Mundo-Montreuil pour l’innovation sociale… et immobilière/financière !

Le Mundo-Montreuil

Le Mundo-Montreuil

L’originalité du nouvel immeuble de l’avenue Pasteur ? 1850 m² de bureaux spécialement destinés aux acteurs de l’Économie sociale et solidaire et du progrès social. Les associations, coopératives, entreprises y trouvent des emplacements à loyer modéré mais aussi des services mutualisés (imprimantes…) et surtout des espaces communs : salles de réunions, espaces de travail collectifs, tisaneries pour la pause. Autant de lieux où tous les occupants peuvent se croiser, échanger, découvrir de nouveaux projets.

Ainsi le « Mundo-Montreuil » se présente comme un immeuble entier de locaux d’associations, aux moyens de prix de location réduits ! La situation peut surprendre, surtout lorsque l’on est habitué aux opérations d’immobilier commercial, financées sur la base de loyers grimpant en flèche, portés par la spéculation. Dès lors, qu’est-ce qui a permis le montage d’un projet si particulier ? Une part de réponse peut être trouvée dans un modèle alternatif proposé par l’entreprise « étic, foncièrement responsable ». Il s’agit de la branche française d’une initiative anglaise « Ethical property » qui depuis 30 ans poursuit un double objectif :

  • D’une part, proposer aux investisseurs des produits d’investissement en immobilier, respectant leurs valeurs de respect de l’environnement, d’innovation sociale et de solidarité.
  • D’autre part, les bâtiments ainsi financés et construits répondent aux difficultés que rencontrent les associations engagées dans ces mêmes causes pour trouver des locaux à loyer modéré tout en maintenant des conditions de travail agréables.

En France, étic a impulsé et suivi plusieurs projets immobiliers. Chacun présente un montage propre, porteur de diverses solutions permettant d’offrir des loyers modérés. L’opération du Mundo-Montreuil est particulièrement intéressante car pour la première fois, étic est intervenue à toutes les étapes du projet. Tout d’abord, le financement du projet a rassemblé, dans une SCI créée pour l’occasion, étic (et ses 45 actionnaires) ainsi que C’développement et la Caisse des Dépôts et Consignations. La particularité des actionnaires d’étic ? Ils sont prêts à accepter une rentabilité limitée de leurs actions pour voir leur capital investi dans une opération « éthique ». Ces différentes sources de financement offrent l’effet levier nécessaire pour obtenir un prêt bancaire.

Le projet du Mundo-Montreuil a également bénéficié de l’aide de la ville de Montreuil qui a cédé le terrain à un prix réduit. Néanmoins, une telle situation n’est pas systématique et ne constitue pas une condition pour le montage des projets d’étic.

Après avoir suivi les travaux de construction et de rénovation, étic prend en charge l’exploitation de l’immeuble. Il s’agit de gérer au quotidien les services utiles au bon fonctionnement des associations, coopératives et entreprises. Dans un objectif de maîtrise des coûts, ces services ont fait l’objet d’un arbitrage pour se concentrer sur les besoins essentiels des locataires.

étic se charge également de trouver les futurs occupants du Mundo-Montreuil. Leur principal souci est de dénicher des acteurs qui partagent le même esprit et avec qui la cohabitation se déroulera sans heurt. Comme toute opération immobilière, l’équilibre économique du Mundo repose essentiellement sur l’occupation de l’intégralité des locaux.

Ainsi, le Mundo-Montreuil a été l’occasion pour l’entreprise étic de montrer de multiples innovations dans le montage et la gestion du projet visant à offrir une alternative à la spéculation immobilière. Il sera intéressant d’observer l’évolution à terme d’étic ainsi que de la ruche bourdonnante d’activité que doit devenir le Mundo.

