Aires de Rien L’EXPO DES HABITANTS

Aires de Rien
L’EXPO DES HABITANTS

Depuis 2009, une étude participative est financée par le conseil de quartier n° 8 (Bibliothèque Dunois Jeanne d’Arc) pour aménager les « aires de rien », ces zones délaissées, oubliées, peu attractives ou désordonnées. L’étude est menée par un groupe de travail ad hoc, constitué d’une quinzaine habitants qui connaissent bien les lieux dont ils ont un usage quotidien. Ce groupe est animé par un architecte, Jean-Marie Hennin.

Ce n’est ni par nécessité ni pour répondre à des « besoins » que les membres du groupe de travail ont désigné tel ou tel site comme délaissé urbain, c’est plutôt par un « désir de ville », une envie joyeuse et créatrice de s’approprier des espaces à ce jour sans âme, sans générosité …

Un plaisir de travailler, ensemble, à mettre quelque chose de soi dans son propre quartier, une fierté de retrouver ces dizaines d’heures de réflexions et discussions, ballades et empoignades, sous la forme de préconisations et de dessins à présenter aux autres habitants du quartier.

Puis, à la manière de ou en hommage à Eugène SUE et Léo MALLET qui, en leur temps, firent de Paris leur terrain de jeu, le groupe de travail a réuni ses aires de rien sous la banderole des
« nouveaux myst’Aires de Paris »…
Pour partager sa riche expérience avec d’autres Conseils de Quartier, avec d ‘autres Parisiens, habitants, usagers, ou plus simplement amoureux de la ville…

Ces nouveaux myst’Aires de Paris sont exposés dans le hall de la mairie du 13ème,
du 20 février au 13 mars 2012,
vernissage le lundi 20 février à 19h30 en présence de M, le Maire du 13ème.

VOUS Y ÊTES CORDIALEMENT INVITÉS…

Donner « malin » à studio-carton : recycler au lieu de jeter !

Allez vite découvrir la Ressourcerie – studio carton , récemment installée dans notre 13e, au 3 de la rue Henri-Michaux.

Dans cette caverne d’Ali Baba, vous trouverez sûrement votre bonheur. Au plaisir de la découverte s’ajoute l’occasion d’y dénicher l’utile et/ou l’agréable.

Le principe est simple : c’est un dépôt où vous pouvez donner tout objet, en bon état et de dimension raisonnable, dont vous ne voulez plus ou qui vous encombre, mais qui peut servir ou plaire à quelqu’un d’autre. Cet objet sera vendu à un prix abordable, estimé selon sa valeur, mais aussi selon l’intérêt qu’il y a à donner un coup de pouce pour en faciliter l’acquisition à ceux dont les revenus laissent à désirer. C’est volontairement payant parce que l’acte d’acheter consacre un échange et la dignité de celui qui apporte son écot. Mais c’est volontairement bon marché.

Parfois c’est plus cher, mais jamais excessif : il s’agit d’offrir un mode de consommation « responsable », partant de l’idée qu’il n’est pas obligatoire de jeter et de racheter, qu’on peut recycler un produit de « valeur » ou donner une nouvelle vie à ce qui à première vue peut paraître abîmé, démodé, inutile. Et là parfois intervient un travail de réparation, valorisation qui métamorphose l’objet de départ : les vieux cartons deviennent meubles, les fauteuils anonymes prennent des couleurs… C’est que des artistes interviennent pour faire un véritable travail de création et transformer des matériaux bruts ou des pièces de série en objets uniques et séduisants.

Cette démarche s’inscrit dans l’idée de ne pas jeter à tout va, d’arrêter la course à la consommation facile, de limiter la production de déchets qui va finir par nous engloutir. Faire circuler ces objets, pouvoir en suivre le parcours, lutter contre le gaspillage, encourager le développement d’emplois de création artistique, c’est motivant pour ceux qui donnent. Aller explorer, dénicher la bonne affaire, c’est utile dans une société qui laisse trop de laissés-pour-compte en chemin.

Sans oublier que la ressourcerie est un lieu de rencontre, où l’on réfléchit aux circuits de la marchandise, où on est dans l’humain, où l’on renforce l’échange et le lien social.

Il faut que cette entreprise puisse vivre, se développer, essaimer. Pour cela, il nous faut la pratiquer et la faire connaître. Il faudrait aussi qu’elle soit soutenue financièrement par des subventions qui encouragent une activité originale, très utile au plan social, économique et environnemental.

(voir le site : www.maressourcerie.fr
et le blog : laressourcerie-studiocarton.blogdspot.com).

Trois petits tours, et puis s’en reviennent…

Il y a parfois de quoi se réjouir : nous pleurions « notre » banc, disparu de l’avenue de la sœur Rosalie qui, devant le local d’Ada 13, accueillait les habitants du quartier et les passants, en quête d’un petit repos ou d’un moment de détente, bienvenus dans cette ville bouillonnante. C’était aussi pour nous, les habitués du local, un lieu où s’attendre, se rencontrer, faire des apartés. Nous ne nous consolions pas de sa disparition.

Et puis un beau matin, il est revenu, notre cher banc. Etait-ce que nous avions été entendus ? Ou bien sa réapparition était-elle programmée ? Je ne sais pas mais je me dis que, parfois, il y a de bonnes nouvelles et qu’il faut en faire des billets de « bonne humeur ». J’espère que ce sera la première étape d’une longue série de retrouvailles de nos bancs.

Brigitte

Square le Gall : un espace libre pour tous

Les habitués du square Le Gall sont heureux car depuis février ils peuvent cultiver, botaniser ou simplement admirer les plantations dans le jardin partagé qui vient d’être installé le long de la rue Émile-Deslandres. C’est un lieu d’animation, de rencontre entre gens du voisinage.

Mais ils ont aussi inquiets car est menacée une parcelle qui leur est chère, située derrière le Mobilier national. Ce terrain de 1230 m² a été acquis en 2007, à la demande du conseil de quartier, pour permettre les jeux de ballon qui depuis cette date font s’y rencontrer des jeunes de tous âges. Dans cet endroit charmant, préservé de la rumeur du monde et loin de la circulation automobile, bien d’autres usages coexistent également. Les activités se succèdent, sans problème d’horaires, et à la satisfaction des usagers, qu’ils soient ou non habitants du quartier : les jeux de ballon spontanés, les activités de plein air des écoles, les activités artistiques et culturelles pour tous, la gym en groupe qui se pratique depuis si longtemps qu’elle est devenue symbole de ce square. Et bien sûr, pour chacun c’est un lieu de détente, de pique-nique, de spontanéité où on peut se retrouver, faire librement ce qu’on aime et c’est précieux à une époque où on quadrille, on catégorise, on cloisonne.

