêtes de quartier, fêtes des écoles, travaux de couture…). Un atelier jeune avec support film est prévu.

Que comprendre par centre socioculturel (hors considérations financières) ? C’est un foyer d’initiative porté par tous les habitants de culture et d’âge différents, impliqués dans le développement social et l’animation de la vie locale, qui évoluent dans les domaines choisis par eux en s’appuyant sur des savoir -faire. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges.

Quels sont les principaux thèmes exprimés dans les désirs des gens du quartier ?
Ce sont l’apprentissage d’une langue, l’aide au soutien scolaire, l’accompagnement dans les démarches (juridique, administrative, rédaction de CV), l’information santé (prévention, vaccination), la mise en place d’animations de style pratique (cuisines du monde, bricolage, couture-réparation de vêtement…) et d’activités culturelles (découverte des peintres, visites de musée), la demande d’atelier de poterie, de façonnage (par le groupe de travail sur le handicap).
Il est fait remarquer que l’ensemble des activités ne devront pas être cloisonnées, ce qui est déjà une indication quant à la structure voulue du bâtiment !
Martine Rigoir

Informations sur le site de l’ARBP

Ne pas manquer le film de Philippe Lioret, Welcome (2009), projeté au square Paul-Grimault le 17 juillet à 22 heures.

Cemex : la première centrale à béton HQE en France

Le port de Tolbiac, situé dans le 13e entre le pont de Tolbiac et le pont National, est en cours de réaménagement. Les infrastructures utilisatrices du transport fluvial qu’il accueille sont modernisées en termes de haute qualité environnementale (HQE) pour ce qui concerne l’insertion architecturale, la réduction des nuisance et le respect des riverains, salariés et usagers.

La centrale Holcim Bétons, reconstruite en premier, témoigne de cette exigence et d’une intégration réussie dans la ville. C’est maintenant la société Cemex, présente sur le site depuis des décennies, qui doit en juillet ouvrir sa nouvelle usine. L’alimentation en matériaux (granulats) se faisant par la Seine permet d’éviter la circulation de 1000 camions chaque année. La préoccupation environnementale de Ports de Paris et des industriels est formulée dans la charte Sable en Seine 2 qui permet d’évaluer et éventuellement d’améliorer la qualité des ports en procédant à des audits. Cette charte prévoit aussi d’instaurer des CLIP (comité local d’information portuaire) pour développer information et dialogue, notamment avec les riverains. Le premier CLIP va être créé au port de Tolbiac.

La Cemex, bien implantée en France, a une grosse centrale à Ivry qui alimente des chantiers importants. L’usine de Tolbiac est destinée à une production plus réduite de bétons spéciaux. L’objectif est de limiter à 2 camions l’approvisionnement, d’éviter les émissions de poussière par des filtres, de maintenir le bruit à un niveau inférieur à celui du trafic routier voisin. Des contrôles réguliers doivent vérifier le respect de ces engagements. Des mesures de sécurité pour le public et de gestion des eaux complètent le dispositif (prévention contre les inondations, vérification des eaux rejetées en milieu naturel, assainissement). La lumière naturelle a été privilégiée pour les travailleurs dans la mesure du possible, des matériaux durables sont utilisés. La traçabilité des déchets selon leur nature est assurée. C’est la première centrale à béton construite selon ces principes. Elle pourra servir de modèle dans la démarche HQE.

L’intégration urbaine a été recherchée en limitant le nombre des constructions, en les rendant transparentes, en en surélevant quelques-unes sur pilotis. L’idée est de préserver autant que possible la visibilité de la Seine. Les plantations d’arbre et le choix de l’éclairage vont aussi dans le sens de cette intégration. L’objectif de mixité d’utilisation (industrielle et publique) du site est rempli avec de nouveaux espaces ouverts aux promeneurs en dehors des heures d’exploitation (le soir, les week-end et jours fériés). Ils pourront ainsi cheminer jusqu’au Port de la Gare et profiter de ses animations.

Séminaire du 1er juillet 2010 sur les mobilités durables dans le 13e arrondissement

Un projet de l’Association française pour l’excellence territoriale (AFET) et du Conseil régional d’Ile-de-France expérimente dans le 13e un Plan de déplacements inter entreprises (PDIE) dans un objectif de rationalisation des modes de déplacement.

Un état des lieux, en questionnant entreprises et usagers, permet de distinguer dans le 13e quatre pôles en matière de déplacements :
– ZAC PRG, nouveau quartier d’affaires
– Place d’Italie, quartier commerçant et administratif
– Masséna, quartier commerçant et résidentiel
– Place Jeanne d’Arc, ancien quartier commerçant et résidentiel.

Les transports en commun sont très utilisés dans le 13e grâce à une bonne desserte mais restent insuffisants (à certaines heures, en certains endroits). Il y a des liens avec la banlieue, surtout le Val-de-Marne. Marche et vélo sont pratiqués mais peuvent être développés par une politique d’encouragement, (sensibilisation, formation, aménagement urbain) impliquant la ville, les entreprises, l’association Voiture & Co. Pour PRG, les décisions de favoriser soit des bouquets de services et des commerces de proximité soit le recours aux commerces des quartiers voisins aura un impact sur les déplacements qui sont actuellement en majorité de caractère professionnels.
La municipalité et la Semapa ont un rôle à jouer pour inciter à de ces nouvelles pratiques qui vont dans le sens du développement durable, dans leur politique d’aménagement de la voirie, des réseaux de transport et des places de stationnement.

Les ateliers de ce séminaire ont évoqué les pistes possibles :
Pour encourager les modes actifs (marche et vélo) dans les déplacements de proximité :

– sensibilisation à de nouvelles pratiques (campagnes de sécurité, actions de formation)
– développement de nouveaux services : vélo-taxi (comme Vélotac pour transport de personnes et de marchandises pour les petits trajets, services SNCF…)
– offre accrue de places de stationnement pour les vélos et les ateliers de réparation (impact sur l’insertion professionnelle des jeunes)
– amélioration de la signalétique (cartes adaptées, centrées et lisibles, panneaux d’information, guide unique pour tous les modes de transport dans l’arrondissement)
– utilisation des points info énergie, des bouquets de service des PIMS pour proposer le conseil en mobilité
– communication lors des séances d’accueil en mairie des nouveaux arrivants et dans les entreprises de PRG
– participation des habitants aux décisions d’urbanisme (tracé des rues notamment).

