Communiqué de presse du conseil d’administration de l’association gestionnaire de la dalle des Olympiades, ASL Olympiades, Paris XIIIᵉ

Petite ville de 10 000 habitants et de 3000 logements, équitablement répartis entre le parc privé et le parc social, la dalle des Olympiades est une copropriété privée, contrairement aux dalles publiques du Front de Seine et de La Défense. Espace, privé en droit, elle n’en est pas moins un espace public de fait, comme l’illustre l’intense animation qui y règne. Et plus encore, depuis l’ouverture de la Web School Factory, accueillant sur la dalle 2500 étudiants formés au numérique, à quelques encablures de l’incubateur de start-up de Xavier Niel et du quartier Paris Rive gauche. La présence d’équipements publics, de supermarchés et de restaurants, de même que la vitalité du commerce asiatique, participent à la fréquentation intense de la dalle, qui a d’ailleurs le statut de « voie privée ouverte à la circulation publique ».

Les membres du conseil d’administration de l’ASL Olympiades, association gestionnaire du site, plaident en faveur d’une vision de l’avenir du quartier, partagée avec la Ville. C’est le sens du message qu’ils ont dernièrement adressé à la Maire de Paris, à son adjoint à l’urbanisme, au maire d’arrondissement et à tous les élus du XIIIe. Lors du conseil d’arrondissement du 15 Juin, les élus du XIIIe ont repris à leur compte l’une des propositions formulées, à savoir la réalisation d’un audit financier, visant à évaluer le montant des dépenses occasionnées par l’ouverture au public de la dalle. Le vœu d’engager cet audit a été voté à l’unanimité, majorité et opposition confondues. Au-delà de ce soutien décisif et du consensus politique, le danger d’un vœu pieux ne saurait cependant être écarté, la mairie centrale étant, seule, décisionnaire. Reste donc à transformer l’essai lors du conseil de Paris des 29 et 30 Juin, où doit être voté le montant de la subvention allouée pour 2015. La réalisation de cet audit confié à un tiers s’impose, puisque l’ASL Olympiades conteste l’estimation des dépenses publiques de fonctionnement faite par les services de la Ville et l’occultation des dépenses d’investissement. A défaut de se voir étroitement associée à la conduite de l’audit et au choix de l’expert désigné, gage d’indépendance, elle pourrait se trouver contrainte de mener une contre-expertise sous la pression des habitants. Qu’ils soient propriétaires ou locataires du parc privé et du parc de logement social, tous paient en effet deux fois l’impôt, en s’acquittant d’une part, des charges d’entretien de la dalle et d’autre part, des taxes et impôts locaux.

Pour que « la municipalisation de fait », promue par le maire du XIIIe, devienne une réalité, il faudrait que la Ville subventionne l’intégralité des dépenses occasionnées par l’ouverture au public de la dalle. Or la subvention allouée, d’un montant de 472 000 euros en 2014, n’en couvre que le tiers ! En 2007, elle a même été amputée de 220 000 euros, la Ville ne participant plus aux dépenses de sécurité du site en raison de la création d’un dispositif de « correspondants de nuits ». Est-il concevable que la puissance publique, en l’occurrence l’État secondé par la Ville, se défausse de ses prérogatives en matière de sécurité sur les habitants ? Confiée à une société privée, la surveillance du site absorbe à elle seule la quasi-totalité du montant de la subvention municipale ! Aux charges s’ajoute le coût des travaux de maintenance, liés au vieillissement de l’infrastructure de la dalle, après plus de quarante ans d’existence. Ainsi, la réfection des quatorze kilomètres de canalisation en sous-sol se voit elle aussi laissée à la charge des propriétaires de la dalle, malgré le caractère en grande partie public des travaux. La requalification de tout l’espace public de la dalle serait également à envisager, à l’instar des travaux d’envergure menés au Front de Seine. Seule la Ville de Paris, aux côtés de l’État et de la Région, peut porter pareille ambition urbaine. L’excellente desserte des Olympiades par les transports en commun, l’environnement très porteur du quartier et le potentiel constructif du site ne devraient-ils pas l’inciter à miser sur ce quartier d’avenir à l’échelle du Grand Paris ?

Les 40 ans des Olympiades retracés sur France Culture

France Culture a diffusé le 9 juillet 2013, dans l’émission d’Emmanuel Laurentin, « La Fabrique de l’Histoire », un documentaire de Séverine Liatard et Séverine Cassar, intitulé Les Olympiades, un village dans la ville.

Cette émission a été réalisée à l’occasion des 40 ans des Olympiades, ensemble immobilier inclus dans le programme de rénovation du secteur Italie qui prévoyait à l’origine de construire 55 tours d’une centaine de mètres, entre Place d’Italie et Porte d’Italie, à l’emplacement de friches industrielles ou en rasant des îlots d’habitat insalubre. Il n’y aura finalement qu’une trentaine de tours, dont huit aux Olympiades, édifiées entre 1970 et 1976 sur une dalle surplombant l’ancienne gare des Gobelins qui a été reconstruite à cette occasion. Michel Holley était l’architecte en chef chargé de réaménager les terrains ferroviaires déclassés, qui a mis en pratique ses théories urbanistiques : regroupement des tours en bouquets différenciés à l’intérieur de chaque îlot, dessin des panneaux de façade, séparation des fonctions par niveaux. L’opération Olympiades relève de l’initiative de promoteurs et d’investisseurs privés. L’obligation qui leur est faite de reloger sur place les anciens habitants explique la parité entre logement public et privé et donc la réelle mixité sociale qui subsiste encore aujourd’hui. Jusqu’à l’arrêt de l’urbanisme vertical décidé en 1974 par  Giscard d’Estaing, les problèmes liés à ce type de rénovation ont été vivement critiqués, notamment par Ada 13 : appétit des banques et des promoteurs, non-relogement des anciens habitants, retard dans la livraison des équipements.

Actuellement l’entretien de la dalle pose problème. La Ville de Paris a financé des travaux de mise aux normes pour la circulation des personnes à mobilité réduite. Pour pallier au vieillissement de la dalle et pour améliorer la performance énergétique, d’autres travaux sont cependant à prévoir. Ils seront à la charge des copropriétaires : il s’agit d’un espace public de fait mais son statut juridique est celui d’un espace privé de droit. À l’extérieur l’image des Olympiades est plutôt négative, mais les habitants sont souvent attachés à leur dalle qui a des atouts : elle est désormais au cœur d’un important pôle d’activité, bien relayé par le réseau de transports, et il attire une nombreuse population. L’exposition de 2013 au Pavillon de l’Arsenal a contribué à réhabiliter cet ensemble qui occupe une place importante dans le quartier et l’arrondissement (3 000 logements).

Au cours de l’émission, l’histoire des lieux a été retracée grâce aux témoignages de Michel Holley, l’architecte en chef des Olympiades et de son adjoint André Martinat, de Françoise Moiroux, historienne de la ville, spécialiste de l’architecture du XXe siècle, commissaire scientifique de l’exposition sur les Olympiades au Pavillon de l’Arsenal.

Des habitants de la première heure qui aiment leur dalle se sont aussi exprimés. Parmi eux, Alain Joubaire, adhérent d’Ada 13, qui travaille depuis de longues années à la sauvegarde et à la mise en valeur de ce site.