Les habitués veulent garder un accès libre et diversifié à cette parcelle. Ils s’opposent au projet d’y installer une cage pour jeu de ballons, un mastodonte de 12 m x 24, sur un sol plastique, sans dégagement. Ce projet dénaturerait un espace vert libre inestimable, dans cet endroit préservé où l’on oublie qu’on est dans une grande ville. Ce serait la fin des activités multiples qui s’y côtoient. Rien n’empêche d’y maintenir les jeux de ballon qui s’y déroulent avec bonheur. Il est possible d’empêcher les sorties de ballon intempestives en installant des filets ou grillages, aussi efficaces, mais beaucoup plus légers que les cages. Et celles-ci sont-elles véritablement intéressantes si elles rendent la surface de jeu trop exigüe pour jouer normalement ?

Rien n’empêche de rechercher dans le quartier d’autres espaces susceptibles d’accueillir les jeunes et leurs jeux ? Sous le métro aérien, au lycée Rodin ?
Les habitants ne veulent pas être mis en cage, ils résistent et pétitionnent car ils veulent conserver leur lieu et ses usages.

Faire de la Halle Freyssinet une vitrine au service de l’art de construire

Halle Sernam, préparation du défilé de mode (7 octobre 2009)

Halle Sernam : préparation du défilé de mode
(7 octobre 2009)

Lors d’un café patrimoine, le 23 juin, l’association Paris historique a évoqué son souhait d’une sauvegarde de la Halle Freyssinet, en proposant de la classer dans sa totalité au titre des monuments historiques. Cette procédure vise à empêcher le démantèlement partiel de ce bâtiment, tel qu’il est prévu dans le projet actuel d’aménagement de la ZAC Paris-Rive gauche qui envisage de rogner un tiers environ de l’ensemble, à l’est et à l’ouest.

Cette Halle, située Boulevard Vincent Auriol et bien connue des habitants du 13e , est un chef d’œuvre de l’architecture industrielle, réalisée entre 1927 et 1929, pour le compte du Chemin de fer Paris-Orléans et destinée à servir aux messageries de la gare d’Austerlitz. Le bâtiment, de 310 m sur 72, est composé de trois nefs très bien éclairées. La conception d’ensemble réunit de nombreuses inventions techniques de son créateur Eugène Freyssinet. Celui-ci, Polytechnicien de formation, était moins célèbre qu’Eiffel, mais s’est révélé être un constructeur acharné à produire au meilleur coût des œuvres de qualité : hangars d’Orly, ponts de Plougastel, Halle de Reims et Halle Freyssinet à Paris. Il a aussi inventé un procédé de construction de ponts par éléments préfabriqués qui a été repris dans le monde entier. Mais surtout, c’est lui qui a mis au point une technique de construction révolutionnaire, en inventant en 1928 le « béton précontraint ». L’utilisation de voûtes et d’arcs permet d’obtenir une compression permanente du béton qui par sa qualité offre une meilleure résistance que le béton armé et évite les fissures. Freyssinet ne cherche pas à faire de « l’art » et veut ignorer les maths mais pourtant ses réalisations donnent une grande impression d’équilibre et d’harmonie et se sont révélées d’une grande solidité.

L’idée du classement de la Halle Freyssinet repose sur la volonté de sauvegarder ce témoin de l’œuvre d’un ingénieur particulièrement innovant. Cet espace très vaste, très bien conservé a une situation centrale dans le 13e. Il présente des qualités architecturales exceptionnelles et doit pouvoir être utilisé pour un équipement public valorisant le savoir-faire et les métiers du Génie civil, l’art de bâtir et la connaissance des matériaux. On pourrait aménager dans cet espace un musée consacré à Eugène Freyssinet, au béton « matériau d’avenir », au Génie civil, un site de démonstrations pédagogiques, d’exposition et de conférences, une bibliothèque. Les syndicats et associations de la profession du BTP sont partenaires de ce projet qui nécessite pourtant d’être porté par une volonté politique forte.

Une telle vocation donnée à ce lieu, pourrait s’articuler, avec la présence voisine de l’école d’architecture logée dans l’ancienne SUDAC, autre bâtiment industriel prestigieux. Cela pourrait illustrer la volonté de réorienter cette partie de l’arrondissement vers des activités de production. Pourtant se pose la question de savoir si on veut préserver l’ensemble de la Halle comme le souhaite Paris historique ou si on accepte d’en retrancher une partie dans le cadre du projet de la Semapa qui envisage la construction de logements sociaux et l’aménagement de jardins sur les marges de ce bâtiment. En tant qu’habitants du 13e nous sommes concernés aussi bien par le désir de préserver notre patrimoine local que par les projets d’équipement de ce quartier isolé. Relier à l’ancien 13e ces zones, coupées par les emprises ferroviaires et hospitalières, est un enjeu que nous ne devons pas négliger. Il ne faudrait pas non plus que faute d’intérêt des investisseurs publics, ce lieu exceptionnel, actuellement loué par RFF à une entreprise qui crée des « évènements », soit récupéré par le privé et rendu en cela peu accessible pour les habitants et les travailleurs.

Aires de rien : quand, petit à petit, le rien se construit !

Les réunions publiques organisées par l’équipe « Aires de Rien » donnent un aperçu concret de la démarche qu’elle propose. Le groupe de travail a ainsi présenté, le 4 mai, l’état de sa réflexion à propos de cinq des sites identifiés comme des « délaissés » qui peuvent être intéressants à valoriser. Leurs propositions prennent en compte la topographie, les contraintes, la réglementation mais reflètent aussi les attentes de la population qui fait partie du périmètre concerné (CQ 8).

C’est donc avec les habitants que s’ouvre le dialogue, pour confronter les projets en question. Et l’on observe qu’ils ont des choses à dire car ils connaissent bien ces lieux où ils vivent maintenant mais aussi ils savent souvent comment c’était hier. Ils remarquent que parfois c’était mieux alors (prolongement de la rue Donmrémy, pavage de la place Jeanne d’Arc…). Ils ont des idées sur ce qu’on peut améliorer : telle placette par exemple peut être végétalisée mais ça ne suffira pas à compenser les inconvénients de l’acoustique (effet de résonnance). A la place des potelets disgrâcieux qui servent à interdire le stationnement, ils proposent des bacs à fleur qui auront le même effet dissuasif, mais plus joliment. Les projets peuvent aussi varier dans le temps : la passerelle Charcot, devant le MK2, est provisoire, mais rien n’empêche d’y prévoir des installations temporaires et là les suggestions abondent : patinoire, marché de Noël, jardins partagés… Ils souhaitent, en tout cas, que ça reste un lieu de vie comme ça l’est actuellement pour les jeunes qui l’investissent.