Pour mutualiser et développer l’offre entre entreprises :
– Un potentiel existe pour organiser un covoiturage à PRG avec les entreprises de l’avenue de France (BCE, Natixis, Accenture, RFF)., mais aussi pour une offre spécifique destinée aux personnels à horaires décalés (APHP, employés de la Ville de Paris)

– Un pôle d’attraction existe dans le 13e pour l’autopartage qui se pratique déjà selon des modèles différents en interne (Ville de Paris) ou en recourant à un prestataire de services (Accenture). L’intérêt personnel peut être sollicité mettant en évidence les avantages de ces solutions pour les salariés (rapidité, création de lien social, développement durable). Il faudrait mutualiser les innovations en la matière qui restent cloisonnées et inventer de nouvelles formules.

Reconstruction du centre de traitement de déchets d’Ivry-Paris XIII : à suivre….

Le débat public ouvert à l’occasion de la reconstruction du centre de traitement des déchets ménagers d’Ivry-Paris XIII est maintenant terminé. Un certain nombre de remarques des partenaires ont donné lieu à des cahiers d’acteurs. ADA 13 s’est exprimée dans les n° 5 et 6 dela Lettre , dans le n° 120 de Liaisons IDFE et dans le n° 75 de la Gazette du 13e. Le Syctom a publié un compte-rendu et un bilan de ce débat public. Nous en avons fait une synthèse que vous pouvez nous demander en écrivant à l’adresse ada1375@orange.frmailto:ada1375@orange.fr[/url. Vous pouvez aussi consulter au local du 5 av. de la Sœur-Rosalie (sur rendez-vous) notre documentation papier sur le sujet : brochures, compte-rendu de réunions, cahiers d’acteurs.

Le comité syndical du Syctom a décidé de poursuivre le projet de construction, au vu des enseignements et du bilan du débat public. Le lancement de la concertation sur ce projet est lancé. Une première réunion aura lieu le 1e juillet, en présence du garant, Pierre-Yves Guiheneuf, qui a été désigné de façon consensuelle par les partenaires de la concertation. Il serait souhaitable que les conseils de quartier 7 et 8, dont les habitants sont riverains de l’usine, soient également associés directement à ce processus de concertation.

L’université Paris-Diderot à la fête le 12 juin 2010 : les Grands Moulins de Paris et leur histoire

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La fête organisée le 10 juin 2010 par l’université Paris-Diderot s’intitulait Tous les Moulins du Monde, en lien avec le passé de ce quartier qui a eu si longtemps une vocation industrielle et reste fortement marqué dans la mémoire ouvrière. Rappelons que l’université s’est installée en 2007 dans les bâtiments des Grands Moulins de Paris, construits entre 1917 et 1924 sur les plans de l’architecte Geoges Wybo et qui ont été magnifiquement restaurés par Rudy Riciotti. Cet hommage à l’histoire des lieux se voulait le lien entre appétits de pain et de savoir. Plus particulièrement, la journée était consacrée à Ernest Vilgrain, fondateur des Grands Moulins qui ont fonctionné jusqu’au milieu des années 90. Un amphithéâtre portera désormais son nom. Son rôle a été évoqué dans les documentaires projetés à cette occasion : un film de 1999 d’Alexandre Virton et trois de 2010 d’Alain Monclin. Nous y avons découvert le portrait de cet industriel et l’interview de son descendant Jean-Louis Vilgrain, les témoignages de dirigeants de l’usine et, par les photos et documents d’archives, les hommes au labeur et leurs machines. Nous y retrouvons aussi des chercheurs qui s’intéressent à l’histoire industrielle du quartier : Jean-Pierre Vallat, professeur à Paris Diderot et directeur du laboratoire Phéacie, Nicolas Walton qui a travaillé sur les Grands Moulins et Nathalie Méraud qui nous parle du patrimoine parisien.

Une visite de la Bibliothèque Centrale était proposée : située dans les locaux des grands Moulins qui bordent la Seine, elle a conservé des souvenirs de l’ancienne vocation des lieux : murs bruts, machines industrielles. Elle rassemble les fonds jusque là dispersés des différentes composantes de l’université auparavant dispersés. On y trouve donc 200 000 ouvrages, 16 000 revues électroniques, des films qui concernent aussi bien les sciences que la littérature, les langues, l’histoire, la géographie, la sociologie, la psychologie… Nouvellement constituée, cette bibliothèque très accueillante n’a pas de documents patrimoniaux mais offre un vaste panorama de ressources qui peuvent satisfaire l’appétit de connaissances des étudiants, de leurs enseignants mais aussi des habitants du 13e. Il faut payer 30 € pour emprunter mais la consultation est en libre accès (59 quai Panhard et Levassor, 01 57 27 66 00 ou sur son site web).
L’université Paris-Diderot n’est donc pas refermée sur elle-même mais elle applique le principe de lieu ouvert qui a présidé à son aménagement à Paris-Rive gauche.

Enquête publique sur la révision simplifiée du PLU Masséna Bruneseau. Quelques réflexions sur les thèmes Développement Durable et Environnement – Emmanuel Leguy

Schéma des orientations d’aménagement proposés dans le cadre de la révision simplifiée du PLU

Schéma des orientations d’aménagement proposés dans le cadre de la révision simplifiée du PLU

Cette enquête Bouchardeau permet surtout d’apprécier les volets « développement durable », en particulier environnementaux du projet, qui sont porteurs de gros enjeux.
Les enjeux sociaux et économiques sont aussi déterminants , mais ils relèvent de la programmation initiale du projet et ont été certainement débattus plus en amont dans le cadre du CPC : il est trop tard pour y revenir.