Si vous voulez participer à cette aventure, il reste encore des emplacements libres au Mundo-Montreuil.
Pour plus d’information, contacter : Clémence Latournerie, étic, responsable Ȋle-de-France, 01 80 89 47 70 – Site internet

Hélène Richard

Opération Italie XIII
L’apprentissage de l’urbanisme concerté

Panneau d’exposition | Opération Italie XIII. L’apprentissage de l’urbanisme concerté

Photographies :
La maquette originelle du projet Italie, 1966 – Coll. Pavillon de l’Arsenal
La skyline après l’opération Italie XIII. Au premier plan, la tour Super-Italie.
Gustave Deghilage – Paris de ma fenêtre – 15 février 2011


L’histoire d’Ada 13 prend ses racines dans le treizième des années 60, une période de profondes mutations de la société, et sur un territoire qui va être bouleversé par l’ambitieuse opération d’urbanisme Italie XIII. Approuvée en 1966, Italie XIII sera une opération privée et sans expropriation, réalisée sous contrôle public.
Le non-respect par les promoteurs de leurs engagements concernant l’acquisition du foncier et le relogement, le retard dans l’implantation des équipements et la concertation limitée, au début, à l’enquête publique, inciteront les associations à investir le débat.
Au total, sur 15 ans et sur une superficie de 70 hectares, on construira beaucoup plus que prévu : 19 000 logements au lieu de 14 000, on quadruplera la surface de bureaux et de commerces.
Les fondateurs de l’association, Paul-Henri Chombart de Lauwe et Renaud Sainsaulieu, considérés comme les précurseurs de l’école française de sociologie urbaine, ainsi que Jacques Remond et Agnès Planchais, prendront une part essentielle dans le débat public provoqué par l’opération, contribuant ainsi, à impliquer la population dans les projets d’aménagement urbain, à poser les bases de la concertation moderne.


L’action d’Ada 13 relayée dans la presse

La rénovation du secteur Italie : une association d’habitants réclame des garanties plus précises

À la suite de la mise à l’enquête publique du plan d’urbanisme du secteur de rénovation Italie (Le Monde du 31 octobre), l’Association pour le développement et l’aménagement du treizième arrondissement (Ada 13) adresse plusieurs critiques au plan élaboré et réclame des garanties plus précises, notamment pour les équipements collectifs et le rôle respectif que devront jouer l’administration et la Fédération regroupant les différents propriétaires.
Au sujet de l’axe routier nord-sud, qui doit, selon le plan, emprunter l’actuelle avenue d’Italie, l’Ada 13 fait remarquer que le principe même de cette voie routière à grand débit n’a pas été définitivement adopté par le Conseil de Paris, et que dans le cas contraire elle entraînerait « une coupure du quartier qui compromettrait gravement une renaissance de la vie locale ».
Le plan proposé, tel qu’il résulte de la maquette exposée, repose sur une conception d’urbanisme « complètement périmée », déclare l’Association ; « des tours, isolées les unes des autres par de grands espaces sont le plus sûr obstacle à une vie urbaine harmonieuse fondée sur de nombreuses relations ».
Il apparaît, ajoute-t-elle, que la concertation prônée par l’administration est pour le moment limitée aux propriétaires et aux promoteurs. Les habitants devraient pouvoir, selon des modalités à définir, participer directement au contrôle de l’opération.

Le Monde, 20 novembre 1968


L’action d’Ada 13 dans les faits

Zéro expro ! La promesse sera tenue, mais les conditions dans lesquelles seront négociés les achats de terrains, en particulier avec les associations foncières urbaines, seront contestables.
Ada 13 interviendra. Elle tiendra une permanence pour conseiller les habitants avec pour mot d’ordre « Ne signez rien ! »
Personne à la rue ! Les relogements allaient de soi, sauf que le volet social avait tendance à oublier les très faibles revenus des personnes âgées…
Où sont les équipements ? Les promoteurs verseront à la ville une taxe d’équipement. Mais il y aura un décalage entre l’arrivée des habitants et la réalisation des équipements.
Un projet urbain contesté ! La polémique se cristallisera autour de la tour Apogée dont l’idée sera abandonnée comme beaucoup d’autres. Le treizième se signale par sa skyline, mais quelques urbanistes des sixties rêvaient de faire deux fois plus de tours !


Le panneau d’exposition Opération Italie XIII. L’apprentissage de l’urbanisme concerté est disponible au téléchargement au format PDF.


Au sommaire de l’exposition “Une histoire parisienne de la démocratie participative…


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