Chacun peut donc s’exprimer et être entendu. Tout n’est pas faisable, les attentes sont diverses, contradictoires, mais il y a débat. Les membres du groupe de travail sont à l’écoute mais ils ne sont pas les seuls. La représentante de la mairie du 13e s’est dite intéressée par cette remontée des opinions de l’usager mais elle en pose les limites : c’est à propos de la place Jeanne d’Arc. Ne s’agit-il pas ici d’un projet d’aménagement urbain qui va au-delà du projet aires de rien? On lui répond que ce projet se veut modeste, qu’il ne prévoit que des « préconisations », c’est-à-dire des suggestions, et cela sur une surface bien délimitée (autour de l’Eglise). Néanmoins, cet apport des usagers, aussi limité qu’il soit, peut permettre d’affiner la réflexion sur une reconfiguration de toute la place. Végétaliser l’espace « délaissé », y installer des bancs pourraient ajouter à l’attractivité des lieux, et contribuer ainsi à l’élaboration d’un projet plus global. Et puis, n’est-il pas intéressant de prendre en compte le regard de ceux qui y vivent et qui déplorent que la magnifique vue que l’on a de leur place vers le Panthéon soit malheureusement limitée par des panneaux de signalisation et des feux de circulation ? C’est en vivant sur place qu’on sait ces choses-là.

Et puis ces échanges peuvent déboucher sur des avantages collatéraux : une habitante propose que l’un des derniers cafés de la place Jeanne d’Arc, qui est à louer, soit repris collectivement pour y perpétuer l’esprit de convivialité de tradition dans le quartier.
Cette construction collective se fait lentement mais sûrement.

Mais restent quelques questions :
– Ceux qui viennent peuvent s’exprimer et être écoutés. Mais qu’en est-il de ce que pensent ceux qui ne viennent pas ?
– Apprivoiser les vides c’est bien, mais il ne faut pas oublier le charme des terrains « vagues », lieux de spontanéité et de création.

Lire et construire sa ville, en marchant

Deux associations « Les Promenades Urbaines », (www.promenades-urbaines.com) et « A travers Paris », (www.atraversparis.com) ont organisé le 9 avril « Les Promenades du Grand Paris », pour faire participer concrètement les marcheurs à la construction de ce Grand Paris. Cette approche du vécu local sur le terrain s’est prolongée en soirée par un débat au Pavillon de l’Arsenal qui a fait échanger experts et usagers.

* Georges Amar, prospectiviste à la RATP, a souligné l’importance de la marche, moyen certes « modeste » de se déplacer, mais incontournable. Si le transport est un outil qui évoque les déplacements « obligés », la marche renvoie plutôt au concept de mobilité : on bouge à son gré, à son rythme, on réintroduit le corps. On cherchait à marcher moins, désormais on veut marcher plus, intelligemment. C’est aussi un lien direct avec le territoire qui fait appel à l’innovation, pour repérer itinéraires et lieux de pause comme les bancs publics qui doivent être réinsérés dans la ville. La marche est donc le complément des autres modes de transport avec lequel on doit l’articuler dans un processus d’intermodalité.

* Bertrand Lemoine, directeur général de l’Atelier international du Grand Paris, rappelle que de nombreuses promenades inédites sont possibles à Paris mais aussi hors de la ville (zone de 40 à 50 km de diamètre). Marcher permet de découvrir de nouveaux territoires, d’apprendre à les connaître et de faire le lien entre eux. Cette traversée nécessite cependant de la porositédans cette grande ville qu’on a tendance à structurer, morceler, y compris dans la petite ceinture (grilles, codes). Dans un monde où domine la recherche de vitesse (transports, transmission de l’information), il faut réinventer la flânerie, qui fait « marcher sans y penser » (cf. Balzac) donc vivre, désirer, posséder. La ville doit aussi être hétérogène, laisser la place à la surprise (délaissés, envers…). Les lieux compliqués d’accès renforcent le charme de la découverte : trouver le passage permet d’agir sur les espaces urbains.

* Maud Le Floc’h, directrice du pôle de recherche sur les arts de la ville ou pOlau (http://www.polau.org/) cherche à décloisonner les espaces et leur approche, en reliant arts de la rue et arts de l’espace et en faisant remonter les initiatives métropolitaines. Dans 13 villes, par exemple, ont été organisés une expérience de « marche prospective » : des parcours d’une journée associent sur un territoire un élu et un artiste qui remettent ensuite un carnet de bord. L’élu y applique sa connaissance de la ville et l’artiste apporte un regard extérieur et des idées.

* Hélène Sallet-Lavorel, du Comité du Tourisme de Seine-Saint-Denis (www.tourisme93.com/), propose un « tourisme participatif », faisant dialoguer « touristes » et habitants. L’idée est de faire venir au-delà du périphérique des visiteurs a priori attirés par le pôle attractif qu’est le centre de Paris. En partant des initiatives d’associations locales, il s’agit de découvrir des identités autres : des rencontres avec les habitants qui racontent ce qu’ils connaissent, des visites d’entreprises où les travailleurs parlent de leur métier, de leur savoir-faire, de leurs innovations. C’est une valorisation des potentiels locaux qui repose sur un travail sur la fierté de ce qu’on est et qui permet de bien intégrer les visiteurs. Il y a ici un changement d’échelle au delà de la ville, qui est susceptible de faciliter les échanges, et qu’il faut encourager. Mais pour cela il serait bon, déjà, d’améliorer la signalétique sur les réseaux de transport en région parisienne.

* Chantal Deckmyn, directrice « Lire la ville » de Marseille, (http://lirelaville.unblog.fr/lire-la-ville/) pense que l’approche technique de la ville doit s’accompagner d’une lecture culturelle(lecture, écriture, art). La ville c’est l’accès à l’emploi et il faut faire sortir et accompagner ce qui est invisible chez les gens, leurs connaissances et leurs compétences. Cette démarche valable pour tous est particulièrement intéressante pour les publics jugés « inemployables » pour des raisons diverses (fragilité sociale, niveau de formation, problèmes de santé°. En matière de ville, la lecture est une traduction grâce au recueil patient de témoignages, de récits oraux, écrits, graphiques qui racontent le territoire, sa genèse, ses formes, les échelles en jeu. Ce travail s’appuie sur des outils : cartographie, observations, analyses, préconisations, programmes, projets… regarder le temps long permet de fonder une ville.