Composition urbaine et paysage :
L’option centrale est la construction de tours dont au moins un IGH (Immeuble Grande Hauteur) .
C’est une option très déterminante pour la qualité urbaine et architecturale du projet et sur laquelle le débat pour ou contre les tours n’est plus d’actualité. La vraie question étant à ce stade d’apprécier si on se donnera les moyens de réussir des complexes immobiliers, mixtes, écologiquement acceptables, bien intégrés dans leur environnement et susceptibles d’apporter un vrai référentiel de qualité à ce paysage déstructuré de franges.
En assurant la bonne continuité urbaine annoncée entre Paris et sa banlieue, ce qui peut susciter quelques réserves quand on crée un ilôt de densité sur un faisceau d’infrastructures aussi complexe.

L’étude d’impact : Ce pavé est un modèle du genre, dont on n’attend plus grand chose et ceci pour des raisons qui sont maintenant bien connues et qu’on peut brièvement rappeler :
– financées par le maître d’ouvrage elles sont définitivement sous influence
– elles apportent les demandes et les réponses, le véritable débat est en amont
– elles ne hiérarchisent pas les problématiques abordées
– elles ne livrent pas de conclusion synthétique permettant un vrai débat sur des questions de fond.
Au demeurant, celle-ci est très bien faite, juste cafouilleuse sur l’hydrologie (prévention des crues) mais elle a le mérite de faire explicitement référence à une phase ultérieure de débat sur les thèmes environnementaux, qui seront intégrés dans les Cahiers de Prescriptions des Maitres d’Ouvrage promoteurs-constructeurs en phase avec le Plan Climat (cf infra).

Plus intéressantes sont les études thématiques sur le bruit et les pollutions urbaines, très techniques dans leurs analyses mais malheureusement conceptuellement encore très limitées dans leurs conclusions.

L’étude de bruit :
La campagne de mesures et la modélisation du trafic à terme permet d’extrapoler des niveaux de bruit à trois altitudes NGF sur le site (niveau sol, 1,5m et 20m) ; le résultat attendu est que l’exposition au bruit augmente avec l’altitude et que les zones de calme (inférieures à 60 dB) sont très limitées aux cœurs d’ilôts.
Paradoxal pour un site où l’on veut construire en hauteur ? Sûrement pas si on y construit des immeubles fermés, climatisés et fréquentés seulement aux heures de bureaux…
A défaut d’une diminution espérée du trafic sur un site très intermodal, mais qui restera un point de croisement des flux automobiles, les conclusions sont plutôt basiques : réduire les niveaux sonores de la circulation en adaptant les revêtements de voiries.

L’étude sur les pollutions urbaines : Cette étude sur la qualité de l’air est caractéristique du genre en l’état de nos connaissances actuelles sur le sujet : beaucoup de calculs d’experts sur de nombreux paramètres ( NO2, O3, CO, COVm , NOX , poussières …) , simulés à terme à trois altitudes ( différentes des précédentes) , pour aboutir à des conclusions lénifiantes qui masquent en fait notre ignorance sur les effets long terme de ces expositions polluantes sur la santé.

En conclusion :
Il n’est pas question de faire un procès d’intention à la SEMAPA sur les lacunes d’une procédure obsolète – l’étude d’impact- et des dossiers techniques inopérants-sur le bruit et les pollutions urbaines- parce que, par exemple, dix ans après la promulgation de la Loi sur l’Air nous sommes encore incapables de lutter efficacement contre les nuisances urbaines (1).

Mais on peut se poser, peut-être tardivement, quelques questions sur ce thème générique de l’environnement voire du développement durable :

Question 1 :l’opération Masséna- Bruneseau n’est-elle rien d’autre que la construction d’un complexe de tours sur un « échangeur », à une encablure d’un incinérateur ?
Pourquoi vouloir à toutes forces valider l’idée d’un quartier habité par des gens qui vivraient mieux ailleurs, alors qu’il s’agit en fait d’un pôle tertiaire dont rêve la SEM pour achever en beauté la ZAC aux portes de Paris ?
Avec un risque financier certain dans un marché tertiaire tendu, mais chacun ses risques…

Question 2: il y a eu un avant Plan Climat de Paris, voté en 2007, y a t-il un après ?
On aurait pu s’attendre à ce qu’il serve de cadre général aux études préalables en fixant des cibles stratégiques en matière d’émissions de GES ( Gaz à effet de Serre), de maitrise de l’énergie, voire de bilan carbone .
En fait le rapport de présentation sauve la mise en précisant ce qui suit :
« Les nouveaux programmes de bâtiments s’attacheront en matière de construction à respecter les objectifs du Plan Climat en matière de consommation et de production d’énergie. »
Dont acte ! Reste à rêver de tours écologiques…

(1) NDLR : cette appréciation sur les études d’impact n’engage que son auteur.

Enquête publique et exposition à la mairie du treizième sur la révision du PLU pour Masséna-Bruneseau

Enquête publique et exposition, du 10 février au 12 mars, à la mairie du treizième sur la révision du PLU pour Masséna-Bruneseau (ZAC Paris-Rive gauche). Vous pouvez aussi adresser vos observations au commissaire enquêteur, M. Marc Brion (Mairie du treizième, 1, place d’Italie, 75634 Paris Cedex 13).
Cette enquête débouchera sur une délibération du Conseil de Paris à l’été 2010 et sur des travaux à partir de 2013.
L’enjeu principal est la révision du plafond des hauteurs de 37 m actuellement à 50 m (logements) et 180 m (activités).

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ADA 13 donne son avis sur le projet de révision simplifiée du PLU Masséna-Bruneseau

1) Remarques sur l’opportunité du projet de révision
Cette révision vise à permettre l’édification d’un quartier de ville dense dans une zone excentrée et marquée par la présence d’infrastructures lourdes (périphérique, boulevard Jean-Simon, incinérateur d’Ivry avec sa future unité de méthanisation) apportant des nuisances exceptionnelles. Celles-ci seront combattues par « une implantation de bâtiments favorisant la circulation de l’air et par une végétalisation renforcée contribuant à retenir les poussières » ainsi que par des « bâtiments écrans dédiés à des usages de bureaux, de commerces, d’activités ou de services localisés le long du périphérique ». ADA 13 s’interroge sur l’efficacité des solutions proposées.

Le rapport de présentation justifie les révisions proposées par une amélioration des transports en commun dans la zone. Celle-ci paraît insuffisante pour répondre à l’accroissement des déplacements que ce projet génèrera. Au vu des surfaces susceptibles d’être construites, le quartier devrait accueillir entre 5 000 et 10 000 habitants et environ 8 000 salariés, or les transports en commun sont au bord de la saturation, aux dires même de la RATP, la prolongation de la ligne 10 n’est pas acquise, les stations de la ligne 14 et du RER C sont éloignées de la zone, la circulation aux portes de Paris est saturée, et les améliorations prévues ne relieront pas les nouveaux habitants aux centres du 13e arrondissement.

ADA 13 rappelle sa position concernant le développement du quartier Masséna-Bruneseau :
La création de logements dans cette zone extrême de Paris nécessite la recherche d’un bon niveau de qualité de vie pour les futurs habitants : qualité de l’air, bruit, accès aux transports en communs et aux équipements centraux.
Plutôt que d’essayer de gommer toutes les spécificités de la zone Bruneseau pour en faire un quartier banal de Paris, il serait possible de profiter des opportunités que cet espace représente en termes de nœud de circulation pour en faire un pôle logistique utile pour Paris et attirant pour un certain nombre d’entreprises artisanales.

2) Remarques sur le projet de révision simplifiée
Les équipements prévus (4 établissements d’enseignement, 3 équipements d’action sociale-enfance, un établissement de sport semblent insuffisants pour combattre le risque d’enclavement de ce quartier censé contribuer à la requalification du quartier d’habitation voisin Bédier-Boutroux. Pour répondre aux besoins des habitants, un bureau de poste devrait être créé. Devraient également être envisagés des équipements attractifs pour une population plus large : une piscine et un établissement culturel, par exemple.
Les inconvénients en matière d’ensoleillement dus au rehaussement des plafonds de hauteur sont limités par des études d’ensoleillement dans le cadre desquelles « toute construction devra se voir garanti un niveau d’éclairement satisfaisant, notamment pour les logements ». Cette réglementation peu précise risque d’être source de contentieux et d’alimenter de nombreux mécontentements.

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Une accessibilité au maximum des équipements publics

Un parcours en fauteuil roulant était organisé le 12 septembre sur une intéressante initiative du conseil de quartier (CQ)- Croulebarbe en partenariat avec l’ APF, association des paralysés de France. Une quinzaine de personnes y participait, dont neuf en fauteuils roulant, certains de ces fauteuils occupés par des personnes valides. C’était un excellent moyen pour se rendre compte de la réalité vécue par une personne à mobilité réduite sur l’espace public. Car tel était le but de l’opération sur une durée de deux heures, délimité par le quadrilatère Bld. Blanqui, av. des Gobelins, les rues Croulebarbe et Corvisart. Il serait bon que cette action soit le prélude d’une opération élargie à tout le 13è, même à Paris en concernant toutes les personnes en situation de handicap.

Bien des aménagements de voirie ont déjà été entrepris, mais au constat des embûches encore existantes, il reste à faire. On trouve encore des trottoirs déformés ou surélevés, des revêtements de sols absent, des plaques d’égout en creux ou sans bouchons, des potelets enlevés, non remis ou à installer, des grilles d’arbre au sol disjointes ou au compactage manquant. Il y a même une barrière oublié devant un passage piétons et une traversée aménagée derrière un arbre! La liste pourrait se poursuivre… Toutes ces gênes à la circulation des fauteuils roulant ont été notées et photographiées par les personnes présentes de la Mairie du 13è.

En observant les commerces et restaurants du parcours, on remarque que tous ces aménagements anciens sont inaccessible aux handicapés dès l’entrée et souvent les terrasses empiètent sur la voirie au delà des limites d’autorisation. Il reste à tous cinq ans pour se mettre en conformité.

La nouvelle loi du 11 février 2005, http://information.handicap.fr/decrets- … r-2005.php , pour les personnes en situation de handicap prévoit à l’article 45, une accessibilité dans sa totalité, au plus tard en 2015, pour les établissements recevant du public. La chaine de déplacement comprend le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les transports collectifs.

Dans le cadre des transports collectifs, la loi oblige les autorités compétentes d’élaborer un schéma directeur pour définir les modalités d’accessibilité des différents types de transport. En cas d’impossibilité technique avérée de mise en accessibilité de réseaux existants, comme cela pourrait être le cas pour le métro, un transport de substitution doit être mis à la disposition de l’usager handicapé, sans que le coût soit supérieur au coût du transport public existant.

L’objectif des transports publics franciliens est de rendre accessible toutes les lignes de bus et de cars et de développer des services d’information et d’assistance adaptés aux personnes à besoins spécifiques. Ils s’engagent aussi à la mise en accessibilité de 90% des gares du réseau ferré. Le rythme des réalisations se poursuivra au delà de 2015.

Martine Rigoir

Vivre place Souham

Je vis sur la place Souham … copropriétaire … et j’aime la place SOUHAM, je l’aimais telle qu’elle était, moins comme elle est devenue … espace ouvert aux bandes mais aussi aux habitants, humains, chiens et chats, c’est désormais un espace confisqué qui ne résoud rien, grilles cassées, plus de circulation « flaneuse » possible mais les bandes sont toujours là ! jusque dans nos caves … beaucoup de bruit et d’argent pour rien, et c’est bien dommage parce qu’elle est agréable la place Souham et le serait bien davantage sans motos elle qui est déjà sans voiture … au prix où j’ai payé mon appart je me demande si les gens ont bien conscience de la chance qu’ils ont de vivre dans une place piétonne en plein PANAME qu’ils soient locataires HLM à petits loyers ou copropriétaires … ils préfèrent contribuer à la réputation de la place en pleurnichant au lieu d’exiger la dissolution des bandes (ils sont combien ? une centaine en tout ?) qui fomentent ses coups sous mes fenêtre s en toute transparence. Le ramadan est fini, les canettes de bière recommencent à s’accumuler dans les plates-bandes…