* Jean-Pierre Charbonneau, (www.jpcharbonneau-urbaniste.com), architecte et urbaniste, montre que dans ce monde où domine encore la voiture, marcher permet d’aller voir sur place, de connaître les ambiances, les distances, les valeurs d’un territoire. On marche partout, tous les jours. La marche doit être considérée comme un moyen de transport comme les autres et qui rajoute de l’urbanité. Il est important de conserver des lieux d’échange : la balade donne le contact avec les autres, peut être une fête, permet de se replacer dans l’espace urbain et au cœur des politiques publiques Mais la marche est parfois rendue difficile pour certaines catégories (enfants, personnes âgées ou handicapées). Il y a des coupures, des fermetures car on veut rester entre soi, il faut écarter « les autres ». Il est important de donner des lieux pour s’asseoir. Il y a aussi dégradation de la convivialité : le mobilier urbain est de plus en plus agressif, inconfortable, avec l’objectif de faire sortir de l’espace public les personnes jugées « indésirables ». Il faut un projet politique pour lutter contre cette exclusion. On peut intervenir en créant notre propre mobilier urbain, en allant le placer un peu partout.

A suivre…

Lettre d’Ada 13 au garant de la concertation Syctom et réponse du garant

Paris, le 11 mars 2011

Monsieur Guihéneuf
Garant de la concertation
Syctom
35, boulevard de Sébastopol
75001 Paris

Monsieur le Garant,

Notre association a suivi avec un grand intérêt la première phase de la concertation engagée sur le projet de transformation du centre de traitement des déchets ménagers à Ivry-Paris XIII et apprécié positivement les évolutions constatées depuis que le projet a été présenté au débat public.

Il nous est apparu que le maintien à Ivry de la capacité d’incinération de 350 000 tonnes par an est surtout lié à la production de vapeur pour le réseau de chauffage urbain, et nous regrettons que ce choix n’ait pas été abordé de façon plus approfondie.
Quoiqu’il en soit, il n’est pas question pour nous de revenir sur cette phase de la concertation mais il nous semble nécessaire de tenir enfin le Forum public de restitution des ateliers qui a dû être annulé en décembre dernier en raison des conditions climatiques.

Il nous semble également nécessaire d’établir un calendrier précis pour la deuxième phase de concertation, normalement prévue dès la fin de ce mois de mars 2011. Nous comptons sur votre diligence pour faire avancer les choses sur ces deux points et nous exprimons notre confiance dans votre action pour la poursuite de cette concertation.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Garant, à l’assurance de notre considération la meilleure

Françoise Samain
Présidente d’Ada 13

 

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Pierre-Yves GUIHENEUF
Garant de la concertation
Projet de transformation du centre de traitement Ivry-Paris XIII

Le 25 mars 2011.
Mme Françoise Samain
Association ADA 13
5 Avenue de la Soeur Rosalie

75013 Paris

Madame la Présidente,

Je vous remercie de votre courrier en date du 11 mars 2011.
Vous attirez mon attention sur l’importance que vous attachez à la tenue d’un Forum public
de restitution des ateliers et sur la nécessité d’établir un calendrier de la deuxième phase de
concertation.

En ce qui concerne ce forum, je considère comme vous qu’il est nécessaire de mettre en
place une action d’information du grand public présentant les résultats de la concertation et
les avancées du projet. Il me semble cependant que des conditions doivent être réunies pour
cela. Cette réunion doit pouvoir se tenir dans un climat apaisé, ne serait-ce que dans un
objectif de respect du public. Il serait regrettable qu’elle soit considérée comme un moyen de
prolonger des controverses qui n’ont pas pu trouver d’issue lors des précédentes réunions.
De mon point de vue, il ne s’agit pas de nier l’existence de désaccords mais d’en faire un
constat objectif sans utiliser le public comme un arbitre des différends qui subsistent.

J’ai fait état, dans le rapport d’étape que je transmets ce jour à M. Fournet pour communication aux partenaires de la concertation, de la nécessité d’organiser – avec
suffisamment d’anticipation – cette information du public. Je souhaite que ses modalités soient préalablement discutées dans le cadre du Groupe de coordination en charge de la préparation des réunions de la concertation. Si nous parvenons à un consensus à ce niveau, ce que je crois possible, il n’y a aucune raison pour que cette réunion publique ne puisse pas se tenir.

En ce qui concerne le calendrier des réunions de la deuxième phase, j’estime comme vous qu’il y a urgence à les préparer. La première pourrait être organisée fin avril et j’ai demandé une réunion rapide du groupe de coordination pour en fixer les modalités. Pour le moment, et
du fait des tensions qui sont apparues entre certains partenaires de la concertation, le
Syctom n’a pas confirmé sa participation à cette réunion préparatoire. J’ai donc fait état de
ma demande à ce sujet au Comité syndical du Syctom, qui doit se réunir à la fin de ce mois.
En vous remerciant de l’attachement que vous portez à cette concertation et de l’attitude constructive que vous manifestez, je vous prie de croire, Madame la Présidente, en l’assurance de ma considération la meilleure.

Pierre-Yves GUIHENEUF

Vers une mobilité durable, une mobilité désirable dans le 13e

Le projet Ecomobilité Paris-Rive gauche (http://ecocitoyen-parisrivegauche.org), développé depuis deux ans, s’appuie sur un tel modèle de « bonne mobilité ». Son objectif est de promouvoir un type de circulation qui recouse ce quartier neuf avec ses voisins de l’ancien 13e, eux-mêmes en pleine mutation ; mais aussi de changer les pratiques et les comportements pour mieux et moins se déplacer. L’idée est de passer d’une mobilité contrainte à une mobilité « désirable ».

La démarche menée, allant du diagnostic à l’action, avait plusieurs finalités :
– Opérer une approche globale de la question, en articulant les différents niveaux institutionnels d’intervention dans une logique d’ensemble intégrant l’existant : infrastructures, aménagement, fonctionnement, offre de services
– Assurer un accompagnement professionnel de cette sensibilisation, en développant les systèmes d’information sur les déplacements et les formations ou animations pour encourager aux changements individuels et collectifs
– Mutualiser et coordonner les actions (covoiturage, installation de » cartes d’accessibilité »…)
– Favoriser les alternatives aux déplacements physiques en développant pour l’usager un rapprochement des services locaux, en donnant une meilleure visibilité de ce qu’ils offrent ; ou en promouvant le travail à distance.
L’opération a consisté à recenser les tendances lourdes, à dresser un état des lieux par des entretiens au niveau des entreprises ou des usagers et à organiser trois séminaires de créativité qui regroupaient acteurs locaux et experts (télétravail, mobilité durable, bouquet de services).
Les enseignements de cette étude ont abouti à trois projets :

– Rédaction de 12 fiches action consignant les axes à développer pour améliorer la mobilité
– Création d’une maison de la mobilité du 13e pour former et accompagner les usagers dans ces nouvelles pratiques
– Constitution d’un « GIP écocitoyen Paris-Ile-de-France » développant les synergies entre les acteurs locaux

En parallèle a été initié dans le 13e un dispositif destiné aux entreprises, le PDIE (Plan de déplacement interentreprises). L’originalité de ce projet par rapport à ce qui se fait ailleurs consiste à mener cette expérimentation dans un territoire relativement vaste (à l’échelle d’un arrondissement), où le réseau de transports publics est satisfaisant et qui s‘insère dans une Région où le maillage territorial est plutôt dense.