M Bergeron

Il faut cultiver notre jardin ! (ou nos jardins du treizième)

Le jardin, intégré dans le projet de C. de Portzamparc d’aménagement du quartier des Grands Moulins, est devenu officiellement, le 1er octobre 2009, jardin de l’Abbé Pierre. En réalité, il s’agit de trois parcelles qui se déroulent depuis la rue M.A.-Lagroua-Weill-Hallé jusqu’à la Seine en contrebas. L’agencement en pente douce est harmonieux, souligné par la passerelle qui permet une traversée rapide aux piétons et cyclistes. L’eau de pluie, récupérée et canalisée, ruisselle et gazouille joyeusement à travers des rigoles et le long du « mur des pluies ». L’aménagement est soigné, la végétation est diversifiée et pas trop policée. C’est un espace de liberté mais pédagogique car on ne peut pas y ignorer le nom des plantations qu’on rencontre.

L’idée de dédier ce jardin à l’Abbé Pierre est inspirée par la vocation « solidaire » traditionnelle du 13e arrondissement, attestée par l’importance des infrastructures d’hébergement pour les publics en difficulté (sans abri, migrants) et par la forte proportion de logements sociaux qu’on y trouve. L’implantation des jardins sur ce qui a été l’emplacement des campements de sans-abri, au voisinage du chantier de la BnF, illustre une volonté d’accueil pour tous, en hommage à l’attention portée par l’Abbé à chaque humain.

En cette rentrée d’automne, ce lieu est agréable, convivial, attirant les voisins riverains, habitants, salariés ou étudiants. Chacun doit s’y sentir chez lui et, en particulier, l’idée de prévoir un espace pour adolescents est sympathique. On pense qu’est en train de naître un lien entre ancien et nouveau 13e, entre est et ouest, entre nouveaux venus de Paris Rive Gauche et habitants anciennement installés dans les environs de la rue de Patay.

Néanmoins quelques questions se posent :
– Selon quelle procédure ces jardins ont-ils été prévus ? Les partenaires concernés (représentants des habitants, des entreprises, de l’Université) ont-ils été consultés ? Qu’en est-il pour ce qui va suivre ?
– La liberté voulue implique la nécessité d’éviter les débordements sur la rue et entre jardin public et jardin sauvage. Tout cela a un coût financier à prendre en compte.
– Comment se fera l’évolution ? Le développement de la végétation donnera un aspect probablement différent de ce qu’on voit aujourd’hui. La gestion des fréquentations permettra-t-elle d’entretenir efficacement les infrastructures (« usure » des pelouses tant prisées par les jeunes, renouvellement des équipements…) ?
– Dans la pratique, quelques mises au point semblent nécessaires : exiguïté du jardin des écoles par rapport aux besoins potentiels des résidents, installation de bancs pour les mères de famille dans l’espace enfants, mise en sécurité de l’accès à l’eau pour les petits….
– L’espace « humide » donne à rêver à des cultures tropicales. Mais n’est-ce pas entretenir un « nid à moustiques » comme l’ont expérimenté quelques visiteurs de la première heure ?
– On a parlé de quartier « populaire » : cela a été vrai naguère, mais est-ce toujours le cas ? Il y a bien une volonté d’assurer la mixité sociale, avec l’installation de logements sociaux. B. Delanoë nous a dit que le 13e était prêt à accueillir des logements « très » sociaux. Est-ce le cas ici ? Le parrainage des jardins qui fait référence à l’esprit solidaire doit être relayé par des réalisations concrètes pour n’être pas seulement symbolique. Et pourquoi pas dans le jardin, un rappel des actions solidaires réalisées dans le quartier (expo photo par exemple) ?

Ce n’est pas un « jardin extraordinaire » mais c’est une belle réalisation, un lieu de vie qui ne demande qu’à devenir un maillon actif dans l’échange souhaité entre les différents quartiers et les différents types d’usagers. Il faut lui en donner les moyens.

Brigitte Einhorn

Tours d’habitation : le prix de la hauteur

On reproche aux tours leur hauteur élevée, mais parfois aussi leur coût élevé…

Quelles sont les réalités objectives?
La démarche proposée s’inspire de la méthode dite « des plus et des moins » du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). La comparaison porte sur des logements de 4 pièces, de même surface (80m²), même plan, même exposition, même qualité d’équipements et de finitions, l’un dans un immeuble de 6 étages (R+6), l’autre dans une tour de 30 étages (R+30), sur des sites équivalents.

Le coût de construction
Certains postes sont indépendants du nombre d’étages : façades et fenêtres, planchers, aménagements et équipements intérieurs (cloisons, portes et placards, électricité, chauffage, plomberie, cuisine et salles d’eau, revêtements de sol, peintures, finitions, etc..)

D’autres postes présentent des écarts, en plus ou en moins :
éléments porteurs verticaux et fondations
Le cumul de charges et surcharges verticales se traduit par un dimensionnement approprié des éléments porteurs verticaux et des fondations. Le surcoût du R+30 est à répartir sur l’ensemble de la construction.
toiture
Le coût de la toiture ramené au logement est 5 fois plus faible pour le R+30 (répartition sur 30 niveaux d’appartements au lieu de 6)
ascenseurs
Le coût de l’installation divisé par le nombre de logements est à peu près équivalent dans les 2 cas mais la consommation d’électricité des ascenseurs a un impact sur les charges plus élevé dans le cas du R+30.
sécurité incendie
La sécurité incendie liée à la réglementation applicable aux immeubles de grande hauteur, catégorie habitation IGH A (niveau bas du dernier étage au dessus de 50m du sol accessible) est une spécificité impliquant un surcoût.

Globalement, la part commune est largement prépondérante. Le solde des écarts, estimé à partir de ratios, est de l’ordre de 10 à 15% du coût par appartement.

L’incidence du terrain
A Paris, les terrains constructibles sont rares, le prix toujours très élevé du foncier ne peut être évalué que pour un site défini et en intégrant des coûts de démolition du bâti existant.

En rapport avec le nombre de niveaux, l’impact du prix du terrain par appartement est plus faible dans le cas du R+30, l’avantage est d’autant plus grand que le m² de terrain est plus cher. Les tours bénéficient économiquement de meilleurs atouts dans des quartiers bien cotés.

Nota : S’agissant des coefficients d’occupation des sols et des limites de hauteur, des dispositions spécifiques sont définies, cas par cas, dans les ZAC. Chacun des 11 projets d’aménagement en hauteur en bordure du périphérique donnera lieu à une adaptation du PLU soumise à sa propre enquête publique. Le futur Grand Paris bénéficiera d’un assouplissement des règles d’urbanisme concernant les hauteurs.

Le niveau des charges
Charges des parties communes, dites générales : elles concernent le nettoyage et l’entretien, l’éclairage des parties communes. Les interventions éventuelles sur le gros oeuvre, le ravalement des façades, ainsi que les frais d’administration de l’immeuble : impôts et taxes, honoraires du syndic, salaire du gardien.
La différence entre R+30 et R+6, résulte du surcoût du gardiennage spécialisé IGH, obligatoire 24h sur 24.
L’impact individuel des autres postes est à peu près équivalent dans les deux cas mais le ravalement des façades, tous des 10 à 20 ans, est moins coûteux par appartement pour le R+6 que pour le R+30.

Charges d’équipements communs et de services collectifs : elles concernent les dépenses de fonctionnement, de remise en état, de remplacement ou de réfection de d’installation de chauffage, du système de production d’eau chaude, des ascenseurs.
Sont comprises notamment, les consommations de chauffage (dans le cas d’un chauffage collectif), les consommations d’eau chaude (dans le cas d’un système collectif d’eau chaude). L’impact individuel de l’entretien et des consommations de chauffage et d’eau chaude collective dépend d’autres facteurs que la hauteur.
La consommation électrique des ascenseurs est liée à l’intensité du trafic et aux distances parcourues, elle est plus coûteuse par appartement pour le R+30.
Les dépenses de sécurité incendie sont spécifiques aux IGH, elles ne s’appliquent bien entendu qu’au R+30. La réfection des systèmes de sécurité incendie est à prévoir après 30 ans de service.

Selon une étude comparative réalisée en 2005 par URBANIS pour la Ville de Paris, les charges générales des tours des Olympiades, hors espaces extérieurs, s’élevaient à 40.30 €/m²/an (env. 45 € actuels) alors que le niveau courant des charges dans des immeubles « classiques » avec des prestations analogues (gardien, ascenseur, chauffage et eau chaude collectifs) était de l’ordre de 32 €/m²/an (env. 36 € actuels). La différence est liée principalement aux contraintes de sécurité (personnel de surveillance 24h sur 24) et partiellement au surplus de consommation électrique des ascenseurs.

Etat comparatif global :
L’avantage va au R+6 pour le coût de construction seule et pour les charges, mais dans le contexte parisien, l’incidence du foncier (terrain + bâti existant + démolition) fait plutôt pencher la balance en faveur du R+30. Une approche générale ne permet pas de conclure. C’est seulement à partir de cas concrets qu’il est possible d’affiner le résultat en remplaçant les valeurs indicatives par des données réelles.
Le R+6 et le R+30 ne se départagent pas principalement par le coût total ramené au logement, mais par le nombre de logements créés qui est dans un rapport de 1 à 5.

R+6 ou R+30? C’est toujours mieux d’avoir le choix.
Personnellement, j’ai choisi d’habiter dans un appartement de 4 pièces au 24ème étage avec vue sur Paris. Acheté en 1980 l’équivalent de 80.000 € (160.000 après inflation) sa valeur actuelle est de 400.000 €. Le supplément de charges réparti dans le temps est largement compensé par un coût initial inférieur à celui d’un immeuble traditionnel. Et, moins prosaïquement, vivre dans le ciel de Paris a-t-il un prix?

Alain JOUBAIRE

Elles vont nous manquer

Marguerite Costes nous a quittés en juin 2008 dans sa 96e année. Elle a vécu toutes les étapes de la transformation du treizième. ADA13 lui doit beaucoup pour son accueil au Centre des Deux-Moulins.

Après avoir vécu à l’ombre de l’église Saint-Hippolyte, dans une maison sans confort qui fut détruite, elle a été réinstallée avec ses quatre enfants dans le 20e avant de revenir dans un logement social du 13e, à la Poterne des Peupliers. Là, elle vécut la guerre de 39-45 et les difficultés du monde ouvrier. Dans les années 60, enfin relogée, elle dominait de son huitième étage de la rue Albert-Bayet l’îlot 4 en pleine rénovation. Impossible de rester indifférente à tous ces chantiers qui modifiaient son environnement. Elle prit donc contact avec ses voisins, les associations locales, notamment l’Amicale des locataires, dont l’une des premières actions fut de demander aux aménageurs de remplacer la stationservice prévue par un terrain de sport et de jeux. Cette expérience l’encouragea à travailler à la création de ce qui devint le Centre des Deux-Moulins pour faire renaître une vie sociale dans ce quartier neuf. Avec son large sourire, Marguerite géra, coordonna durant de nombreuses années, avec le
souci d’établir la communication et le respect mutuel entre les uns et les autres. Ada 13 fut l’une des premières associations à fréquenter ces locaux. À l’étage, une vie paroissiale s’organisait
progressivement.

À sa retraite, Marguerite milita pour l’ACAT (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture), une nouvelle façon d’élargir ses horizons.
Nous ne remercierons jamais assez Marguerite Costes de ce qu’elle nous a appris au cours de sa longue vie.
Agnès Planchais

Nous regrettons aussi les décès récents de Marie-Thérèse Heute , qui s’est fait l’écho de la vie de quartier dans ABC 13, et de Francine Darmois qui a été, elle aussi, très active aux Deux-Moulins et qui a sorti de l’oubli le fonds de photos d’Ada 13 en 2006.