Tout part de PRG, où il existe un fort potentiel économique, culturel et social mais où les entreprises étaient peu sensibilisées jusqu’ici à ces problématiques. Cette démarche s’ancre dans une forte dynamique locale de concertation, que ce soit au niveau de l’aménagement de la ZAC qu’à celui du travail mené par Ecocitoyens. Des outils de dialogue ont été mis en place : entretiens, enquêtes, séminaires thématiques, ateliers de travail, rencontres entre entreprises et responsables municipaux. Tout cela a permis une acculturation très utile avant de passer à l’action.L’expérience pilote, ici développée, pourra servir de modèle à des démarches de même type entreprises pour promouvoir la mobilité.

Cette réflexion, prolongée par l’action, va dans le sens de ce que nous souhaitons à ADA 13 :une incitation à mieux et moins bouger se traduisant par des mesures concrètes, une implication des responsables politiques, institutionnels et au niveau de l’entreprise, une sensibilisation des usagers qu’ils soient habitants, salariés, étudiants ou visiteurs. Le fait d’associer ceux-ci au processus, en les consultant, les informant et les formant, semble être un gage de réussite.

Projet pour l’usine d’Ivry : les chiffres

Les scénarios du SYCTOM pour l’usine d’Ivry

TMB : Tri mécano-biologique
OMR : Ordures ménagères résiduelles issues de la collecte sélective des ordures brutes
CS : Collecte séparative des biodéchets

FCR : Fraction combustible résiduelle, issue du TMB, et destinée à l’incinération

Volume global d’OMR = méthanisation + incinération + valorisation + rejet

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Mode de traitement :
– Actuellement en 2011, incinération des OMR
– A l’avenir (2023 et 2050) tri mécano-biologique (TMB) des OMR, orientées ensuite entre quatre filières :
– Recyclage (métaux, bouteilles plastiques…)
– Méthanisation de la fraction fermentescible (production de compost, biogaz…)
– Incinération de la fraction combustible résiduelle ou FCR (production de mâchefers, vapeur, électricité)
– Refus (stockage)

Volume global d’OMR à traiter à Ivry :
– Actuellement 570 000 t
– Projet du Débat Public pour 2023 : 490 000 t
– Prévisions de la concertation pour 2023 : deux scénarios sont proposés
– Dans le scénario 1 : 485 000 t (soit 460 000 t d’OMR + 25 000 t issues de la CS de biodéchets)
– Dans le scénario 2 : 482 000 t (soit 442 000 t d’OMR + 40 000 t OMR issues de la CS de biodéchets)
– Projection à 2050 : 365 000 t (soit 305 000 t d’OMR + 60 000 t issues de la CS de biodéchets)

Volume soumis au TMB :
– Projet du Débat public : 490 000 t
– Scénario 1 de la concertation : 485 000 t
– Scénario 2 de la concertation : 365 000 t
– Projection à 2050 : 365 000 t

Volume soumis à l’incinération :
– Projet du Débat public : 350 000 t (soit 240 000 t de FCR locales + 110 000 t de FCR «extérieures» )
– Scénario 1 de la concertation : 346 000 t (soit 240 000 t de FCR locales + 106 000 t de FCR «extérieures»)
– Scénario 2 de la concertation : 350 000 t (soit 139 000 t de FCR locales + 117 000 t d’OMR locales + 94 000 t de FCR et d’OMR «extérieures»)
– Projection à 2050 : 229 000 t soit 154 000 t de FCR locales + 75 000 t de FCR «extérieures»

Volume soumis à méthanisation
– Projet du Débat public : 180 000 t
– Scénario 1 de la concertation : 180 000 t (soit 175 000 t issues du TMB + 5 000 t de biodéchets)
– Scénario 2 de la concertation : 173 000 t (soit 165 000 t de TMB + 8 000 t de biodéchets)
– Projection à 2050 : 165 000 t (soit 150 000 t de TMB + 15 000 t (biodéchets)

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Les conclusions :
→ Face à ces remises en cause, le SYCTOM a approfondi ses hypothèses et envisagé de nombreuses variantes par rapport au projet présenté au Débat Public. Mais une donnée n’a pas changé : c’est la quantité maximale d’OMR à incinérer qui est de 350 000 t à travers tous les scénarios prévus. Cela correspond sans doute à une recherche de valorisation énergétique des OMR pour alimenter en vapeur le chauffage urbain. C’est une des fonctions de l’usine d’Ivry qu’il ne voudrait pas abandonner.

Il souhaite un équilibre global dans le cadre de l’ensemble des communes qui relèvent du SYCTOM, équilibre qui doit tenir compte des évolutions en cours: recentrage de l’usine de Blanc-Mesnil sur la méthanisation des biodéchets issus d’une collecte séparative. Ses objectifs de base sont de supprimer tout recours à la mise en décharge des OMR et d’éviter l’utilisation des capacités d’incinération extérieures.

Je revendique le droit au banc !

Ils disparaissent progressivement, subrepticement, ces bancs qui nous accueillent au coin de chez nous ou nous permettent de nous arrêter un moment pour prendre le soleil, bavarder, lire ou simplement vivre la ville. On s’y repose, on s’y isole ou, au contraire, on y échange sous le regard de tous, mais finalement dans une certaine intimité.

Renseignement pris, il ne s’agit pas d’un vol opéré par quelque collectionneur de bancs mais d’une volonté délibérée d’enlever toute occasion de désordre perturbant les riverains qui se plaignent de nuisances. Cela veut-il dire que l’on ne sait plus cohabiter ? A la campagne, on assourdit les cloches, on fait disparaître les coqs, on met les chiens à l’index. Seuls restent les bruits de la vie courante et les voix, souvent perçantes, qui parfois vous réveillent intempestivement dès potron minet. A Paris, ce sont plutôt les SDF qui dérangent ceux qui ont la chance d’avoir un toit. On veut une ville lisse, aseptisée, bien pensante. Ce débat rappelle celui sur les terrasses de café. On en veut bien mais surtout pas près de chez soi.