A propos des tours, la passion domine-t-elle la raison, en utilisant parfois des arguments raisonnables ?

Comme pour d’autres bâtiments, il y a des tours vilaines. Mais il y a aussi des tours belles, certaines très belles. Il y a aussi des beaux ensembles de tours, où le piéton se sent bien à sa place. New York reste certainement le meilleur exemple d’une telle réussite, mais d’autres villes américaines, comme Chicago, ont su aussi réussir. Et ailleurs dans le monde, comme en France à La Défense, on trouve d’autres beaux exemples.

Un point important est soulevé sur la validité des tours : leur in habitabilité. Seul un emploi pour des bureaux serait concevable. Mais des habitants de tours disent que ce n’est pas pour eux le cas et qu’ils s’y trouvent bien. Au-delà de cette constatation, il semble qu’un parti est pris lorsqu’on construit une tour : habitation ou bureaux, mais jamais les deux ensemble. Il serait intéressant d’expérimenter plus complètement la mixité d’emploi de la tour : comment y mettre à la fois de l’espace travail, de l’espace rencontre commerciale ou sociale et de l’espace habitat ? Dans une tour pourquoi pas, ainsi, un hôtel et des logements, ou un centre social, des bureaux et des logements ? Ou toute autre mixité intelligente selon le territoire concerné. Il y a là une réflexion sur cette mixité qu’il serait utile à faire, ce qui évidemment conduirait à modifier les règles actuelles à respecter.

Certes il faut tenir compte de l’environnement immédiat pour introduire un nouveau type de bâti. Mêler bâti historique et bâti moderne doit être regardé de près pour éviter des erreurs. Comme celle de la tour Montparnasse dans la perspective des Invalides. Sur ce cas d’ailleurs on peut se demander si cela avait été imaginé au moment de la construction. Si non c’est évidemment une erreur d’avoir oublié cet aspect. Si oui, c’est sans doute aussi une erreur de l’avoir maintenue ainsi. Mais on peut aussi imaginer qu’un vrai travail de création eût été alors fait sur cette tour pour que sa qualité tienne compte de son positionnement, alors connu et accepté, derrière les Invalides. Plus généralement on constate, certes plus souvent en Europe et même en Asie qu’en France, une recherche architecturale de qualité pour faire cohabiter tissu ancien et tissu moderne. En France on a un blocage sur cette question qui finalement encourage la paresse (naturelle, comme pour chacun d’entre nous…) des architectes !

On connaît tous les arguments raisonnables techniques sur le coût de fonctionnement et de construction, la sécurité, les handicaps, écologiques et autres, des tours. La question alors n’est pas de les accepter comme définitifs et donc comme rédhibitoires à la construction de tours. Elle est de les confronter avec tout nouveau projet et de construire celui-ci de telle sorte que ces constats liés à l’expérience actuelle soient corrigés. Le constat d’un jour doit pousser toute personne à progresser, et non à s’arrêter !

A Paris donc enfin, puisqu’il s’agit bien aujourd’hui de cela, renoncer aux tours pour des raisons techniques, ou à cause de mauvais exemples paraît sommaire. Il y a sans doute des lieux où cela est possible et apporterait un enrichissement à l’espace considéré et à la ville. Mais ce doit être fait à la fois dans le cadre d’une structure de débat préalable public organisé, et de l’organisation d’un suivi public de la réalisation retenue, avec la possibilité de bloquer le processus de réalisation s’il dérive par rapport au projet décidé. C’est ce qui avait été refusé lorsque l’opération Italie fut lancée il y a maintenant 40 ans. En effet sous le couvert de la liberté donnée aux propriétaires de construire grâce à l’utilisation du processus d’association foncière datant de Napoléon III, c’était la complète liberté des promoteurs qui prenaient leur place en rachetant leurs droits et qui pouvaient faire quasiment ce qu’ils voulaient que l’ADA 13 avait alors combattu, comme celle de l’absence quasi complète des équipements indispensables à une telle transformation urbaine.

Paris le 8 mars 2009.
Jacques Remond, ancien président de l’ADA 13.

La tour, prends garde…

Après avoir lu l’article de Jacques Goulet, publié dans la Revue des Deux Mondes de février 2009, qui parle de sa vie dans une tour du treizième :

Avez-vous remarqué combien le langage, dès qu’on parle de tours, emprunte au discours du rapport de forces et renvoie à ce qu’étaient les tours avant de devenir « d’habitation » : fortification ronde offrant une aire très dégagée d’observation à chaque angle du château-fort, elle se dote de meurtrières d’où d’habiles (et féroces !) archers vont surveiller les mouvements, amis comme ennemis, aux abords de la seigneuriale demeure ; et mettre bon ordre à toute présence indésirée.

Ainsi va-t-on rechercher une « situation élevée », comme disent les militaires et les énarques, pour …la défendre, bien entendu ! Ainsi, aux avant-postes de la Ville, la tour veille, et ne se rend pas. A la périphérie, les guetteurs du futur ont le regard fixé sur la ligne bleu horizon (ou bleue des Vosges, c’est selon), à travers les créneaux modernes de leurs doubles vitrages.

Imaginez la scène : si les projets délirants des dernières années du dernier siècle (cf. ce qu’en raconte J. Goulet) avaient vu le jour, nos guetteurs aux aguets auraient pu, chaque matin, observer les flots de voitures dont on rêvait à l’époque, alignés par quatre dans chaque sens, entrant dans et sortant de la cité encoquillée dans son périphérique ; aux avant-postes de la pollution et des migrations alternantes ; et heureusement sans arcs ni flèches…

Et dans une hypothèse au moins, si j’ai bien compris, nous aurions eu droit à un échangeur en plein milieu de l’avenue d’Italie ; ironie des mots : chacun sait bien qu’un échangeur n’est qu’un empêcheur d’échanger, non pas en rond, mais en ligne droite qui reste le plus court chemin d’un être humain à un autre. Nous l’avons donc échappé belle !

La tour nous permet de voir les choses et les êtres de plus loin et de plus haut, comme les avions, un enjeu décisif quand ils ont fait leur apparition pendant la première guerre mondiale : repérer les mouvements des fantassins alliés ou hostiles, prendre un recul (de la hauteur) précieux pour les occupants des tranchées. La tour est elle aussi munie de moteurs et mécaniques utiles ou indispensables à son fonctionnement.

Dès l’accès, depuis la dalle ou la rue, des télé-instruments (prendre du recul a des exigences techniques) jaugent le visiteur, le photographient parfois, lui accordent ou non l’accès, l’interrogent d’une voix nasillarde rarement reconnaissable, et l’orientent vers une autre machine qui va, à une vitesse qui peut provoquer (n’est-ce pas, Jacques ?) des malaises chez les personnes sensibles, l’enlever dans les airs jusqu’à la hauteur requise.

C’est notre monde, celui que nous avons créé, plein de bruit et de fureur, et aussi de machines : machine à habiter, machines à circuler, machines à écrire et à parler, machines à échanger qui recherchent pour moi le « profil » le mieux adapté à ce que je cherche ; au point que les machines en viennent maintenant à parler entre elles, « sans intervention humaine » : un grand progrès !

C’est normal, nous grandissons « hors sol », comme les tomates, sans racines. L’accès à la terre est défendu : nous blindons nos caves, nous entourons nos « espaces verts » de grilles (pas assez : certains les franchissent et se font écraser, hélas). Notre unité de vie de base, pour les urbanistes, s’appelle un îlot, la racine du mot « isolé ». Qu’il s’agisse de tours ou de barres (comme barrage, mais contre quoi, contre qui ?), notre désir de voir loin pourrait finir par nous rendre myopes à nos voisins. Alors, les tours : pour les presbytes ?

Et s’agit-il de voir, ou d’être vu ? Où est l’enjeu ?

Edgar Boutilié 09.03.09

Tours et objectivité

Certains combattent les tours comme Don Quichotte combattait les moulins avec plus de fougue que de discernement.

Considérer les tours « en bloc », toutes configurations et tous usages confondus, conduit à des amalgames incompatibles avec une démarche rationnelle et objective. C’est la voie ouverte aux pseudo-démonstrations partisanes.
Ainsi un énergéticien de Félines-sur-Rimandoule, a produit une « Analyse de la consommation énergétique des tours » qui, dès la première page, fait état de chiffres de consommation moyenne, sans distinction entre tours de logements et tours de bureaux. L’auteur affirme « les tours sont en général entièrement vitrées » et aussi « les tours sont généralement de gros consommateurs de climatisation ». Si c’est vrai, en général, pour les tours de bureaux, c’est faux pour les tours de logements, qui ne sont pas climatisées. L’habitat serait-il négligeable?
D‘autre part, calculer une moyenne entre des consommations de tours construites avant 1975, en absence de toute réglementation thermique, et de tours récentes plus performantes ne peut que favoriser la confusion.
A tout mélanger, les conclusions sont sans véritable signification.

Aux amalgames s’ajoutent les affirmations non fondées.
Dans une présentation d’un livre récent « La folie des hauteurs. Pourquoi s’obstiner à construire des tours? » sont rapportés les propos suivants :
« Les tours sont traumatisantes pour leurs occupants (« Les stars de l’architecture ne se préoccupent jamais vraiment de la vie ordinaire des gens qui habitent les tours ou qui y travaillent »). Les tours constituent l’antithèse de la ville, elles « se refusent à la ville » et à la rue, « elles se ferment comme une huître »; elles constituent « des lieux d’enfermement, de repli de soi, de contrôle excessif »; « les vigiles y sont maîtres ». Par conséquent, « elles ne créent pas les conditions d’une véritable urbanité ».
Qu’est ce qui permet de dire cela? Les habitants de tours peuvent témoigner que ces assertions sont, heureusement pour eux, sans fondement.

Ce ne sont que deux exemples parmi bien d’autres.

Alain JOUBAIRE

Il y a tour et tour

Thierry Paquot détaille la conjonction, à la fin du XIXe siècle, de la nécessité de construire des bureaux et de la capacité technique de construire en hauteur (utilisation des métaux, du béton, apparition des ascenseurs, du téléphone…) qui a permis les premiers gratte-ciel. Il montre bien comment est née à Manhattan cette innovation qui a séduit le monde entier. Et il critique les décalques conçus pour battre des records en des lieux où le terrain ne manque pas. Bien des projets sont déraisonnables, certaines tours risquent de ne pas servir longtemps. L’auteur pense à certains États du Moyen-Orient, on pense aussi à la Corée du Nord.
La critique radicale des immeubles de grande hauteur (IGH), qui semble la raison d’être de l’ouvrage, est moins convaincante. Celle des tours de bureaux est dans l’air du temps (mais de quel type d’immeubles de bureaux oserait-on faire l’apologie ?). Thierry Paquot rejette avec la même vigueur les tours d’habitation du front de Seine ou celles des Olympiades. Misère d’une architecture minimaliste, déplore-t-il, erreur que constitue la construction sur dalle et charges trop élevées pour les classes moyennes.
Certes, mais on regrette que son évocation du treizième reste lacunaire. Il n’est jamais question du vécu des habitants, l’auteur ne fait pas référence à leur expérience d’habiter pour la première fois une tour qui souvent les a eux-mêmes étonnés. Beaucoup sont venus parce que ce n’était pas cher à l’achat ou qu’on leur proposait ce bien en location. Et souvent, surtout s’ils habitent en hauteur, ils sont restés, parce qu’ils s’y trouvaient bien. Ce qui manque au fil des pages, c’est la comparaison de cet habitat avec les autres, dans les mêmes tranches de prix (loyer ou achat compris, et pas en comparant uniquement les charges sans tenir compte ni du loyer ou du prix d’achat, ni des services offerts). Cette question mériterait d’être étudiée.

Jacques Goulet

Thierry Paquot, La Folie des hauteurs. Pourquoi s’obstiner à
construire des tours ?
, Bourin éditeur, 240 p., 19 €.