Or les bancs jouent un rôle de service public en favorisant la convivialité, en permettant de faire une pause pour se reposer, se distraire, se recentrer, communiquer. Il est la Providence pour ceux qui ont du mal à se déplacer, pour les ados, pour les mères de famille, pour les amis et les amoureux, pour les contemplatifs. Sans oublier les SDF, qui pour ne pas être forcément des contribuables et des électeurs, n’en sont pas moins des usagers de la ville.

Cette disparition programmée qui fait bien des mécontents est-elle inéluctable ? N’est-elle pas contradictoire avec la politique d’encouragement aux circulations douces qui préconise d’aménager des lieux de pause, et entre autres des bancs, pour accueillir les marcheurs ?

Il est à craindre que les bancs publics fassent partie des vestiges d’une époque révolue et que nos enfants en ignorent tout. Pour eux, un banc, ce sera uniquement ce « machin » qu’on trouve dans les parcs et jardins protégés par des grilles.

Brigitte Einhorn

L’avenir de l’usine Syctom de traitement des déchets d’Ivry : on se concerte !

Une première phase de concertation vient de se terminer à propos de la reconstruction par le Syctom de son usine d’Ivry, prévue pour 2023. Le projet prévoit un mode de traitement diversifié et hiérarchisé, en privilégiant la méthanisation puis l’incinération pour valoriser au maximum les déchets en les transformant en « produits » : gaz, vapeur, compost, recyclage… Le projet a évolué, en prenant en compte les observations liées au contexte (nouvelle réglementation, progrès techniques) et tirées du débat public de l’année dernière : on encourage le traitement des biodéchets, que ce soit par le biais du compostage domestique ou par l’encouragement donné aux communes à mettre en place des collectes séparatives (bacs dédiés aux biodéchets) ; l’apport extérieur d’ordures doit être réduit en ce qui concerne les ordures ménagères provenant du Nord-Est de Paris (Romainville, Blanc-Mesnil), hors du bassin versant ; la nouvelle usine à construire doit pouvoir être équipée afin de s’adapter aux fluctuations des quantités d’ordures à traiter;

La tendance générale est à une importante réduction du volume global d’ordures à traiter (490 000 tonnes en 2023 au lieu des 570 000 actuelles) en fonction des prescriptions édictées au niveau européen, national (Grenelle) et régional, incitant notamment les entreprises et les particuliers à renforcer la prévention. Le chiffre prévu à cette date pour l’incinération est fixe : 350 000 tonnes par an qui doivent alimenter en vapeur la CPCU afin de produire du chauffage urbain. Par contre, la méthanisation fait l’objet de deux scénarios. Dans les deux cas la méthanisation traite de déchets triés mécaniquement à Ivry mais aussi d’une part de biodéchets issus des collectes séparatives. Mais, dans le deuxième scénario, cette part de biodéchets est beaucoup plus importante (8 000 t au lieu de 5 000 t) et la capacité de tri mécano-biologique (TMB) de l’usine est réduite. On privilégie en ce cas le tri à la source des biodéchets qui assure une qualité du compost mieux garantie que celle issue du TMB.

La concertation a donné lieu à des débats portant notamment sur l’insertion d’une telle usine dans une zone en cours d’aménagement urbain qui prévoit un fort accroissement de population à Masséna-Bruneseau et à Ivry : mais aussi sur l’opportunité de construire une nouvelle usine d’incinération alors que les nouvelles réglementations supposent une forte restriction de cette technique au profit des autres modes de traitement.

On ne peut qu’être d’accord avec l’objectif du Syctom de ne plus recourir à la mise en décharge d’ordures ménagères pour l’ensemble de son territoire mais la technique envisagée, le tri mécano-biologique ou TMB et la méthanisation, n’ont pas encore vraiment fait leurs preuves en milieu urbain et en ce qui concerne la qualité du compost obtenu. Quant à la réduction du volume total d’ordures à traiter, elle ne dépend pas d’abord du Syctom mais elle dépend surtout de la capacité de ses partenaires à mettre en place des collectes sélectives et des nouvelles réglementations à venir concernant la responsabilité étendue des producteurs. Elle dépend surtout de la coopération des usagers pour un tri efficace à la source. Devant cesincertitudes, le maintien à Ivry d’une capacité d’incinération importante, quoique nettement moindre que l’actuelle, peut paraître prudente mais semble surtout liée à la production de vapeur pour le réseau de chauffage urbain.

Claude Gallaire, Brigitte Einhorn (représentants d’ADA 13 à cette concertation)

Que faire des « aires de rien » ?

Le conseil de quartier n° 8, dans le cadre d’une étude participative sur les « aires de rien », identifie les lieux délaissés, inoccupés, sur la base de l’expérience des habitants qui font valoir leur connaissance du terrain. Un groupe de travail s’est constitué pour identifier ces surfaces vides, évaluer leur potentiel, leur suggérer des destinations. Cette démarche innovatrice pourrait s’étendre aux quartiers voisins, voire même plus largement à l’agglomération parisienne.

Un premier repérage permet de distinguer des espaces libres par destination (placettes, angles de rue…) qui ont leur utilité et les espaces « inutiles », inoccupés ou abandonnés (friches industrielles, terrains vagues, chantiers…). Ces derniers, souvent ressentis comme « moches » et sales, peuvent être mis en valeur avec un aménagement artistique (projets des architectes paysagers par exemple), une reconversion de fonction (commerces, loisirs, équipements sanitaires, centre de compostage…). Certains lieux vides viennent spontanément à l’esprit : esplanade de la BnF, Halle Freyssinet, espaces sous le métro aérien… D’autres plus discrets sont à repérer. Le groupe de travail s’y emploie avec l’aide d’outils performants : photos, videos, cartes (Gogle map, 4D), liste et description des rues du CQ 8. Cette reconnaissance des lieux s’accompagne d’une recherche sur leur passé, leur environnement, leurs liens avec le quartier. Ce sont pour le moment des outils destinés au groupe de travail pour éclairer leur connaissance et leur réflexion mais l’idée est à terme d’en assurer la diffusion pour informer le public. Celui-ci a pour le moment la possibilité de faire des signalements ou des suggestions, d’envoyer des photos par le biais de l’adresse airesderien@gmail.com. Des réunions publiques sont organisées pour faire connaître l’expérience et faire venir les personnes intéressées dans le groupe de travail (contact possible à l’adresse ci-dessus). Pour le moment, on en est à la phase d’inventaire. Toute proposition est recevable, il n’y a pas de lieu « sacré ». Rien n’est encore défini pour la mise en œuvre de ce projet dont la construction doit se faire au fur et à mesure.

Le maire du 13e est séduit par cette idée et trouve très intelligente l’appellation « aires de rien » mails il juge nécessaire de ne pas en rester à l’idée : il faut aller au-delà, avec la coopération de ses services. Il y a des questions juridiques de statut (terrains relevant de la RATP, des Ports de Paris) et des contraintes techniques. Il faut tenir compte de l’expérience et des études antérieures portant sur l’utilisation de ces emplacements.

C’est un rappel utile de la nécessité de confronter ses rêves à leur faisabilité. Valoriser les lieux oubliés de notre arrondissement est sûrement une belle idée mais il faudra trouver le consensus sur leur localisation et leur réemploi. Sans oublier que donner de la vie et de l’utilité ne doit pas tourner à l’horreur du vide. Quelques respirations sont nécessaires à celui qui aime flâner, s’isoler, faire de la musique, taguer, faire du roller… À tous ceux qui aiment les trous dans la ville !

Brigitte Einhorn

Une expérience à tenter : le compostage en pied d’immeuble

Progressivement, nous prenons conscience du fait que nous produisons trop de déchets et qu’il va falloir les maîtriser. De toutes façons, nous y serons contraints dans le cadre des prescriptions du Conseil régional (Plan de réduction des déchets ménagers et assimilés) ou de l’État (Grenelle de l’environnement). La loi de juillet 2009 prévoit la diminution des déchets des poubelles vertes et la valorisation des déchets organiques. Mais dès à présent nous sommes encouragés à changer nos pratiques : consommer mieux, trier davantage, jeter moins, recycler, valoriser. C’est ainsi que les biodéchets (restes de cuisine, plantes et fleurs) peuvent être facilement transformés en compost pour enrichir espaces verts et plantes domestiques. La transformation des biodéchets en compost peut être faite par des particuliers ou bien collectivement (au niveau de l’immeuble ou du quartier).

La Ville de Paris, dans le cadre de son Plan de prévention, expérimente actuellement le compostage en pied d’immeuble sur quelques sites qui se sont portés volontaires (dont 2 dans le 13e) et sont prêts à en utiliser sur place le
compost produit.

Toutes les candidatures sont recevables, moyennant quelques conditions :
– L’immeuble doit disposer d’un espace vert pour l’utilisation sur place du compost et d’un espace où installer des composteurs qui doivent être en contact direct avec la terre.
– Il faut l’accord des copropriétaires ou gestionnaires de l’immeuble et aussi un nombre suffisant de foyers motivés qui s’engagent dans la démarche, en respectant les règles posées (rigueur du tri notamment).
Un référent volontaire doit vérifier sur place le bon fonctionnement du compostage.

Dans les immeubles retenus pour cette expérience qui débute, la mise en place se fait avec l’aide d’un professionnel : réunions d’information, remise de bio-seaux aux habitants concernés, installation de composteurs, bacs destinés au dépôt et à la maturation des bio déchets, avec un mélangeur pour aérer régulièrement le compost. L’accompagnateur fera le suivi du bon fonctionnement du processus et s’assurera de la qualité du compost produit.

Notre arrondissement participe à cette démarche expérimentale, porteuse d’avenir, qui devrait à terme être généralisée. Les volontaires contribuent ainsi à l’objectif souhaitable de réduction et valorisation des déchets ménagers. Ils bénéficient en retour de cette « bonne pratique » : amendement de leurs jardins communs et de leurs propres plantes, innovation et engagement « responsable », mise en relation avec leurs voisins.
A suivre…

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Les cinquante ans de l’ADELS

L’histoire d’ADA 13 s’inscrit dans un mouvement qui a marqué plus de 50 ans de notre vie politique. En 1959, était créée l’Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (ADELS), dont le sigle renvoie à des idées forces que nous partageons: démocratie, éducation d’un citoyen « nouveau », à la fois sociale et locale (prise des décisions au plus près du terrain).

Ce thème maintenant reconnu de la « démocratie locale », puis « participative », a suscité réflexions et institutions, comme les commissions extra-municipales, et plus récemment les Conseils de Quartiers, qui font entendre la voix des citoyens responsables, au-delà des seules élections. C’est pour eux l’occasion de préparer les projets, d’en éclairer enjeux et décisions et d’être associés à leur mise en œuvre.

Cette démarche innovante, fondée sur le consensus, a bousculé la culture de l’autorité dans notre pays, longtemps gouverné par une élite d’initiés. Des procédures comme la concertation, ont pris vie dans cette période.

Période, rappelons-nous, qui a été marquée par l’intervention d’instruments publics accompagnant la reconstruction du pays et notamment la Caisse des Dépôts et Consignations et ses filiales :
– la SCIC ou Société (de la CDC) pour l’Immobilier et la Construction (les logements),
– la SCET ou Société Centrale pour l’Equipement du Territoire: en charge des grandes infrastructures publiques (voirie et réseaux…,
– la SEDES ou Société d’Etudes pour le Développement Economique et Social : responsable des études préalables à l’aménagement dans les champs démographiques, économiques, et sociaux; pour faire prendre en compte les priorités publiques de l’époque, en réponse aux demandes réelles de la population (catégories socio-professionnelles, niveau des revenus, composition familiale, emploi…)
Ces structures ont favorisé échanges et réflexions sur les enjeux et les nouvelles pratiques. L’ADELS, comme ADA 13, sont nées sur ce terreau fertile.

Ce courant de pensée a été animé par des personnalités atypiques du paysage politique, et notamment Michel Rocard, président de l’ADELS de 1963 à 1966, futur Premier Ministre de François Mitterrand. ADA13, s’inscrit dès sa création dans ces orientations en faveur de la décentralisation. Le citoyen y affirme sa présence et sa responsabilité ; il fait entendre sa parole. C’est en relayant ce message toujours actuel, qu’Agnès Planchais créait en 1964, l’ADA13. Chacun de ses membres continue d’y apporter une contribution plus que jamais nécessaire.
Les débats en cours sur la gouvernance du Grand Paris devraient en apporter prochainement le témoignage.

Edgar Boutilié

Le cinéma Rodin, avenue des Gobelins (Paris 13)

Il faut plutôt parler d’ex-cinéma Rodin, pour cet ancien music-hall devenu cinéma en 1934 et fermé en 2003. Il n’en reste que la façade aux décors sculptés par Auguste Rodin en 1869, inscrite à l’inventaire des Monuments historiques. Les deux grandes figures qui surmontent la loggia représentant le drame (l’homme) et la comédie (la femme) sont devenues emblématique de l’avenue des Gobelins.

Depuis cet été 2010, les pelleteuses s’activent : travaux de démolition, renforcement des fondations à cause de la présence de carrières en sous-sol. Puis encore deux ans de travaux pour voir apparaître un bâtiment de 2 200 m2 et cinq étages, en forme de bulle, et dont la base et le sommet seront transparent.

Renzo Piano qui en est l’architecte, avec Thorsten Sahlmann, est celui qui fit le Centre Pompidou. Il est en train de réaliser, entre autre, dans le 19è pour 2013, le multiplexe UGC du nouveau quartier Claude Bernard aménagé sur d’ anciennes friches industrielles.

L’ancien cinéma Rodin céde la place à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et être un centre de documentation et de consultation, lieux d’expositions et de bureaux sur l’histoire du cinémaparticulièrement alimentée avec les archives accumulées depuis 1896 par Pathé. Une mine d’or pour le public et les chercheurs amoureux du Septième art, ainsi que pour les activités au sein du 13è arond. de Paris.

Attendons 2012.

Martine Rigoir

Rencontres de la Vie associative et Citoyenne à Paris des 13, 15, 16 et 16 octobre 2010.

Ces quatre journées qui remplaçaient les réunions d’automne des années précédentes consistant plutôt dans des présences associatives comprenaient trois types de réunions :

Des conférences, des ateliers débats et des réunions publiques.
Un peu perturbées par l’actualité et peut-être pas bien relayées dans la diffusion de l’information, ou encore d’apparence rébarbative, ces journées n’ont sans doute pas réuni autant que souhaité, l’assistance maximum dépassant à peine les 100 personnes. En outre le chevauchement des ateliers a peut-être aussi compliqué la tâche des présents. Mais des débats se sont engagés lorsqu’il y avait un peu de monde et que le sujet était ouvert.

Ce fut le cas de l’atelier sur l’Université Populaire de la Citoyenneté Active imaginée dans le but de former
– les parisiens au fonctionnement de la ville et à ses institutions, à l’usage du web 2.0 et aux nouveaux outils citoyens ou bien à la compréhension de la charte de la participation et à l’évaluation de leur action
– et les élus et les personnels de la Ville au travail en commun avec les instances participatives ;
Le débat a permis à la fois de retrouver des expériences antérieures (Université de Vincennes en 1968, notre projet d’Université de quartier du début des années 80…..) et de donner des éléments pour progresser.

A noter aussi l’essai de la première conférence annuelle des fédérations associatives parisiennes regroupant plus largement les associations et les groupes s’étant donné pour objectif de travailler sur le territoire de la Villede Paris. Un travail tant de recherche plus complète des membres possibles que de méthodes de travail sera engagé dans les mois qui viennent.

Un compte rendu détaillé de toutes les réunions de ces journées sera fait et des groupes de travail doivent se former pour réfléchir à ce qui peut être fait pour en rendre compte aux Journées du printemps prévues le 2 avril 2011.

Jacques Remond

Le contribuable parisien a bon dos !

Sauvons le Grand Ecran !

« Des magasins il y en a plein, le Grand Écran on en n’a qu’un ! »

Dans l’article paru dans Le Parisien le 14 octobre (« Ils rêvent d’un nouvel avenir pour le Grand Ecran Italie »), une fois de plus les arguments du maire du 13ème pour justifier la fermeture du complexe audiovisuel en janvier 2006 ne tiennent pas (voir : RÉPONSE AUX ARGUMENTS DE LA MAIRIE). En effet, si la fréquentation a baissé de 12% en 2005, la baisse se situait en-dessous de la moyenne nationale. Et malgré la concurrence féroce des multiplexes, cette salle emblématique se maintenait dans le peloton de tête des meilleures fréquentations de la capitale, et venait même de battre de nouveaux records d’affluence (voir « Le Grand Écran Italie en chiffres »).

Quant à savoir si « les habitants ne verraient pas forcément d’un bon oeil qu’on dépense des millions pour projeter des films commerciaux », de quel oeil les parisiens doivent-ils considérer l’abandon par EuroPalaces (Pathé-Gaumont) des obligations de la convention signée avec la Ville de Paris, qui prévoyait d’y programmer bien autre chose que des « films commerciaux » (voir le cahier des charges dont s’inspire notre grand projet multiculturel pour la renaissance de la salle) ? Et a-t-on demandé l’avis des citoyens sur les sommes pharaoniques dépensées sur les deniers publics pour l’aménagement du Cent quatre* dans le 19ème (un investissement de plus de 130 millions d’euros, 8 millions d’euros annuels de subventions de la Ville de Paris) ? De même la réhabilitation et l’isolation phonique du Louxor* dans le 18ème (pour un coût de 30 millions d’euros) justifie-t-il de laisser à l’abandon un équipement de l’envergure du Grand Ecran** doté, lui, d’une parfaite isolation et accessibilité ?

Contrairement aux propos du maire, il ne s’agissait donc pas pour la Ville de « se substituer au privé » mais de faire respecter la convention qui garantissait l’exploitation culturelle du lieu, à l’instar de celle que le même exploitant vient de signer avec la société d’aménagement et d’économie mixte Val de Seine pour la construction d’un multiplexe sur l’île Seguin***. Par ailleurs la séparation argent public/privé n’est pas aussi catégorique que les élus du 13ème veulent bien le faire croire. Et le Grand Écran, présenté à sa construction comme grand chantier de l’état et réalisation de la municipalité, n’a-t-il pas bénéficié d’un financement public sous la forme d’un prix préférentiel accordé sur le terrain, en contrepartie d’un certain nombre d’obligations jetées aux orties ? (Et d’ailleurs le maire de Paris ne projette-t-il pas de confier l’exploitation cinématographique du Louxor à un partenaire privé dans le cadre d’une délégation de service public **** ?)

Les chiffres démontrent que malgré une piètre programmation le Grand Écran – déclaré « d’intérêt général » par le Conseil de Paris – continuait à attirer des milliers de spectateurs de toute l’Ile-de-France et au-delà. A l’heure où les cinémas se mettent à la retransmission de grands évènements culturels et sportifs***** pour laquelle cette salle décidément en avance sur son temps a été spécialement conçue, c’est à juste titre qu’on peut « rêver d’un nouvel avenir pour le Grand Écran Italie »… et s’interroger sur l’étrange obstination des pouvoirs publics à écarter d’emblée toute recherche de solution culturelle alternative, revenant à cautionner le fait de faire financer par le contribuable parisien un profit immobilier pour Gaumont !
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* Voir : « Brèves de salles »
** dont le prix de vente indiqué dans la promesse de vente se monte à 7 millions d’euros
*** apparemment sans que les habitants n’aient été davantage consultés (voir les réactions à cet article)
**** « rechercher des financements, notamment privés » fait également partie des attributions du directeur du « 104 » (réalisation publique) : voir ce blog de Mediapart.
***** voir « Le retour en grâce des salles uniques ? » et « Le Grand Ecran ferait une salle IMAX de premier choix »